• Israël, Palestine:

    l'interminable conflit

    Depuis 60 ans, le Moyen-Orient vit au rythme de ce conflit. Malgré les tentatives de résolution le conflit n’a pas pu éviter les accès de violence.

    Quelques chiffres: 

    ->    Israël = 22 072 km², 7,4 millions d’habitants en 2010, un budget militaire de 6,4% du PIB.

    ->   Palestine = 6 220 km², 4 millions d’habitants et un territoire n’ayant aucune armée régulière.

     

    En 1947, un plan de partage de la Palestine est élaboré par l’ONU (résolution 181 de l’Assemblée générale). Ce plan est destiné à concevoir un Etat juif officiel mais aussi un Etat arabe et une zone sous régime international d’abord envisagée à Jérusalem. Mais le plan avorte, rejeté par les Etats arabes ce qui conduit unilatéralement les représentants de la communauté juive à déclarer l’Etat d’Israël le 14 mai 1948.

    Cette déclaration met évidemment le feu aux poudres au Moyen-Orient. Les armées de Syrie, d'Egypte et de Jordanie attaque immédiatement ce nouvel Etat. Israël remporte une première victoire qui lui permet d’étendre ses frontières incluant la partie ouest de Jérusalem. Les populations palestiniennes migrent du coté oriental de la ville et s'yn établissent. 

    L'état d’armistice signé en 1949 est venu figer cet état de fait militaire. Une ligne verte délimitant la limite entre les populations israéliennes et palestiniennes est établie. Jérusalem est et la Cisjordanie (= la rive ouest du Jourdain) passent sous contrôle de la Transjordanie devenue Jordanie en 1950, tandis que l’Egypte prend le contrôle de la bande de Gaza.

    La deuxième guerre israélo-arabea lieu du 5 au 10 juin 1967. Elle est appelée la guerre des Six Jours et elle va donner aux territoires leur configuration actuelle. C’est notamment durant cette guerre , qu’Israël annexe le plateau de Golan sur la Syrie, territoire toujours source de tensions aujourd'hui. 

     

    -> La configuration actuelle de la Cisjordannie

    Les grandes villes de la Cisjordanie actuelle sous contrôle palestinien sont Hébron au sud, Bethléem, Ramallah et Naplouse, Jénine au nord pour les deux dernières. Elles sont la plupart du temps intégrées dans un périmètre de contrôle total des palestiniens et entourées de zones tampons partiellement maitrisées par les palestiniens.

    Les plus vastes zones de contrôle palestinien sont surtout au nord et au sud. Le centre du pays est un réseau de centres instables, sous contrôle partiel.

     

    -> La Guerre de Six Jours

    En 1967, craignant une attaque de ses voisins, Israël lance une attaque préventive contre l’Egypte et une contre offensive contre la Jordanie. La guerre des 6 Jours se termine par une victoire israélienne qui place tous les territoires palestiniens de 1947 sous contrôle israélien. L’armée israélienne soustrait la Cisjordanie et Jérusalem-est (étant alors zone d'habitation des Palestiniens) à la Jordanie ainsi que la Sinaï et la bande de Gaza à l’Egypte et pour finir le plateau du Golan à la Syrie.

    L’occupation militaire des territoires palestiniens se double d’un processus d’occupation mis en place par les colons israéliens et qui n’a nullement été interrompu par la brève période des accords d’Oslo en 1993. Les implantations viennent fragmenter les territoires occupés palestiniens -> la Cisjordanie et Jérusalem-est, Israël s’étant désengagée de Gaza en 2005. Cette fragmentation rend impossible l’établissement d’un territoire palestinien économiquement viable, et fonctionnel sur le plan territorial.

    Cette situation territoriale alimente le blocage total des négociations. De nombreuses problématiques sont soulevées par les négociations : réalités démographiques suite à la colonisation, le statut de Jérusalem, le choix des frontières d’un futur état palestinien. Il faut ajouter à toutes ces questions la problématique du droit de retour pour des milliers de réfugiés palestiniens qui avaient dû quitter le pays en 1948.

    http://ceriscope.sciences-po.fr/sites/default/files/15_israel_1947_2010-01.jpg?1294508811

     

    -> Présentation de la Cisjordanie

    Occupée par les israéliens depuis la guerre de 6 Jours, c’est un territoire qui s’étend sur 5 600 km² et accueille 2.5 millions de palestiniens. Les accords d’Oslo en 1995, prévoyaient la segmentation de la zone en trois parties qui se sont bien effectuées mais avec un chaos et une segmentation qui ne permet aucune action d’état :

    • Zone A : 3% du territoire cisjordanien, qui accueille la majorité des grandes villes et de la population de Cisjordanie avec une autorité palestinienne de manière autonome notamment en matière de sécurité et d’ordre public.
    • Zone B : 25% du territoire, l’autonomie palestinienne est partielle et ses compétences se restreignent au domaine civil, la sécurité étant du ressort d’Israël.
    • Zone C : 72% du territoire, sous contrôle exclusif d’Israël et la colonisation « implantation » se poursuit. Depuis 1993, le nombre de colons serait passé de 110 000 à 300 000.

    L’absence de continuité territoriale rend de facto incertaine la création d’un état palestinien viable.

     http://4.bp.blogspot.com/_F_t_f9X3tjc/TTcY_1_pugI/AAAAAAAAAAY/t1PLU2GhzTc/s1600/ABC.jpg 

     

    -> Jérusalem : ville capitale

    Après la première guerre de 1948, Jérusalem est partagée entre Ouest et Est. En 1949, devant l’absence d’accord, Israël fait de la ville sa capitale. Le siège du gouvernement y est transféré mais les ambassades étrangères demeurent à Tel-Aviv. En 1967, l'occupation de Jérusalem-est pose les bases du projet de réunification de la ville comme capitale d’Israël. Cet état de fait n’est pas reconnu au niveau international car il ne résulte d’aucun accord. Ainsi la ville passe de 7 km² à 72 et les implantations israéliennes se multiplient afin de renverser les tendances démographiques. 1983 on compte 76 000 colons israéliens contre 200 000 en 2009. Chez les palestiniens on revendique Jérusalem-est comme capitale du futur état et en cette période transitoire les instances gouvernementales palestiniennes sont basées à Ramallah.

    Dans la vieille ville, les quartiers juifs, chrétiens et arméniens sont placés à l’ouest et l’est est musulman.

      

     

    -> Les frontières de la paix et de la guerre

    Le contrôle des différents territoires et les accords sur les frontières prend un aspect aussi passionné aussi en raison des enjeux hydriques qui se joue dans cette région aride ou semi-aride. La guerre de 1967 est aussi parfois appelée la guerre de l’eau. L'appelation est à prendre avec des pincettes en raison de la dimension avant tout stratégique et sécuritaire des différents belligérants. Malgré tout les gains territoriaux de cette guerre ont fixé le contexte hydro-politique du pays. Avec l’occupation du plateau de Golan par les israéliens, Israël a eu accès à une partie du lac Tibériade mais aussi à quelques affluents du Jourdain (ex : Tavor, Kishan).

    En 2010, on assiste à la mise en pratique de l’usine de dessalement d’eau d’Hadera, en Israël. Avant 57% des ressources en eau de l’état israélien provenaient de territoires situés à l’extérieur de ses frontières d’avant 1967. Israël est parvenu à renverser cette situation de dépendance en une situation hydrique favorable. Alors que le pays était placé en aval, il est devenu un pays en amont.

    Cette question hydrique vient donc renforcer les questions déjà brûlantes des différentes revendications identitaires.

     http://www.europalestine.com/IMG/jpg/l_eau.jpg 

     

    -> Brève conclusion

    Depuis fin des années 1940, de nombreuses résolutions ont été adoptées avec les Nations Unies. Elles devaient fixer sans succès un cadre juridique international au règlement du conflit. La Résolution 242 du Conseil de Sécurité (22 novembre 1967) qui après une condamnation de la prise par la force demande le retrait des territoires conquis par les israéliens et la reconnaissance officielle des frontières des états voisins est un échec. La liste des négociations de paix convoquées souvent par les Etats-Unis soutient traditionnel d’Israël est longue: Madrid 1991, Oslo 1993 puis 1995, Camp David 2000, Taba 2001, conférence d’Annapolis 2007. Presque toutes se sont révélées infructueuses notamment à cause de l’inégalité générale entre les deux rapports de forces et du jeu politique interne entretenant de part et d’autre la provocation et la répression.

    A cela s’ajoute les multiples divisions internes dans le parti palestinien : la bande de Gaza est tenu par le parti Hamas depuis 2007 tandis que la Cisjordanie est placée sous le contrôle du parti Fatah. Cette division complique encore les négociations et l’espoir surtout de voir le peuple palestinien uni sous une seule autorité.

    C’est dans ces tensions et ce contexte de division interne que le président de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas a décidé contre la volonté d’Israël et des Etats-Unis de présenter à l’ONU le 23 septembre 2011 une demande de reconnaissance de l’Etat de Palestine dans ses frontières d’avant 1967 : Cisjordanie, Gaza, Jérusalem-est.

    Sans succès.

     

    Questions d'Orient/ 13/11/2013.


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  • Etat de guerre, Etats en guerre

     

    -> Les baromètres du conflit

    Le droit international, à travers les conventions de Genève de 1949 reconnaît deux types de conflits armés : les conflits armés internationaux opposant les états parties aux conventions et les conflits armés non internationaux. Cette distinction ne prend aucunement compte de la diversité des conflits et des formes de violence.

     

    a) Les conflits armés selon le SIPRI

    Le SIPRI est un centre de recherche sur la paix basé en Suède. Ses travaux dénombrent 15 conflits majeurs armés en cours en 2010. Le territoire de Etats-Unis par exemple est considéré comme en guerre, le SIPRI estimant que la présence des armées américaines en Irak, en Afghanistan, au Pakistan sont des actes de guerre.

    Le critère quantitatif est souvent mobilisé pour inventorier les conflits : on ne dénombre que les conflits ayant causé plus de 1000 morts en une année. Il suffirait donc d’abaisser ce seuil pour voir le nombre de conflits augmenter (ce qui induit un nombre non négligeable de petits conflits mineurs mais armés). En mesurant la réalité des conflits via le seul critère du nombre de victimes, l'inventaire du SIRPI ne nous renseigne en rien sur les zones touchées par les conflits.

      

    Carte des conflits mondiaux en 2010 par le SIPRI

    Crédits: le dessous des cartes et SIPRI *

     

    b) Les conflits armés selon le HIIK

    Le Heidelberg Institut donne une définition plus large des conflits. Pour cet institut, est considéré comme un conflit « un affrontement d’intérêts, d’une certaine durée et ampleur, entre Etats, mais aussi entre groupes organisés, déterminés à atteindre leurs buts respectifs ».  Cela implique donc les groupuscules identitaires ou groupuscules terroristes et donne une carte beaucoup plus diversifiée avec une légende de gradation du conflit en ce sens que les critères de conflit sont plus larges. Les motifs des tensions peuvent être de natures différentes : territoire, sécession, idéologie, ressources. De cette manière un conflit politique ne devient pas forcément un conflit armé accompagné de violences physiques (ex conflit entre wallons et flamands en Belgique classé de niveau. 

     

      

    Les conflits violents selon le HIIK

     

    c) Les conflits armés selon le Global Peace Index

    Selon la définition du Petit Robert, la paix est "la situation d’un état ou d’une nation qui n’est pas en guerre". Ce n’est pas comme cela que l’entend le Global Peace Index en 2011. L'évaluation de la paix est faite selon 23 indicateurs qualitatifs et quantitatifs. Parmi ces indicateurs on trouve : le type de relations avec les pays voisins, le pourcentage de réfugiés ou déplacés, le taux d’homicides, le budget consacré aux affaires militaires, le nombre de guerre pour le pays étudié… Aucun Etat n'est ainsi considéré totalement pacifique en Afrique qui, avec l’Asie du sud et le Moyen-Orient concentrent la majeure partie des conflits.

    Le Global Peace Institut indique aussi qu’un pays devient moins pacifique lorsque l’on observe une hausse des denrées alimentaires et du carburant.

    Définition de la paix semble donc différente de la vision classique mais ne semble pas moins juste. Il faut alors, dans les critères d’explication des conflits prendre en compte les aspects financiers, économiques, sociaux. On peut dire qu’ils « fabriquent » de la vulnérabilité et affectent la stabilité nationale.

     

    L'état de paix dans le monde en 2011

    Crédit: Global Peace Index

     

    d) Les risques-pays selon le COFACE

    Toutes les formes de vulnérabilités d’un Etat ont des répercussions économiques. L'Etat en paix se caractérise par un sentiment de sécurité propre aux investissement. La mesure de cet état de paix renvoie à la notion de risque-pays évaluée par des agences de notation comme Standard and Poor’s, Fitch où Moody’s. Ces agences sont chargées de mettre ces données à la disposition des investisseurs. C'est également le cas de COFACE, une agence compagnie d’assurance française qui élabore chaque trimestre des évaluations macroéconomiques, financières et sociopolitiques des Etats de la planète. Les notes sont évaluées à partir des données collectées par les 160 ambassades françaises dans le monde.

    Les évaluations sont basées sur la qualité et la transparence des informations financières du pays, de l'environnement institutionnel, de la vulnérabilité financière du pays, du surendettement extérieur du pays ou de la fragilité du secteur bancaire.

    Type d’évaluation (nommé rating par les anglo-saxons) rejoint les préoccupations des investisseurs qui ont besoin de connaître l’état de stabilité des pays dans lesquels ils évoluent.

    C’est précisément parce que la note de la Grèce a été baissée en 2009 pour cause d’endettements excessifs que la méfiance des investisseurs est apparue entraînant une crise financière sans précédent.

    Il s’agit donc de saisir ce que signifient ces notes car elles reflètent le monde dans lequel nous vivons et font des pays et de leur stabilité nationale des plaques totalement en mouvement. 

     

    -> Les opérations de maintien de la paix de l'ONU

    L'ONU peut être considéré comme un important appareil cartographique. L'Agence internationale établit des cartes précises des engagements des casques bleus dans les pays en crise. Ces cartes ne fournissent malgré tout qu’un regard partiel de l’état de guerre => elle n’évalue pas les missions de redressement de la paix et donc il est impossible de savoir s’il y a eu évolution dans le niveau de violence des pays concernés. Elle fait aussi l’impasse sur les situations de violence étatique qui n’ont pas fait l’objet d’une intervention souvent faute d’accord entre les membres du Conseil de sécurité.

     

    Les missions de maintien de la paix des Nations Unies en cours en février 2010 :

    ·         Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve à Jérusalem. 1948

    ·         Groupe d’observateurs militaires des Nations Unies dans l’Inde et le Pakistan. 1949

    ·         Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre. 1964

    ·         Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement du Golan. 1974

    ·         Force intermédiaire des Nations Unies au Liban. 1978

    ·         Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental. 1991

    ·         Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo. 1999

    ·         Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan. 2002

    ·         Mission des Nations Unies au Libéria. 2003

    ·         Mission d’assistance des Nations Unies pour l’Irak. 2003

    ·         Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire. 2004

    ·         Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti. 2004

    ·         Mission des Nations Unies au Soudan. 2005

    ·         Mission intégrée des Nations Unies au Timor-Leste. 2006

    ·         Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour. 2007

    ·         Mission des Nations Unies en République Centrafrique et au Tchad. 2007

    ·         Mission des Nations Unies au Burundi. 2007

    ·         Mission des Nations Unies au Népal. 2007

    ·         Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Sierra Leone. 2008

    ·         Bureau intégré des Nations Unies en République Centrafrique. 2009

    ·         Bureau politique des Nations Unies pour la Somalie. 2009

    ·         Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo. 2010

     

     

    -> Les conflits sans nom

    Anciens ou récents, conflits gelés ou de basse intensité, guerres civiles ou guerres entre états, guérillas militaires ou urbaines, conflits pour des territoires des ressources de la revendication des revendications autonomistes ou nationalistes, ces conflits sans nom forment des violences politique de ce début de 21ème. Après avoir attiré l'attention de la communauté internationale, ces conflits sont devenus imprécis et leurs mobiles réels, flous et oubliés. Aujourd’hui il faut un événement majeur pour que leur existence refasse surface, souvent un massacre, une attaque. Qu’ils soient passés ou actifs, leurs violences ont marqué les populations des pays concernés et rendent leur avenir incertain. En raison de l’oubli et de leur répartition sporadique sur l’agenda international, ces conflits paraissent interminables et représentent des sources de violences latentes ou continues.

     

    Les différentes sources de rébellion :

    Chili : indiens Mapuches

    Birmanie : minorité Kachen, Karen et Shan

    Sénégal : Casamance au sud

    Sri Lanka : Tigres de Libération de l’Eelam Tamoul

    Tchad : Rébellion active de l’Union des forces de la résistance

    Somalie : Somaliland / Puntland au nord, Milices al-Shabab au sud.

    RDC

    Thaïlande : mouvement séparatiste musulman

    Philippines : guérilla communiste de la Nouvelle armée du peuple

    Pérou : Guérilla du Sentier Lumineux

    Maroc 

    Azerbaïdjan : Haut-Karabakh

    Moldavie : Transnistrie

    Espagne : Pays Basque

    Turquie / Irak : Région frontalière du Kurdistan

     

    *Attention: toutes les cartes mentionnées ne mentionnent pas directement les conflits en 2012/2013. Certaines sont datées de 2010/2011.

     

    Questions d'Orient/ Le 09/11/2013


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  • Mali

    Journalistes exécutés: des revendications, une enquête

    Deux journalistes français ont été enlevés le 2 novembre à Kidal près du massif des Ifoghas au Mali. Le soir même, leurs coprs étaient retrouvés criblés de balles à une dizaine de kilomètres. 

    Les accusations avaient été portées sur le MNLA (Mouvement National de Libération de l'Azawad) qui est un mouvement touareg. La confusion était alors totale et on remarquait que la régulière prise sentimentale et passionnée des politiques français faisait encore son effet, quelques jours après la libération des quatre otages du Mali. 

    Aujourd'hui, les choses s'éclairent. Le propriétaire du 4x4 qui a servi à l'enlèvement puis au transport hors de la ville a été retrouvé et son propriétaire identifié. Il s'agit de Bayes Ag Bakabo, un Touareg qui est fortement soupçonné d'avoir planifié l'enlèvement. Une source de sécurité malienne a mentionné l'éventualité d'une action pour servir AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique), organisation qui, après son éviction du pays par l'opération Serval retrouve une importance poussant l'armée française à coordonner de nouvelles opérations de sécurisation du nord du Mali. 

    Bakabo serait soupçonné d'entretenir des liens avec la famille de Hama Lamine Sall, de nationalité mauritanienne et dont la mère est touareg. 

    Mais Bakabo serait aussi complice et de la même tribu que Ambery Ag Rhissa, un des responsables de la rébellion touareg du MNLA à Kidal. Or les deux journalistes venaient de l'interviewer et ils ont été enlevés sur le pas de sa porte et exécutés deux heures plus tard à une dizaine de kilomètre extra-muros de Kidal. 

    Selon la même source malienne, le MNLA avait un moyen de se recycler pour Bakabo après son engagement dans AQMI. Et selon Europe 1, jeudi, l'homme souhaitait se racheter auprès d'AQMI à qui il aurait volé de l'argent lors de l'échec de l'organisation devant la poussé française dans l'Adrar des Ifoghas. Des contacts à Kidal l'aurait prévenu de la présence des journalistes...le tour était joué.

     

    La nouveauté est actuellement d'admettre que leur capture n'aurait jamais du se transformer en exécution. En réalité, le 4x4 serait tombé en panne faisant trembler les rebelles se sachant traquer par l'armée française. Ils auraient alors pris la décision d'exécuter les deux français froidement. 

    En effet, Bakabo aurait enlevé les journalistes pour les remettre à la Katiba, une unité de combattants d'AQMI dirigée par Abdelkrim Tragui, ancien lieutenant touareg d'Abou Zeid, chef d'AQMI tué en début d'année lors de l'offensive française et tchadienne. 

    Ces informations auraient été confirmées par Europe 1: Bakabo après avoir promi à son chef l'enlèvement pour se racheter l'a rappelé, l'informant de la panne. "Tuez-les" aurait simplement répondu le chef islamiste. 

     

    Laurent Fabius, ministre français des Affaires Etrangères a estimé l'hypothèse de la panne probable. 

    Mercredi, malgré la confusion, la chaine d'information mauritanienne Sahara Medias, aurait reçu une revendication formelle d'AQMI. 

    Toujours est-il que les alliances, systèmes tribaux caractéristiques de la civilisation islamiste semblent mettre en jeu non seulement AQMI mais aussi des chefs touaregs. 

    Qui a eu quel rôle? Difficile encore de répondre à la question. 

     

    Questions d'Orient/ Le 8/11/2013


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  • Les violences dans le monde

     

    Si la géopolitique n'est pas essentiellement constituée de l'étude des conflits mondiaux, une bonne compréhension de ces derniers sont nécessaires pour saisir les rouages de notre monde et son instabilité chronique.

    Les guerres sont aujourd'hui les principales sources de violence de la scène mondiale. Sur cette scène mondiale, l'Etat étant présenté comme l'acteur des relations internationales, la sécurité mondiale s'est souvent confonfue avec la sécurité des Etats.

    Et l'Etat et ses rouages sont un élement indispensable à la stabilité sécuritaire de ce dernier. La majorité des conflits de ce 21ème siècle ont pris place dans des Etats où les structures administratives, sociales et militaires étaient totalement décomposées. Ces Etats défaillants (Failed States) se caractérisent donc bien par l'effondrement de ces trois composantes constituant l'appareil de l'Etat. Il en découle une perte de la légitimité de l'autorité publique qui ne peut plus s'imposer comme telle que partiellement. Et ainsi la majorité du territoire échappe au contrôle de l'appareil gouvernemental.

    L'évolution des conflits et aussi des formes de violences s'est traduit par le changement radical des victimes affectées. Alors qu'au début du 20ème siècle les militaires constituaient la part majeure des victimes et que les civils constituaient 5% des populations touchées, au 21ème siècle le rapport de force s'est inversé: 90% des victimes sont civiles. Ces chiffres et ces situations ont amené les Etats touchés et les grandes puissances coalisées à intervenir militairement ou grâce à des moyens divers.

    Avec les mouvements croissants démographiques de réfugiés et notamment de femmes et d'enfants, les violences contemporaines et infra-étatiques ont placé l'individu au centre des préoccupations poussant comme nous venons de le dire des puissances multiples à intervenir.

    Il ne s'agit donc plus uniquement de la sécurité des Etats mais aussi de la sécurité des individus composant ces Etats. Cette sécurité passe en premier lieu par un soucis des conditions de vie des individus. Etant la composante des sociétés actuelles, l'individu doit pouvoir jouir d'une sécurité réelle en temps de paix mais aussi en temps de guerre.

    C'est dans cette ambiance et face à l'augmentation des victimes civiles que la notion de sécurité humaine s'est développée. En 2001 a été créée la Commission sur la Sécurité Humaine et coprésidée par Sadako Ogata et Amartya Sen, respectivement universitaire japonaise née en 1927 et économiste indien ayant notamment remporté le Prix Nobel d'Economie.

    Dans son premier rapport intitulé La sécurité humaine maintenant remis en 2003 à Kofi Annan, l'Agence des Nations Unies rappelait que « la notion de sécurité humaine traite de la sauvegarde et de l’élargissement des libertés civiles essentielles. Il s’agit à la fois de protéger les gens contre les menaces aigües qui pèsent sur leur sort et de leur donner les moyens de prendre leur destin en main. Cela signifie également élaborer des systèmes qui donnent aux gens les bases de la survie, de la dignité et du bien-être minimum ».

     

    Le changement est dont l'intérêt porté d'avantage sur l'individu et plus précisement des questions de santé, de pauvreté, d'alimentation ou d'éducation donc sur des questions de modes de vie.

     

    Questions d'Orient/ Le 1/11/2013


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  • Armes chimiques en Syrie: vers Genève 2 ?

     

    Le dossier brûlant des armes chimiques syriennes est en pleine évolution. Ces derniers jours ont été riches en informations et en bonnes nouvelles.

    L'OIAC (Organisation pour l'Interdiction des Armes Chimiques) a annoncé officiellement que les 27 inspecteurs de l'Organisation et les 50 experts dépêchés par l'ONU sur le territoire syrien avaient définitivement placé un scellé sur les armes chimiques, les réserves de produits et les installations de production. Il était difficile de faire le tri jusqu'alors sur les informations délivrées par le pouvoir de Bachar Al-Assad mais les sites ayant inspectés, il est clair que le pouvoir en place a joué pleinement sa carte en terme de crédibilité à travers cette démonstration de bonne foi.

     

    Le 28 septembre, le blog de référence De Bagdab à Jérusalem tenu par Georges Malbrunot faisait état de trois sites probables selon une source militaire française. Ces trois sites semblaient hors des zones de combat et sécurisés par l'Armée régulière: dans les banllieues de Damas, près de Tartous une région cotière du fief de la famille alaouite du président Al-Assad et près de la ville de Homs.

    La remise en main propre de 80% de la localisation des sites d'armes et de production d'armes était une première preuve de la bonne volonté du régime.

     

    Nous sommes aujourd'hui le 1 novembre 2013 et hier la déclaration était officielle: le pari était réussi et en moins d'un mois les experts et inspecteurs sont parvenus à mettre sous scellé ces centaines de tonnes de gaz. Le rapport publié par l'OIAC doit être examiné par le Conseil de l'ONU le 5 novembre mais nous savons déjà que ce dernier décrit l'inspection de 21 sites sur les 23 déclarés et de 39 installations sur 41. Deux sites n'ayant pas été inspectés car jugés trop dangereux. Ils seraient situés dans la zone de combat de Damas et à Alep.

    Pour assurer la suite du programme de destruction total des armes chimiques, 15 inspecteurs vont rester sur place.

     

    C'est une victoire...mais relativisons nos positions lâchent plusieurs diplomates. Les armes chimiques ont été neutralisées c'est une bonne chose mais le traffic d'armes lourdes et leurs utilisations continuent de faire des centaines de morts parmi les populations civiles. Et certains officiels continuent de douter de la bonne foi du régime. A-t-il déclaré tous les sites? Bien sur la question mérite d'être posée...

    Toujours est-il que la Maison Blanche semblait confiante devant le document de 714 pages remis par le régime de Bachar Al-Assad décrivant la destruction des sites d'armes chimiques, le 24 octobre.

     

    Devant une telle situation, la balance semble s'inverser, les puissances occidentales sont contraintes de rétro-pédaler. Alors qu'il y a quelques mois les Etats-Unis étaient prêt à engager une opération militaire aux cotés des français, aujourd'hui l'ennemi d'hier devient le principal interlocteur. Bachar Al-Assad se dit même à participer aux négociations si une conférence de Genève version 2.0 devait advenir.

    Devant ces propos, l'opposition ; aujourd'hui en difficulté et clivée entre les groupes islamistes demandant l'instauration d'un Etat islamiste et les rebelles des premiers jours pris dans une fournaise confessionnelle dont ils se retrouvent aujourd'hui premières victimes, ne partage pas l'enthousiasme du président. La partie de l'opposition que l'on pourrait de qualifier de "sur le terrain" ne veut pas entendre parler de négociations. L'opposition (souvent constituée d'intellectuels) en exile se montre peut-être plus favorable à un tel plan mais exige dans ce cas la mise à l'écart non négociable du président Al-Assad.

    Alors nous n'en sommes pas encore là et la date du 23 novembre parfois évoquée n'a pas été retenue mais il ne fait pas de doutes que la fin de la mise sous scellé des armes chimiques du régime est un moment crucial dans le conflit qui agite depuis le 15 mars 2011 le pays. Cela pourrait déboucher sur des négociations de paix sérieuses que l'émissaire internationale Brahimi n'envisage malgré tout pas sans la présence du Conseil de l'opposition. Et ce Conseil là refuse lui toute possibilité de négociation...

    Il se pose aussi un autre problème si de telles négociations commencaient: comment appréhender la multitude de groupuscules islamistes actuellement en train de prendre le contrôle général d'une opposition jusqu'alors composée de sous-groupes unis simplement par une idéologie de liberté?

     

     Questions d'Orient/ Le 01/10/2013


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