• Drapeaux de l’Islam :

    connaissons-nous réellement les symboles ?

     

    Dans un moment de regain de tensions en France entre populations musulmanes et juives sur fond de crise à Gaza, des photos émergent, présentant le plus souvent des manifestations et des regroupements en soutien avec les Gazaouis.

    Dans ces moments là, des drapeaux arabes surgissent pour venir haranguer la foule et attiser l’élan identitaire si fort chez les populations arabes. Une photo m’a néanmoins surpris. Elle a été prise à Lyon. On y voit un attroupement brandir le drapeau palestinien mais aussi et surtout deux drapeaux arabes : l’un présentant la shahada sur fond vert et l’autre sur fond noir.

    Mais connaissons-nous réellement la signification de ces deux drapeaux que nous autorisons tandis que certains maires ont mis en place des arrêtés préfectoraux durant la coupe du monde interdisant tous drapeaux d’une équipe nationale ?

     

    Le drapeau vert est en effet bien connu des amateurs du  monde arabe car il est le drapeau de l’Arabie Saoudite. Sa signification tranche pourtant à un détail près avec l’autre drapeau. Le détail est bien sûr la couleur de fond. Et quand il s’agit de symbolique et notamment sur des sujets aussi sensibles, les esprits ont tendance à s’embrouiller. Je ne prétends pas simplifier ici la situation mais au moins essayer de résumer les enjeux historiques, politiques et religieux qui s’entrechoquent dans ces symboles.

    La chose est très claire, le drapeau noir sur lequel se plaque la shahada est aujourd’hui un emblème salafiste c'est-à-dire que s’approprient les groupes islamistes extrémistes. Nous en connaissons deux : celui similaire au drapeau de l’Arabie Saoudite et celui qui, actuellement, se trouve sur toutes les photos en provenance de Syrie ou d’Irak. Les inscriptions qui semblent manuelles sont plaquées en blanc et tranchent avec le noir très fort du drapeau. Au centre se trouve un cercle ovoïde malhabilement tracé qui contient trois inscriptions : Allâh, Rasûl, Muhammad. Et depuis 2011, ce drapeau et ses formes se répandent des zones tribales pakistanaises aux maquis yéménites rejoignant aussi les bâtiments des zones désertiques africaines.

    S’il s’agit bel et bien aujourd’hui d’un symbole et d’un drapeau adopté par la mouvance djihadiste, peut-on affirmer qu’il s’agit aussi d’une création djihadiste ? Justement non et c’est là qu’est souvent commise une erreur. Le 03 avril 2013, une Femen tunisienne vivant en France brûle la shahada et ce drapeau devant la Grande Mosquée de Paris. Selon la page Facebook de Femen France, la jeune fille a agit contre la mouvance djihadiste en brûlant un de leur drapeau, comme symbole du combat des femmes contre la sauvagerie de l'extrémisme religieux. Or selon le chercheur germano-égyptien Abdelasiem al-Difraoui (docteur à Sciences Po Paris et auteur d'Al-Qaïda par l'image, la prophétie du martyr), en présentant le drapeau de la shahada comme le drapeau « salafiste », les Femens tombent dans le piège tendu par les salafistes djihadistes. Ce drapeau n'est pas le drapeau « salafiste», mais une récupération d'un symbole de l'Islam par les salafistes qui cherchent à s'approprier ce symbole. Ce drapeau est simplement un symbole de l'Islam en général, venu directement des sources médiévales. Cette erreur démontre que les salafistes ont remporté une victoire en parvenant à implanter une représentation dans l’esprit des citoyens européens.

     

    Le sceau prophétique

    En effet, l’une des significations historique de ce drapeau serait à chercher chez le sceau historique adopté par le Prophète Muhammad. On aurait ici la référence aux premiers âges de l’Hégire, l’âge des pieux ancêtres contemporains de Muhammad, les salafs que cherchent aujourd’hui à imiter par les actions de la vie et par leurs mœurs idéalisées les salafistes. La calligraphie particulière du drapeau présenté avec le rond central serait une référence au style koufique, calligraphie des écrits islamiques.

    Le rond aussi est symbolique et l’explication se trouve dans les Écritures saintes de l’Islam. « Quand le Prophète eut l’intention d’écrire une lettre au souverain des Byzantins, on lui dit que ces gens ne la liraient pas si elle n’était pas cachetée d’un sceau. Alors le Prophète se fit faire un anneau d’argent (…) et fit graver dessus "Mohammed, Messager d’Allah ».Hadith rapporté par Boukhari, (Vol.4, livre 52,189). Ce sceau, que l’on retrouve aussi en bas de quelques lettres attribuées au Prophète de l’Islam destinées aux rois voisins pour leur demander d’embrasser la nouvelle religion, est son anneau sigillaire.

     

    La couleur comme traduction de la volonté politique

    Bien que l’Islam, du temps du Mahomet et donc durant sa formalisation progressive n’ait été symbolisé par aucune couleur ni emblème particulier, le vert, réminiscence du Paradis verdoyant, est habituellement associé à la foi musulmane tout comme le croissant et l’étoile à cinq branches censée représenter ses cinq piliers. C’est ainsi comme cela que doit être lu le drapeau de l’Arabie Saoudite.

    Si aucune couleur ne peut être considérée comme représentante de l’Islam en général; le noir, le blanc (symbole de pureté), le vert et même le rouge (celui du sang des martyrs) ont acquis une certaine notoriété.

    Toutefois, le Prophète Mahomet, pour des raisons politiques, était tenu de représenter la communauté musulmane naissante sous un ou plusieurs drapeaux, particulièrement en temps de guerre. Selon plusieurs sources historiques, deux étendards auraient été hissés à diverses occasions, le premier entièrement noir, appelé Al-Raya, et le deuxième intégralement blanc, appelé Al-Liwa.

    Les deux auraient été frappés de la shahada et auraient remplis un rôle bien défini: Al-Raya n’aurait été utilisé que pour le djihad guerrier, alors qu’Al-Liwa aurait eu un rôle distinctif de la Umma (la communauté des croyants) musulmane, symbolisant le rassemblement des fidèles unis par la foi.

    Le pavillon personnel de Mahomet était connu sous le nom Al-Uqab (L'Aigle). Il était noir, sans symbole ou marque distinctive. Son nom et sa couleur ont été empruntés, dit-on, de celui d’Ali Ibn Hussein, chérif de La Mecque.

    Le drapeau noir est donc perçu comme la reproduction de la bannière des Musulmans d’Arabie, à l’aube de l’Islam, celui de la tribu des Qurayshites à laquelle appartient le Prophète.

     

    La référence dynastique ?

    Néanmoins, on peut aussi y voir une référence à une crise dynastique : la succession, dans la violence de la dynastie omeyyade par la dynastie abbasside.

    Ce fut un esclave persan, Abou Muslim, qui brandit pour la première fois le drapeau noir qui donna naissance à la dynastie des Abbassides (750-1016). Les califes Abbassides ont fondé leur revendication pour le califat en leur qualité de descendants d'Al-Abbas Ibn Abd al-Muttalib (566-662), l'un des oncles de Mahomet. C'est en vertu de cette descendance qu'ils se considèrent comme les héritiers légitimes du Prophète de l’Islam, par opposition aux Omeyyades (au blason blanc) qu’ils chassèrent du pouvoir.

    Leur dessein était d’établir un État plus profondément musulman. La dynastie abbasside a donné naissance à d’illustres califes comme Al-Mansûr, Al-Ma’mÅ«n ou encore le légendaire Harun al-Rachid qui ont participé à l’extension et à la propagation de la religion musulmane, de la langue arabe ainsi que d'une conscience universaliste de l'islam qui caractérise tout le monde médiéval musulman. Paradoxalement, c’est aussi sous leur direction que commence le lent déclin de la civilisation arabo-musulmane.

    Ceci dit, leur attachement à un islam salafiste (au sens originel du terme) a toujours séduit les tenants d’un retour aux sources perdues de la religion. Les premiers soldats abbassides étaient vêtus de noir et auraient inspiré, tout comme leur bannière, la tenue caractéristique des djihadistes d’aujourd’hui.

     

    Une signification chiite ?

    De nos jours, le drapeau Al-Raya est considéré par les chiites duodécimains comme le futur étendard de l’islam, lors du retour du Mahdi. Ce dernier, dont le nom en arabe signifie à la fois «l’homme guidé (par Dieu)», «celui qui montre le chemin » ou le «le bien-guidé attendu» (Al-Mahdi Al-Mountadhar) désigne le «sauveur» des Musulmans devant apparaître à la fin des temps.

    Le Mahdi apparaîtrait durant les derniers jours de l'existence du monde et serait un signe majeur de l’Apocalypse. Sa venue précèderait la seconde venue de Jésus (le Messie) sur Terre.

    Pour l'islam chiite, le drapeau noir est l’emblème du douzième martyr, l'imam caché chargé de mener l’ultime bataille contre les infidèles d'établir un jour la loi dominatrice de Dieu sur Terre.

     

    Un signe prophétique ?

    Les djihadistes sunnites inspirés par Al-Qaïda font aussi référence à une célèbre prophétie en lien, selon certains avec le Mahdi, relatée par de nombreux hadiths (paroles de Mahomet), qui dit selon les chroniqueurs de l’Islam Tarmidhi et Abu Hurairah:

    «Du Khurasan (province d’Afghanistan) émergeront les bannières noires que nul ne pourra refouler. Les armées qui les porteront continueront d’avancer jusqu’à ce qu’elles atteignent ‘Illya (Jérusalem) et qu’elles plantent leurs drapeaux dans sa terre».

    De cette prophétie découlerait donc l’utilisation par des groupuscules djihadistes de drapeaux noirs portant la shahada. On l’a vu à Tunis avec la chute de Ben Ali, sur la place Tahrir, à Bagdad, à Benghazi, à Islamabad, à Kaboul… et même lors de manifestations à caractère identitaire dans les capitales européennes ou aux Etats-Unis.

    Certains chercheurs qui remettent en doute certaines sources historiques de l’Islam des origines (selon eux, Mahomet avaient aussi comme drapeau distinctif un fanion blanc ou jaune —la couleur fétiche du Hezbollah libanais—selon les circonstances) établissent une filiation beaucoup plus récente à l’étendard noir. Il ne remonterait qu’aux années 1920 où des groupes islamistes l’ont adopté comme symbole de ralliement après la chute de l’Empire Ottoman. Ceci dit, les Frères musulmans d’Egypte, dont l’objectif avoué est de rétablir un ordre califal, ont pour emblème un drapeau vert où figurent deux sabres croisés.

     

    S’il est très clair qu’aujourd’hui les djihadistes du Moyen-Orient ont remporté une victoire symbolique en réussissant à s’approprier ce drapeau noir, il faut néanmoins en connaître clairement le symbole historique.

    Cela ne m’empêche pas de trouver très étrange qu’il soit toléré d’arborer un tel drapeau dans une manifestation de soutien au peuple palestinien en France. Qu’est-ce que cela signifie ? N’allons surtout pas essayer de trouver une excuse historique à ces utilisations dans un temps de guerre. La signification est ici bien guerrière et elle est un symbole de ralliement au mouvement Hamas, mouvement islamiste terroriste qui contrôle la bande de Gaza. Quand l’on connaît la signification et l’intérêt porté à la guerre en terre mécréante (dar al-shâm) par les combattants djihadistes, nous ferions bien de faire un effort de compréhension sur les symboles qui nous entourent pour les contrôler…

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    Ben Laden lors d’une conférence de presse à Khost en Afghanistan en 1998.

     

    Questions d'Orient - Le 17 juillet 2014


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  • Formalisation du califat, formation d'une entité étatique et conflits

    idéologiques et politiques :

    la période des Râshidûns

     

    Durant la domination du Prophète Muhammad, on ne peut pas encore vraiment parler d'État à caractère islamique. La transformation est progressive. De 632 à 750, toutes les bases sont progressivement posées dont l'institution du califat, traduisant la symbolique de la juxtaposition entre politique et religion. Entre 632 et 661 vont se succéder quatre califes appelés Râshidûns qui vont formaliser et institutionnalisés un certain nombre de points clefs du califat mais aussi apparaître sous différentes formes dans leur souveraineté en fonction de leurs appartenances. Tous ces premiers califes râshidûn sont issus de la famille des Qurayshites néanmoins, cette première période du califat va être marquée par des conflits internes forts qui vont conduire à l'éclatement de l'umma, l'idéal d'une communauté musulmane unie qui avait été évoquée par le Prophète.

    -> Une présentation globale d'un espace complexe

    La période est aussi caractérisée par les grandes conquêtes et la formation de l'Empire arabo-musulman. Les clans arabes s'adonnent néanmoins à des luttes internes très rapidement qui vont venir fragiliser l'édifice encore tout frais et entamer sa crédibilité. Les luttes s'organisent entre les Compagnons des premières heures du Prophète (Muhâdjirûns et leurs descendants) et les membres de la branche des Omeyyades (Ûmayyâ) issus aussi de la famille Qurayshite.

    Les sources narratives de cette période sont très difficiles à interpréter historiquement parlant car postérieures et rédigées pour la plupart sous la dynastie abbasside ayant renversé le califat omeyyade de Damas en 750. De facto, malgré leur appartenance commune au sunnisme, la dynastie abbasside de Bagdad et ses auteurs tendent à donner une image très noire de la période omeyyade.

    Le deuxième calife râshidûn Umar est considéré comme le modèle du calife et est largement glorifié par les Abbassides pour effacer Uthmân représentant le modèle omeyyade.

     

    -> Les trois premiers califes en détail

    Les tribus d'Arabie ont prêté allégeance à Muhammad en tant que chef de guerre: lors de la mort de ce dernier, les tribus se considèrent immédiatement libérées de leurs allégeances et définissent le contrat décidé avec ce nouveau pouvoir comme annulé. Elles refusent donc de prêter allégeance au nouveau calife qui se présente comme successeur direct de Muhammad.

    D'autant qu'aucun successeur n'a été officiellement désigné avec la mort du Prophète, ajoutant ainsi une fragilité supplémentaire à l'édifice. Les Muhâdjirûns reconnaissent Abû Bakr, riche commerçant mecquois, un des premiers compagnons du Prophète mais aussi son beau père. Il prend pour la première fois le titre de khalîfat rasûl Allâh: calife, message de Dieu.

    Le choix de Abû Bakr soulève des contestations chez Bédouins qui ont l'impression que les villes marchandes, espaces riches et convoitées de l'Arabie conservent les pouvoirs à leurs dépens et les rendent complètement dépendant. Son nom ne fait pas non plus l'unanimité chez Alî ou al-Abbas, personnages au bout des branches de l'arbre généalogique de la famille Qurayshite à ce moment et directement reliés au Prophète.

    A Médine, Abû Bakr n'a aucun soutien. La dimension politique du refus est mise en valeur par la révolte bédouine traduisant la préférence des nomades du désert à suivre les chefs spirituels de leur tribu. Il y a un rejet du pouvoir califal par d'autres chefs religieux. On peut citer en exemple Musaylima chez les Banû Hanif ou al-Aswad au Yémen. Cette résistance passe aussi par le refus de payer l'impôt exigé par les Musulmans.  

    La contestation prend le nom de Ridda (la grande apostasie). La révolte est réprimée par la force par les armées du calife et par des chefs religieux influents (ex: Khâlid ibn al-Walîd qui écrase les Arabes du nord) et en 633 l'Arabie est pacifiée. La victoire d'Abû Bakr contre les tribus soulevées marque définitivement l'entrée de l'Arabie dans la période du califat et conforte le prestige d'Abû Bakr. Dans ses derniers mois, en 634, il va parvenir à canaliser l'esprit guerrier des Bédouins, soutien incontestable car troupes de combat, en les envoyant conquérir les territoires de Syrie. Il est donc à l'origine des mouvements des grandes conquêtes, de la transformation de l'Islam en un courant social de cohésion et de l'insufflation d'un courant spirituel qui va permettre le déploiement d'une grande énergie dans les mouvements de conquête. Plus tard, cela sera formalisé sous le nom de jihâd.

    Abû Bakr, qui s'éteint en 634, aura donc régné entre 632 et 634.

    Umar (634 / 644) est désigné comme successeur. Sa fille avait notamment épousé le Prophète ce qui lui permettait de revendiquer des liens de famille. Il est considéré comme le modèle du calife et durant les dix années de son gouvernement, il poursuit les conquêtes au Proche-Orient. L'espace musulman reçoit une première organisation administrative avec la naissance du premier Bureau (dîwan al-djund ou bureau de l'armée). Il est assassiné par un esclave. Néanmoins, en l'absence de règle précise devant régir sa succession, il avait institué une commission chargée de désigner un successeur.

    Uthmân (644 / 656) lui succède. Il est de la famille Banû Ûmayyâ, une famille mecquoise. Il a épousé deux filles du Prophète: il est donc son gendre. Dans son accession au pouvoir, il est opposé à Alî ibn Abî Tâlib. Son règne s'échelonne sur deux périodes de six ans. La première période marque la poursuite des conquêtes et la formalisation du califat. En revanche, la deuxième période est marquée par un ralentissement des conquêtes donc un affaiblissement du butin et une accumulation des frustrations. Les tribus ayant conquis l'Égypte veulent annexer l'espace acquis ce que refuse Uthmân. Il est assassiné à Médine.

    Le règne d'Uthmân est relativement important pour saisir la suite des évènements et notamment l'opposition armée et politique qui va naître entre le clan omeyyade et Alî. Cette opposition va marquer l'éclatement définitif de l'umma. Uthmân a pratiqué la  confiscation des terres au nom de son clan. Il attribue majoritairement les territoires et postes importants aux cousins des Ûmayyâ frustrant ainsi les Compagnons (Muhâdjirûns). Son assassinat laisse place à la Fitna qui est une période de guerre civile entre clans rivaux.

    Notons aussi qu'il ordonne la recension coranique et en charge Zayd ibn Thâbit.

     

    -> Un tournant : le califat d'Alî ibn Abî Tâlib (656 / 661)

    Alî arrive au pouvoir après avoir échoué face à ses adversaires politiques par trois fois. Il est le cousin et le gendre du Prophète mais est aussi considéré à terme comme le premier grand imâm chiite. Après quelques mois au pouvoir, il parvient à créer l'unanimité contre lui et notamment des foyers de contestations très forts en Irak. Alî réprime violement les contestations  et notamment lors de la bataille du Chameau en décembre 656.

    Dans un espace contrôlé par les populations arabes réunies dans une umma mais plus que jamais caractérisées par des courants divers, une grande révolte explose menée par Mu'âwiya, gouverneur de Damas de 638 à 660, membre du clan Ûmayyâ et mis en poste à Damas lors du règne d'Uthmân. Il réclame à Alî que les assassins d'Uthmân soient châtiés ce que ce dernier refuse, probablement car Alî se sent impliquer dans cette affaire. Les Omeyyades demandent alors un recourt à la justice qui échoue et amène les deux camps sur le champ de bataille à la bataille de Siffîn (657). 

    Cette bataille est marquée par un épisode mythologique donc la signification doit être appréhendée comme autrement plus sérieuse qu’un simple folklore. Alors qu'Alî s'apprête à triompher contre Mu'âwiya, ce dernier fait brandir des Corans sur les lances en demandant un recourt à un arbitrage divin. Alî accepte provoquant une sécession dans ses rangs: une part rigoriste de ses soutiens sortent des rangs et s'opposent à cette décision en prétendant que seul Dieu doit départager dans le combat. Ce sont les Kharîdjites, dont le terme arabe signifie "sortir" traduisant leur action de sécession. La mythologie prétend qu'un conseil de Mu'âwiya lui aurait suggéré, devant la défaite à venir de brandir ces Corans, ultime chance de déstabiliser les adversaires et de créer une possible rébellion dans les rangs adverses. Les révoltes se retirent à Nahrawân où ils sont massacrés par Alî rapidement. La menace provoquée par ces rigoristes est écartée à court terme seulement.

    L'arbitrage est finalement mené comme l'ont demandé les conseils de l'omeyyade et les arbitres condamnent l'illégitimité du meurtre d'Uthmân donnant toute crédibilité à Mu'âwiya qui est reconnu comme calife en Syrie en Égypte et en Arabie. Seul l'Irak reste fidèle à Alî qui se réfugie à Kûfa où il est assassiné à la sortie d'une mosquée. Il devient ainsi le premier martyr de la cause chiite.

     

    Entre la mort Prophète et l’avènement de la dynastie omeyyade s’écoule trente ans, de 632 à 661. Ce sont trente ans qui constituent l'un des moments majeurs de l'histoire musulmane avec la première formalisation du système de pouvoir sans frontière entre société, politique et religion. Le pouvoir s’appuie sur la religion pour légitimer son pouvoir et utilise la religion pour mobilier une communauté nouvelle attirée par un nouvel élan spirituel. De plus, les institutions de l'Islam se dessinent. Il s’agit du début d'une période de conquêtes territoriales qui vont mettre un terme définitif à l'unité du monde méditerranéen. A cela, s’ajoute le schisme engendré par la période de règne d’Alî.

     

    Questions d'Orient - Le 14 juillet 2014


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  • Égypte:

    quelle guerre économique ?

     

    Nous l’avons constaté, en politique tout comme en matière de justice, les militaires égyptiens sont assez expéditifs. Hé bien voilà qu’ils peuvent aussi l’être en termes de finances publiques. Dans des mesures économiques fortes portant un coup dur aux subventions accordées aux produits de premières nécessités, et dans l’attaque délibérée et sans complexe de la famille la plus riche du pays, les militaires, officiers supérieurs et subalternes obéissant au président al-Sissi ont défini leur ligne de conduite pour les mois à venir.

     

    Et pourtant la finance et notamment la bourse d’Égypte, le EGX30 n’ont pas à se plaindre des militaires : cette dernière a connu pendant un an, une hausse de plus de 70% mais commence désormais à reculer. Forts de leur expérience, la majorité des experts sont pessimistes et cette attitude dubitative ne contente guère la foule ; l’opinion publique a tendance à s’affoler.

    Il faut dire que globalement, les très fortes hausses des prix sur le carburant et l’électricité ont beau avoir été mises en place par un « gouvernement de guerre », la formule ne passe pas et ne suffit guère à contenter la population.

    Les mesures et décisions ont été appliquées rapidement en l’absence de débat parlementaire : les députés ayant été élus en 2012 ont aussi été renvoyés chez eux la même année.

     

    Pourquoi tant de mesures ? La situation est claire : le déficit budgétaire atteint des sommets et il est donc nécessaire de le combler. Le ministre des finances, M. Hany Qadri Dimian l’estime à 12% du PIB et s’est donné comme objectif de le réduire à 10% et de se maintenir à ce niveau pour les trois ans à venir.

    La majorité des dépenses et des finances sont axées sur le traitement des fonctionnaires, les paiements des intérêts rapportés par rapport à l’énorme dette ainsi que les subventions accordées par l’État pour permettre la baisse des prix de quelques denrées de première nécessité obligatoires pour la moitié de la population égyptienne environ qui vit sous le seuil de pauvreté. Seules les dépenses en rapport avec la Défense sont classées Secret Défense.

    Mais c’est justement sur ces catégories de denrées (carburant, pain, électricité) que le gouvernement veut axer son plan de reprise en main de l’économie et donc économiser. L’effort devrait permettre d’économiser quelques 5 à 6 milliards d’euros.

     

    Bien sûr cela à un prix, et le prix de l’essence a rapidement été multiplié par deux.

    Des manifestations de protestations ont éclaté au Caire chez les conducteurs de taxis et de minibus, assurant la plupart du trafic cairote en l’absence totalement de service public de transport de masse.

    Concernant l’électricité, les prix sont gelés depuis 2008 et pour la part de la population qui ne consomme pas plus de 350 kW/heure et par mois la facture ne devrait pas exploser. En revanche, pour les foyers consommant plus et notamment à l’approche de la période estivale où l’air conditionné fonctionne en masse, l’addition devrait augmenter de 55%.

    Le prix du pain de son coté n’a pas bougé mais il est question de réduire la consommation et donc par conséquent les subventions. Le gouvernement vise aussi à généraliser un système mis en place dans quelques villes longeant le canal de Suez et qui permet de cibler les bénéficiaires.

    Tout est calculé.

     

    D’un autre coté, les passions se cristallisent autour de la CGT (Capital Gains Tax) de 10% perçue sur les contribuables qui touchent plus de 2000 euros de dividendes par année. Les populations visées par cette taxe font partie d’une tranche de la société égyptienne peu habituée à verser des impôts directs.

    Cette deuxième partie des mesures prises ouvre la voie à une offensive directe et délibérée du gouvernement géré par les militaires contre la famille Sawiris, famille la plus riche d’Égypte. La famille possède le groupe ORASCOM, qui domine de larges pans économiques d’Égypte (constructions, télécom, tourisme ou encore immobilier) tout cela depuis la Suisse.

    Cette affaire judiciaire, financière et symbolique s’est ouverte suite au refus d’un des frères Sawiris, Nassef plus précisément, de payer une taxe sur la cession d’entreprise ce qui lui a valu sa condamnation à trois ans de prison par contumace, ce qui est plus symbolique qu’autre chose. En revanche, son frère Samih a, quant à lui, menacé de mettre un terme aux investissements de la compagnie en Égypte tant que durerait « la répression ».

     

    Ce coup porté au représentant presque officiel d’un groupe social ayant tiré profit de la croissance du pays entre 2004 et 2008 sous l’ère d’Hosni Moubarak, président déchu en 2011, marque-t-il une inflexion ? C’est la question que pose logiquement ces nouvelles mesures.

    Peut-on y voir un signe traduisant une revanche prise par les généraux et officiers supérieurs après que certains d’entres eux aient payé le prix cher suite à leur opposition aux privatisations et à la montée en puissance politique des « nouveaux riches » comme Gama Moubarak dans les années 1990 ? Avant de parler d’une revanche effective, il faut noter que ces chefs aujourd’hui au pouvoir en ont les moyens et notamment les moyens financiers. L’Arabie Saoudite, le Koweït et les Émirats Arabes Unis leur ont fait don de 12 milliards de dollars en un an sous forme de produits pétroliers ou de dépôts à la Banque Centrale.

    Pour autant, et sachant que les experts estiment qu’en réalité l’aide avoisine 23 milliards de dollars, le rythme ne sera pas soutenable longtemps et les militaires doivent remettre en route la croissance du pays. Si le Golfe pourrait aider le ministre des finances à multiplier le rythme de la croissance par trois pour 2017, les Émirats ont d’ores et déjà décidé de remplacer l’aide à l’État. Notons aussi le recrutement de Tony Blair au milieu d’une fine équipe de consultants internationaux sur les questions financières pour aider le pays à combler son déficit.

     

    Dans ce nouveau plan, l’IDE (Investissement Direct à l’Étranger) serait le moteur d’un renouveau de l’économie égyptienne. Financiers, compagnies pétrolières internationales, banquiers européens, grandes familles marchandes du Golfe ou encore les grands capitalistes égyptiens mis en quarantaine sous Moubarak seraient déjà dans les starting-blocks. Néanmoins pour rendre une telle mesure effective, il faut l’économie mette de coté ses «  obstacles à la croissance  ».

    Cela signifie que les intérêts en place, dont les Sawiris sont les représentants, acceptent l’arrivée de nouveaux venus dans leur terrain de chasse, le partage des bénéfices ou bien envisagent de se retirer devant plus dynamiques et plus concurrent qu’eux.

    Les généraux égyptiens n’ont plus guère le choix : il va leur falloir une vraie et concrète croissance économique qui leur permettrait définitivement d’asseoir une autorité contestée depuis la chute de Mohamed Morsi et leur politique répressive à l’égard de ses partisans, faire reculer l’extrême pauvreté qui affecte un trop grand nombre de leurs concitoyens, remporter  leur «  sale guerre  » contre les Frères Musulmans et reconquérir ce qu’ils estiment être la place naturelle de leur pays dans la région arabe : la première, ce qui n’est pas dénué de sens sachant le poids démographique de l’Égypte dans le Moyen-Orient et l’onde de choc qu’aurait la chute d’un pays si peuplé dans une guerre totale. Le budget 2014-2015 n’y suffira pas mais ils sont visiblement prêts à courir tous les risques, y compris sur le plan social, pour y parvenir.

     

    Questions d'Orient - Le 13 juillet 2014


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  • Syrie:

    Amnistie générale ?

     

    Coup de com comme on dit dans le milieu, intox ou juste mesure de contre-poids ? Au plein milieu d'une guerre qui ravage littéralement le pays, le président syrien Bachar al-Assad, tout juste réélu à la tête des territoires contrôlés par le régime, a décrété une "amnistie générale" pour tous les "crimes" commis jusqu'à ce lundi (hier). Cette déclaration intervient une semaine après sa réélection controversée et non-reconnue par la plupart des pays européens et occidentaux car organisée en pleine guerre, a annoncé la télévision d'État. L'élection présidentielle du 3 juin a été organisée par le régime dans les territoires sous son contrôle ce qui a été décriée comme une "parodie de  démocratie" par l'opposition et les pays occidentaux. M. Assad a été réélu pour un 3e mandat de 7 ans.

    Concernant cette mesure, il s'agirait de la plus large amnistie annoncée depuis le début du conflit le 15 mars 2011, déclenché par un mouvement de contestation pacifique qui, après avoir été réprimé dans le sang, a dégénéré en rébellion contre le régime Assad.

    Si cette amnistie est mise en application intégralement et suivant les mesures annoncées, des dizaines de milliers de détenus devraient être libérés. Car l'amnistie concerne pour la première fois, des crimes figurant dans la loi sur le "terrorisme" de juillet 2012, qui comprend à la fois les rebelles et les militants anti-régime. Il est à noté que les amnisties précédentes avaient exclu les "terroristes" et les "criminels en fuite".

    Selon un juriste et militant des droits de l'Homme présent à Damas, cette amnistie devrait concerner les personnes à la fois jugées et celles bien plus nombreuses qui croupissent sans jugement dans les prisons et les centres de détention des renseignement du régime.

    C'est aussi la première fois que le régime offre une amnistie aux combattants étrangers qui se rendent d'ici trois mois.

    Lors des amnisties précédentes, les organisations de défense des droits de l'Homme avaient affirmé que les décrets n'avaient pas été appliqués dans leur intégralité et que beaucoup de détenus n'avaient pas retrouvé la liberté. Citant le ministre de la Justice, la télévision d'État a indiqué que cette initiative intervenait "dans le cadre de la réconciliation et de la cohésion (...) après les victoires de l'armée" sur le terrain, face aux rebelles.

    Il s'agit de la cinquième amnistie générale depuis le début du conflit en Syrie. M. Assad avait décrété des amnisties le 31 mai et le 21 juin 2011 ainsi que le 15 janvier 2012 et le 16 avril 2013. Le régime syrien qui n'a jamais reconnu l'ampleur de la contestation depuis mars 2011, accuse les rebelles d'être des "terroristes à la solde de l'étranger" qui cherchent à semer le chaos dans le pays.

    Des groupes islamistes et djihadistes dont la majorité des membres sont venus de l'étranger, se sont ensuite infiltrés dans le pays pour aider la rébellion syrienne à tenter de faire tomber le régime selon certain, pour créer un État Islamiste dans les territoires désormais sous leur contrôle notamment entre l'Irak et l'est syrien.

     

    Question d'Orient - Le 10 juin 2014


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  • L'Arabie avant le Prophète Muhammad

    Cadre naturel, peuplement, économie et culture (2/2)

     

    Pour commencer à envisager l'aspect du territoire qui va servir de berceau à l'islam, il faut avant tout prendre consience du rôle des nomades bédouins qui a été décisif avant l'arrivée de l'islam et à ses débuts car les pratiques de ces groupes ont beaucoup orienté les pratiques de l'Islam. Nous évoquerons ultérieurement le rôle majeur de ces populations dans l'expansion musulmane.

    Cependant l'Arabie profonde post-Islam est assez mal connue.

    -> Le cadre naturel

    Il s'agit d'un milieu très homogène avant tout dominé par des déserts et représentant une superficie de près de 3 000 000 de km², 2500 kilomètres dans sa dimension nord-sud et 1500 dans sa dimension est-ouest.

    Pour les populations arabes, l'Arabie est avant tout une île (Djazîrat al-Arab) ce qui est important pour saisir les représentations premières et les acceptions du lieu par les premiers grands personnages de l'islam: il y a assez souvent une impression d'isolement, d'enfermement et de marginalité.

    Trois chaînes de montagnes qui renforcent cette sensation d'isolement: à l'ouest le Hidjâz, à l'est les monts d'Oman et au sud les monts du Yémen. C'est entre ces chaînes de montagnes que se développent des déserts et de vastes étendues sablonneuses; par exemple le désert de Nafûd qui représente à lui seul 70 000 km².

    Il s'agit d'une des régions les plus chaudes et arides du monde: le désert ne reçoit aucune précipitation entre mai et octobre. Outre les quelques oasis où se trouvent dattiers et palmiers et qui font l'objet de multiples convoitises, il n'y a pas d'autre végétation. Néanmoins, le sud échappe à cette sécheresse et subit les effets de la mousson venue de l'océan Indien ce qui permet une plus grande variété de cultures sous forme de terrasses notamment.

    -> Les hommes et leurs activités

    La vie économique, sociale et culturelle de ces régions est alors organisée et orientée par les contraintes exposées.

    Deux groupes semblent revendiqués par une différenciation surtout dans la représentation des peuples: les Arabes du sud et ceux du nord confortant cette citation de Robert Mantran dans L'expansion musulmane :"La théorie arabe veut que les Arabes forment une race, et non pas une communauté de peuples parlant la même langue"

    Nomades du nord et du centre ne forment pas d'État mais sont connus depuis l'Antiquité sous le nom de Sarrasins et semblent organisés en tribus divisées en clans. Le clan estdirigé par un shaykh assisté d'un conseil formé par l'ensemble des chefs de famille (shuyûkh).

    Les Bédouins se conforment à un idéal moral (murûwwa ou virilité) associant courage, dignité, endurance et hospitalité. L'hospitalité est une des règles les plus sacrées de l'honneur surêment à cause de la fragilité et de l'instabilité de la vie nomade. Le porte-parole du groupe estle poète qui est craint et admiré. Nous pouvons citer entre autre Zuhaîr ou Labîd.

    La plus grande partie des activités économiques sont consacrées à l'élevage et surtout à l'élevage du chameau qui est un animal résistant et rapide pouvant porter de lourdes charges. Les autres animaux élevés sont les caprins, les ovins, les ânes, les mulets, et sûrement aussi des chevaux. Néanmoins, cette pratique nécessite en tout temps le contrôle des points d'eau, contrôle qui devenait une activité majeure et impérative accentuant l'aspect instable et brutal de la vie.

    Au sud se développe les cultures en terrasses qui permettent de récolter de la vigne. On y trouve diverses espèces de fruits, de légumes et d'épices / parfums qui sont transportés vers le nord. L'accès de cette zone à l'eau en fait une zone plus développée, mieux connue et, semble-t-il, plus agréable à vivre; c'est ce que les historiens vont appeler la Felix Arabia, l'Arabie heureuse.

    Auteurs arabes utilisent souvent le terme Djâhiliyya signifiant sauvagerie pour désiger l'état d'ignorance dans lequel se trouvent les populations arabes avant l'Islam. Malgré tout, cela ne signifie pas qu'il s'agit d'une myriade de peuples sans religion.

    Le religieux tenait une place importante dans les sociétés. Le sud était marqué par des polythéismes. IIl y a existance d'un clergé qui est alors consituté de prêtres devant administrer les dons aux Dieux. Le nord semble plus marqué par des religions primitives consacrant une place important au surnaturel et à la magie. On pratique la divination par le vol des oiseaux. Dans le Hidjâz, on vénère trois déesses : Allât (déesse du ciel), al-Uzzâ (déesse de la puissance), Manât (déesse du sort). A la Mecque, on adore Allâh, le créateur de l'univers et Hubal. Les lieux de résidence des divinités sont les harâm, espaces inviolables.

    -> Les échanges, les villes et la Ka'ba

    L'Arabie occupe une place privilégiée du commerce avec une position carrefour. On pratique les échanges par voies terrestres (caravanes) et parfois par voies maritimes sous forme de cabotage mais la maîtrise de la mer va être très tardive pour les populations arabes.

    L'Éthiopie et l'Abyssinie font arriver des esclaves, de l'or, de l'ivoire et des pierres précieuses. D'Egypte et de Perse arrivent des céréales, des tissus et depuis la Chine de la soie.

    Dans l'Arabie même, les échanges internes sont aussi abondants : du sud vient de l'or, des pierres, des perles, des peaux, du poisson séché, des épices, des aromates. Depuis le Hidjâz arrive des dattes et des céréales. Les pistes sont jalonnées d'oasis pour permettre l'aménagement d'étapes.

    Trois villes importantes sont situées le long du Hidjâz :

    - Yathrib, oasis fertile composée de fermes comprenant des tribus juives arabisées et des chrétiens;

    - Tâ'if, 350 km plus au sud qui est un asile de fraîcheur dans les montagnes.

    - La Mecque, à l'ouest à mi-distance entre la Syrie et le Yémen est la plus importante de ces villes. Le succès de cette ville est surtout lié à sa situation géographique, l'oasis source du Zemzem et à son grand marché.

    Mais succès aussi avec la présence d'un sanctuaire sacré : la Ka'ba qui est un édifice rectangulaire (10 mètre de coté et 15 mètre de hauteur) dont la création remonte à Abraham. L'édifice fait alors l'objet d'un pélerinage annuel, qui est une source importante de revenus pour la ville.

    Malgré les apparences, l'Arabie n'est pas un monde clos sur lui-même. Il est souvent présenté comme le carrefour entre l'Orient et l'occident d'autant qu'à cette époque on assiste à diverses entatives des Arabes pour infiltrer le Croissant Fertile ce qui aboutit à la création de divers royaumes.

    D'un point de vue culturel, l'espace en question subit d'importantes influences du judaïsme et du christianisme. Les Juifs constituent d'importantes communautés dans des villes (il s'agit d'une religion urbaine, tout comme le christianisme) comme Yathrib ou au Yémen. Les communautés chrétiennes sont moins nombreuses mais existent au Yémen: la ville de Najran est le siège d'un évêché et dans le nord  via certaines tribus comme celle des Banû Taghlib.

     

    Pour clore cette brêve introduction sur un monde bigarré et hétérogène, il faut noter que les débuts de l'Islam sont placés sous une tension certaine puisque l'Arabie est une immense espace où s'opposent très tôt les intérêts des Perses (Sassanides) et des Byzantins héritiés entre valides de l'Empire romain via la dyarchie et tétrarchie de Dioclétien en 324. 

     

    Questions d'Orient - Le 03 juin 2014


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