• Hamas / Syrie:

    jeux de pouvoir et alliances géopolitiques

     

    Dans un Moyen-Orient en feu avec les crises diplomatiques qui secouent des régions sensibles, la crise syrienne va-t-elle influencer les relations entre les différents courants de résistance palestiniens et Damas ?

    La réponse évidente est oui. Une telle crise, une telle guerre civile ne peut guère ne pas laisser des séquelles sur des relations diplomatiques sur quand elles contraignent le camp palestinien à "choisir" qui soutenir. Des séquelles, il y a en aura mais des séquelles il y a déjà. Déjà car il faut prendre en compte les 525 000 réfugiés palestiniens de la guerre syrienne parmi lesquels 2000 ont déjà trouvé la mort. Et il faut aussi compter sur les systèmes d'alliance qui font justement de ce monde arabe un lieu stratégique hautement instable. La crise va incontestablement va rendre très compliqué le maintien de ce réseau d'accords qui arabes et régionales qui avaient pu être mis en place entre les deux partis.

    Il faut dire que la Syrie a toujours été la première en scène dans la question palestinienne et elle s'est notamment rapidement orientée vers le "front du refus" comme on le nomme, dont elle aurait même pris la tête. Ce "front" se caractérise par un refus catégorique des résultats possibles des l'accords de Camp David (1978) et d'Oslo entre l'OLP d'Arafat et Israël en 1993.

    Cette position de ferme résistance à l'État sioniste de la part de la famille Assad a conduit le régime de Damas à faire jouer son jeu d'alliance pour accueillir en son sein des factions palestiniennes de gauche notamment en opposition avec la politique d'ouverture et de négociation prônée par l'OLP. Citons notamment le mouvement du Front Populaire de Libération de la Palestine (FLPL).

    Mais Damas a surtout assuré l'asile au Mouvement de la résistance Islamique: le Hamas créé pour contrebalancer le Fatah d'Arafat. Cet accueil était d'ailleurs totalement en contradiction avec la ligne politique syrienne, pays se disant laïc et avec la ligne religieuse prônée par la famille Assad farouchement opposée aux Frères Musulmans dont le Hamas constitue une branche. N'oublions pas la fameuse répression dans le sang du soulèvement de Hama au début des années 1980 mené initialement par la bourgeoisie sunnite et les Frères Musulmans de la ville syrienne. Mais il semblerait que l'alliance géostratégique ait dépassé les conflits d'intérêts communautaires et que la Syrie ait vu dans ce rapprochement la possibilité d'élargir sa marge de manoeuvre régionales et internationale et une voie pour renforcer son emprise sur le monde arabe et le Moyen-Orient.

     

    Le soulèvement populaire de mars 2011, réprimé par les armées de Bachar al-Assad ont largement changé la donne d'un point de vue géopolitique et a considérablement modifié les alliances.

    Les factions palestiniennes ont eu un choix à faire. Autant les factions de gauche n'ont guère hésité et ont clairement pris de le parti de Bachar en pointant la révolution du doigt et en dénonçant un complot occidental et sioniste pour mettre à mal la seule puissance largement menaçante pour Israël autant le Hamas a complètement retourné sa veste en se rangeant du coté de la rébellion armée.

    C'était une décision risquée et osée pour un parti alors enfermé dans la bande de Gaza et qui, mettant ainsi à mal l'alliance avec Damas mettait aussi à mal l'alliance avec Téhéran, allié de toujours de la Syrie chiite. C'était non seulement tout le bloc chiite du Moyen-Orient qui tournait subitement le dos au mouvement anti-sioniste mais c'était aussi 23 millions de dollars par mois, somme apportée par Téheran, qui n'abreuvaient plus les caisses du Hamas.

    Pourquoi prendre un tel pari ? Car la conjoncture géopolitique de l'époque lui permettait d'espérer un retournement de situation. Les calculs stratégiques du Hamas étaient fondés sur un changement d'alliances régionales en faveur des puissances montantes à l'époque (2011) à savoir les Frères Musulmans et le Qatar, principal soutien de la confrérie dans le monde arabe. Traduction immédiate du choix politique, le Hamas a transféré en décembre 2011 son quartier général de la capitale syrienne à Doha.

    A ce moment là aussi, l'émirat qatari, petit poucet du Proche Orient misait aussi sur l'ascension fulgurante des Fréristes en Égypte qui étaient sur le point de remporter la majorité aux premières élections législatives post-Moubarak.

    Finalement, c'est dans une réflexion globale que s'est situé le Hamas, misant sur une victoire générale des partis islamistes à l'issu des "Printemps Arabes". On en voyait déjà des prémices encourageants en Tunisie avec Ennahdha ou en Égypte avec Mohamed Morsi. Le parti de la résistance espérait alors que la Syrie et la Libye puissent passer à un pouvoir religieux. Les forces islamistes auraient ainsi pu dominer et se réapproprier les résultats de révolution donnant ainsi un solide atout au Hamas face au Fatah et à l'Autorité Palestinien de Mahmoud Abbas.

    Visiblement, Abbas a choisi, plus judicieusement semble-t-il, une attitude plus neutre vis-à-vis du conflit syrien bénéficiant ainsi d'une marge de manoeuvre plus importante sur les territoires sous son contrôle.

    En réalité ce sont des rapports assez froids qui ont toujours liés Damas et Abbas pour la simple et bonne raison que Damas soutient l'opposition hostile aux politiques de négociations avec Israël menées par l'OLP. Le Fatah, de son coté a toujours nourri de forts doutes quant aux intentions futures de Damas qui aurait pu facilement vouloir faire main basse sur la question palestinienne.

    Dans tous les cas, le mouvement de Cisjordanie s'est abstenu de tout soutien à la révolte armée qui a gagné le territoire syrien par peur de réactions hostiles de Damas mais aussi et surtout des factions palestiniennes sous son giron dans un moment où le parti entamait un processus de négociations très complexes avec Israël en vu d'un accord.

     

    Mais finalement, le Hamas a mal joué et ses calculs n'ont pas abouti. En juillet 2013, Morsi et toute la confrérie sont renversée par l'armée et le général (aujourd'hui futur président) Abdel Fattah al-Sissi et le Qatar a connu un très fort recul de son influence dans le monde arabe dans des conflits internes avec les autres pays membres du CCG (Conseil de Coopéraiton du Golfe). Dans le même temps, le nouveau régime dans le pays de Pharaon a entamé une véritable chasse aux sorcières contre les fréristes en réprimant les manifestations, en sanctuarisant la justice pour se permettre de condamner 523 personnes à mort et en pratiquant les arrestations massives. De facto, le mouvement du Hamas se vite retrouvé dans le collimateur de Sissi et de l'institution militaire égyptienne pour ses relations amicales avec les Frères Musulmans et pour sa proximité inquiètante avec les nouveaux mouvements terroristes du Sinaï (notamment Ansâr Beït al-Maqdess), le mont étant en contact direct avec la frontière de Gaza. Cela a entraîné une vaste campagne militaire en Égypte qui a conduit à la fermeture et à la destruction de plus de 90% des tunnels de contrebande d'armes entre l'Égypte et Gaza provoquant une chute massive et dramatique des revenus pour le Hamas.

    Totalement isolé sur le plan diplomatique et financier (en crise actuellement) le Hamas n'a eu d'autre choix que de chercher à se rapprocher de Téhéran à la fin de l'année 2013. Cela s'est traduit par quelques rencontres notamment une à Téhéran. Mais ce fut un rapprochement qui a laissé des marques dans l'idéologie deu Hamas, contraint de faire preuve d'indulgence vis-à-vis des groupes islamistes palestiniens plus radicaux, soutenus par l’Iran, comme le Djihad islamique, dans la bande de Gaza. Or, ces groupes défient ouvertement l’autorité du Hamas et affichent leur ambition de partager le gâteau du pouvoir avec lui. De plus en plus incontrôlables et enhardis par l’ascension des groupes djihadistes dans le conflit syrien, ces islamistes radicaux, dont plusieurs combattent aujourd’hui aux côtés de "l’Etat islamique en Iraq et au Levant" (EIIL), qui s’inspire d’Al-Qaïda, pourraient poser à l’avenir un sérieux défi au pouvoir de ce mouvement.

     

    Questions d'Orient - Le 23 avril 2014


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  • Liban:

    les voeux des hauts placés libanais

     

    Les tribulations vont bon gré alors que le Liban s'apprête à élir un président pour succéder à Sleimar qui a assuré ne pas vouloir prolonger son mandat... Alors chacun fait ses voeux. Mais alors, qui peut actuellement prétendre sérieusement à prendre sa place ? Dans un Liban morcelé dans les différents courants réactionnaires, politiques et religieux, difficile actuellement d'y voir clair alors même que Samir Geagea n'exclut pas un vide présidentiel, terrible scénario pour le Liban en proie à une dérive sécuritaire plongeant le pays dans le chaos sur fond de guerre syrienne et de tensions communautaires.

    Le vice-président du conseil exécutif du Hezbollah, le parti chiite pro-Assad, le cheikh Nabil Kaouk, a déclaré dimanche que son parti est partisan de l'élection d'un président qui serait "craint par Israël". Le mot important du message était le fait que le Hezbollah refuserait un président au Liban si ce dernier se posait en adversaire de la résistance et en adversaire de la Syrie baathiste et assadiste. N'oublions pas que cette déclaration envers l'allié syrien n'arrive pas au hasard: ce week-end, le parlement syrien a annoncé la date de l'élection présidentielle où Bachar al-Assad devrait être réélu.

    Mais ces déclarations interviennent aussi alors que les députés libanais sont convoqués le mercredi 23 avril pour un premier tour de scrutin dans la cadre de la présidentielle visant à élire un successeur à Michel Sleiman dont le mandat expire le 25 mai. "Nous cherchons à assurer l'élection d'un président fort qui serait craint par Israël et que l’État hébreu ne voudrait pas voir au palais de Baabda. Le Liban est à la veille d'un moment d'envergure nationale qui concerne tous les Libanais, et le Hezbollah est très préoccupé par le cours de cette élection présidentielle. Il n'est pas un simple spectateur", a rajouté cheikh Kaouk. Le vice-président de l'exécutif du parti de Dieu a aussi d'appelé ceux qui  "parient sur l'élection d'un président anti-résistance et anti-Syrie" à ne guère espérer de tels résultats d'une élection au Liban, soulignant que "le Liban ne peut tolérer un tel président".

    Cheikh Kaouk a défini le type de président qu'espérait son parti pour pouvoir tenir un Liban en proie aux affrontements:  "président fort" et étant "le plus solide au niveau national et dont l'élection représenterait un message de fermeté et d'invincibilité face à Israël et aux takfiristes".

     

    Cette élection arrive dans un moment de tension entre le président sortant, Michel Sleiman et le parti chiite au Liban notamment sur les questions des moyens de la résistance et sur l'ingérence et le soutien du parti aux troupes du président Assad en Syrie.  Le président a notamment qualifié, dans un discours début mars à l'Université Saint-Esprit de Kaslik, d'"équation en langue de bois", la formule "peuple-armée-résistance" prônée par le Hezbollah pour ces élections.

    Ce à quoi le parti chiite a répondu en me mâchant pas ses mots que M. Sleiman ne savait guère faire la "différence entre l'or et le bois" et requérait des "soins spéciaux". Depuis cette passe d'arme, le chef de l’État libanais multiplie les injonctions à un désengagement du parti chiite du conflit syrien et à la mise en place d'une stratégie de défense avec l'État comme autorité de référence. Ces déclaractions constituent une attaque directe contre les armes du Hezbollah qui sont actuellement placées hors de la tutelle de l’État.

    "Le Hezbollah a pris des positions inappropriées et j'ai fait des remarques que les responsables du parti n'ont pas appréciées", a indiqué dimanche M. Sleiman à l'issue d'une réunion à huis-clos avec le patriarche maronite Béchara Raï avant la messe de Pâques à Bkerké avant d'ajouter que "le président doit préserver la Constitution et la souveraineté du pays et il ne représente aucune partie en particulier", donnant ainsi un avant-goût de ses attentes pour ce changement de président.

     

    Tandis que les fractures idéologiques et politiques divisent et font craindre un vide présidentiel à l'issu des élections, Michel Sleiman a de nouveau rappelé dimanche qu'il refuserait toute tentative visant à prolonger son mandat: "L'extension du mandat de n'importe quel responsable n'est pas démocratique malgré la prorogation actuelle du mandat du parlement".

    Dans le même temps, M. Sleiman a dit souhaiter l'application du programme de Samir Geagea, chef des FL (Forces Libanaises) en affirmant que "le programme présidentiel de Samir Geagea était national et souverain, j'espère qu'il sera mis en œuvre". Par ailleurs, seul Samir Geagea a officiellement fait acte de candidature jusqu'à présent. Ce dernier a fait connaître son programme électoral mercredi.

     

    Mohammad Raad, chef du bloc parlementaire du Hezbollah a mis en garde vendredi dernier contre tout "aventurisme" dans les candidatures à l'élection présidentielle, tout en laissant ainsi entendre que celle du chef des Forces Libanaises pourrait retarder le déroulement de cette échéance.

    Le patriarche maronite Béchara Raï a aussi donné son avis sur la présidentielle, point de vue important sachant le rôle intermédiaire que jouent actuellement les chrétiens au Moyen Orient, souvent pris dans l'engrenage des conflits idéologiques entre sunnites et chiite. Pour sa part, il a exhorté dimanche les députés à se rendre aux séances parlementaires pour permettre l'élection un nouveau président libanais. "Les députés doivent jouer leur rôle et élire un nouveau président. C'est un honneur pour les députés d'élire le chef de l’État", a-t-il rappelé, rejetant toute possibilité d'un vide à la tête du pays lors de son sermon à Bkerké. Le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Monseigneur Élias Audi a lui aussi rappelé, lors de son sermon de Pâques en la cathédrale Saint-Georges, au centre-ville de Beyrouth, l'importance de l'élection d'un nouveau président dans les délais pour que le Liban puisse être remis sur la bonne voie, que les frontières soient sécurisées et que le pouvoir puisse mettre un solide cran d'arrêt à la dérive sécuritaire.

     

    "Le vide est possible si l'autre camp décide d'entraver le processus démocratique ou si les centristes ne veulent pas assumer leurs responsabilités" a déclaré quant à lui Geagea lors d'une interview à la chaîne quatarie al-Jazeera diffusé lundi soir. Le leader des FL estime toutefois que le vide présidentiel ne devrait pas engendrer une situation de chaos sécuritaire.

    Concernant le rapprochement entre le Courant du Futur et le Courant patriotique libre (CPL), M. Geagea a assuré soutenir "les discussions ouvertes entre tous les Libanais" tout en démentant par ailleurs, les informations selon lesquelles les puissances régionales et internationales pousseraient à l'élection du chef du CPL, le député Michel Aoun, en raison de sa proximité avec le Hezbollah qui pourrait permettre la conclusion d'un accord sur les armes du parti chiite. Soulignant ne pas avoir reçu d'indication en ce sens, il attribue ces informations à une campagne médiatique organisée par le parti du 8 Mars.

     

    Questions d'Orient - Le 22 avril 2014


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  • Égypte:

    la nostalgie d'un temps passé

     

    "C’est la profonde ignorance qui inspire le dogmatisme" disait Jean de la Bruyère. Il semblerait que ce soit bien le phénomène qui ronge les université égyptiennes depuis un certain temps, les cours ayant laissé place aux engagements politico-religieux pour faire vivre des partis qui n'existaient pas avant le soulèvement du peuple contre le pouvoir Moubarak.

    Ce qui est frappant quand on parcourt quelques articles de journaux égyptiens et de presses locales c'est la profonde nostalgie de certains face à ces mutations au coeur de l'appareil chargé de former les adultes de demain. Les questions qui émergent pour la génération qui est actuellement celle des professeurs sont: comment les étudiants vivent-ils ces périodes troubles ? Comment appréhendent-ils demain ? Qu'elles peuvent être les ressemblances entre l'université d'hier que ces professeurs ont connu et celle d'aujourd'hui minée par les revendications de tous, et rendue inefficace par les clivages communautaires qui divisent l'Égypte.

    Alors pour rêver encore un peu, on se souvient de ces couloirs d'une université pleinement au service de la patrie (al-watan). On se souvient quand le mot université était celui qui faisait vibrer les jeunes écoliers, quand cette institution était au coeur des parcours de réussite. On se souvient quand les lieux de vie en commun qu'étaient la caféteria, les jardins étaient des lieux de partage tant amicales qu'étudiants pour discuter et réfléchir sur l'avenir. Certains ont aussi en tête les activités sportives et touristiques que proposaient l'université et qui, pour certains étaient aussi le moyen de s'évader vers d'autres lieux qui leur étaient fermés dans une sphère familiale introvertie.

    Je note aussi le regret des professeurs, hier vénérés par leurs étudiants et complices d'ailleurs car ce respect était mutuel et les professeurs ne comptaient guère leur temps quand il s'agissait d'aider ou de discuter avec leurs étudiants. Le professeur était l'homme qui avait réussi, l'homme dont le parcours était à suivre.

    Aujourd'hui, ces hommes tristes de la décadence voient l'université comme le lieu malade du pays et ça n'est d'ailleurs pas complètement faux. Au lieu d'être la figure de l'ouverture du pays à la science, d'être le laboratoire de recherche, fierté d'une patrie, elle est l'arène du combat...mais du vrai combat ! Elle peut être l'arène du mécontentement politique, des clivages religieux mais quand elle devient l'arène des bombes là oui, nous pouvons admettre que son rôle se perd et que son enceinte est pervertie.

    Alors, oui, la bibliothèque, lieu du savoir compilé, les salles de cours et les couloirs se vident de leurs flots d'élèves dans les moments creux. D'autant que, comme le note un certain nombre d'universitaires et de journalistes, la vie universitaire dévie vers d'autres cieux, des cieux bien plus sombres. Les étudiants semblent avoir réinvesti les lieux universitaires pour en faire la facade de leurs manifestations, pour protester ou insulter à tout-va, oubliant et laissant de coté par là le devoir qu'a tout étudiant vis-à-vis de son établissement et vis-à-vis de lui-même. Laissant tomber les bancs de l'université et se laissant tomber lui-même dans des abysses de revendications politico-religieuses, c'est le vivier de l'Égypte de demain qui est en jeu...et nous savons tous ô combien un pays qui sort d'une révolution a besoin du renouvellement des générations pour se structurer !!

    La cause majeure de cette décadence de l'université semble être à lire dans l'inversion des notions notamment due à une confusion entre la formation universitaire, la culture et la religion, cette dernière ayant pris un poids considérable dans l'échiquier des forces en présence depuis la révolution de février 2011 et le retour en force du parti frériste.

    Alors on se retrouve dans une situation où chacun s'essaie à l'argumentation pour défendre son point de vue ou celui de son groupe. La religion contre la démocratie, les Frères contre les laïcs, l'université contre le dogmatisme. Ce sont des notions que certains veulent envisager séparemment les unes des autres car selon eux religion ne doit/peut pas être compatible avec démocratie tandis que d'autres vantent la particularité de la situation égyptienne: en Égypte, la religion c'est plus qu'une simple affaire civilisationnelle, c'est un mode de vie et au vu de la position de la religion dans le pays de Pharaon, la démocratie doit devenir affaire de religion et la religion doit être la parole qui guide l'Égypte vers le futur.

    Je me permettrais de faire part de mes doutes quant aux succès d'une initiative semblable tant cela semble vouer à l'échec. Nous en avons eu l'illustration en Tunisie où le mouvement du rassemblement (Nahda -> Ennahda) n'a pu être assimilé à une civilisation ne voulant ni autoritarisme ni foi.

    Autant dire qu'en Sissi incarnant le renouveau de l'autoritarisme face au terrorisme, et les Frères Musulmans proches d'une doctrine islamiste prônant un pouvoir religieux, rien ne semble coller en Égypte avec les revendications de février 2011. Enterrement des principes d'une révolution ou renouveau pour adaptation aux différentes mouvances qui apparaissent ? Le futur proche devrait parler...

     

    Questions d'Orient  - Le 19 avril 2014


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  • Syrie:

    la guerre si bénéfique du Hezbollah

     

    Pourquoi une intervention si ferme et si affirmée en Syrie de la part du mouvement de Dieu, avant tout créé dans l'optique de résistance à Israël ?

    En Syrie, les enjeux sont tout autre et dépassent même la division communautaire chiites - sunnites même si cette dimension n'est pas à écartée.

    Le mouvement a fait ses premières armes dans le sud Liban contre Israël. Actuellement, il parachève sa "formation" et sa capacité tout-terrain qu'on lui connait bien contre les rebelles syriens opposés au président Assad. Et ce n'est pas tout. Avant d'être un engagement militaire, c'est aussi une expérience très précieuse que le mouvement acquiert là en terme de lutte anti-guérilla.

    D'ailleurs, on observe très nettement un changement notable dans le vocable général et le comportement du parti depuis 18 mois. D'une victimisation et d'un statut de "gibier des armes lourdes sionistes" on est passé à un parti, "chasseur de takfiri" désignant, dans la terminologie chiite, les extrémistes sunnites radicaux qui luttent contre Assad et contre autre forme de pouvoir différent du califat.

    "Une nouvelle génération de combattants du Hezbollah apparaît en Syrie. Ils sont devenus très bons dans la tactique de petites unités capables de s'adapter sur le terrain face à des ennemis en chair et en os", explique Andrew Exum qui est un ancien responsable au ministère américain de la Défense.

    Il s'agit certes d'une force organisée mais aussi d'une force physique qui pèse avec ses 5000 combattants en Syrie. On ne comptabilise pas les milliers d'autres sont en cours de formation dans les territoires chiites libanais attendant le déploiement en terres syriennes. Certains responsables du parti auraient fait état d'une telle vague de demande d'engagement qu'il ne leur était même plus nécessaire de mener des campagnes de recrutement pour grossir leurs rangs.

    Nous avons connaissance actuellement des processus de recrutement. Le "Hezb" prend contact avec la personne et effectue une enquête sur sa personne et notamment sur ses connaissances religieuses. La personne recrutée se rend alors en formation en Liban, pays d'implantation du Hezbollah et les premiers contacts auraient lieu en région de Baalbeck ou dans certains villages isolés chiites du sud. La formation dure entre 40 jours et un mois selon des combattants. Quelqu'uns de ces "formés" seraient ensuite envoyés en Iran, haut de lieu du chiisme et faille dans l'arc sunnite du Moyen-Orient, pour se spécialiser dans les fonctions de commandement et d'utilisation d'armes lourdes.

    Le journal franco-libanais l'Orient-Le Jour confie quelques témoignages de combattants dont celui d'Abou Ali: "En 2006, l'ennemi était clairement identifié : c'était Israël. Mais en Syrie, ils sont multiples (les djihadistes) de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) ou ceux du Front al-Nosra, de l'Armée syrienne libre (ASL)".
    Le combattant quadragénaire explique que "Ici, nous connaissons parfaitement notre terre, mais en Syrie, le terrain ne nous est pas familier et en plus il est vaste et divers : il y a du désert, de la montagne et des vallées", mettant en exergue les mutations territoriales, organisationnelles et guerrières auxquelles les combattants ont du faire face.
    Jeffrey White, ancien responsable du renseignement militaire américain, pense
    quant à lui que le conflit en Syrie permet au Hezbollah "d'acquérir une bonne connaissance de la guerre irrégulière et une expérience du combat" ce qui semble incontestable tant le mouvement semble présent sur tous les théâtres importants depuis la dérive sécuritaire que le conflit a engendré au Liban et depuis que ses centres névralgiques au pays du Cèdre aient été frappés par des bombes en provenance des zones frontalières du Qalamoun.
    "Le Hezbollah mène des opérations offensives. Cette guerre (...) nécessite des unités plus importantes, des combats de longue durée et des manœuvres complexes",déclare le spécialiste dans un rapport du Centre de lutte contre le terrorisme.

    Mais le Hezbollah ne se contente pas simplement d'oeuvrer aux côtés de l'armée arabe syrienne dans ses assauts contre les points insurgés. Le Hezbollah est aussi un acteur actif de l'encadrement des unités de milice et de l'armée qui ne dispose pas toujours d'une expérience suffisante dans le maniement d'armes lourdes ou légères en milieu urbain et face à une guérilla. 

    "Ils n'ont pas d'expérience de la guerre urbaine ni comment agir avec la guérilla, alors c'est nous qui dirigeons la bataille, et nous les avons entraînés sur la manière de se comporter dans ce type de bataille et comment utiliser certains types d'armes", ajoute Abou Hussein, un autre combattant du Hezbollah à l'Orient-Le Jour.
    Cette expérience sur un vrai champ de bataille est précieuse pour le groupe. Désormais, le parti de Dieu possède "des cadres qui ont acquis la pratique de conduire des opérations offensives en milieu urbain" pour l'institut d'étude de la guerre à Washington.

    Néanmoins cette adaption n'est pas sans dommages collatéraux pour le Hezbollah: la guerre en Syrie c'est 300 morts et une rhétorique entière à changer alors qu'elle était centrée sur Israël.

    Le chef du mouvement chiite récemment interrogé concernant l'intervention en Syrie a estimé qu'elle était nécessaire et légitime pour un parti du Liban pour empêcher l'intrusion d'extrémistes religieux sunnites de pénétrer dans le pays du cèdre. Il a aussi tenter (à chacun de juger la cohérence et la réussite d'un tel rapprochement) tenter de lier ses ennemis dans un complot "americano-israélo-takfiri"... Pas mal !

    Enfin, pour conclure sur cette ingérence du Hezbollah en Syrie, il faut noter que beaucoup de combattants y sont pour défendre les lieux saints de l'islam chiite qui ont pu déjà être la cible de destructions de la part de groupes extrémistes (EIIL, JaN).

    "Le conflit est présenté comme un "djihad" défensif pour protéger les lieux religieux et avec en arrière-plan la crainte pour leur confession dans la région", selon Philip Smyth, chercheur sur le mouvement islamiste à l'université du Maryland.

    On retrouve là, indubitablement l'aspect communautaire, confessionnel qui prend le pas puisque l'ingérence du Hezbollah en Syrie est un facteur de déstabilisation des populations sunnites du Liban qui condamne cette intervention tandis que peu de chiites semblent être dérangés par cette intervention.

     

    Questions d'Orient - Le 17 avril 2014


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  • État Palestinien:

    la construction ; d'un fait historique à la résistance armée

     

    Arabes israéliens, communautés et discriminations (2/4)

     

    Si, dans les représentations géopolitiques que nous pouvons en avoir, un possible État palestinien doit passer par un territoire et nous en avons vu les enjeux la semaine dernière, il doit aussi passer par une identité, un nationalisme palestinien répercuté dans le voisinage direct du territoire du même nom.

    L'enjeu d'aujourd'hui sera de s'interroger sur le rôle, la fonction, le statut aussi des Arabes israéliens; ces Arabes qui ont choisi de rester sur la terre devenue officiellement Israël en 1948.

    Lors de la proclamation de l'indépendance et donc de l'existence du pays hébreu en 1948, les Arabes locaux ont deux choix: partir ou rester. C'est assez simple, il faut le reconnaître. 750 000 choisiront de partir de leurs foyers respectifs pour immigrer vers la bande de Gaza, vers les pays voisins ou vers la Cisjordanie. Le reste, c'est-à-dire 156 000 Arabes restent en Israël.

    Aujourd'hui qu'en est-il ? Ils seraient pas moins de 1,4 millions actuellement en Israël représentant 20% de la population. Il s'agit donc d'une minorité certes mais d'une minorité majoritaire parmi les minorités car 20% d'une population est un chiffre qui est significatif, assez du moins pour qu'ils ne passent pas au travers de l'échiquier politique israélien comme des fantômes et assez pour qu'ils réussissent à faire vivre le nationalisme arabe et palestinien en Israël.

     

    Qui sont-ils ?

    Qui sont-ils qui ? Les Arabes palestiniens bien sûr car au-delà de la dénomination d'Arabe, cette masse de population comprend différentes ethnies confessionnelles.

    Parmi les 1,4 millions actuels, il y a une forte majorité de musulmans: 84%. Deux autres minorités sont présentes: les chrétiens et les druzes toutes deux rassemblant 8% des populations restantes. Il faut bien prendre en compte cette prégnance de l'Islam au sein des populations arabes pour prendre compte par la suite des revendications plus ou moins fortes de chacun.

    La majorité de ces populations se considèrent pleinement comme Palestiniens citoyens d'Israël. Ces Arabes d'Israël sont citoyens donc égaux en droit et soumis à la même loi que leurs voisins juifs, loi datant de la création de l'État hébreu en 1948.

    Mais pourtant ce n'est pas le cas et les différences de traitement sont très creusées en fonction des communautés. Prenons avant tout conscience de ce que l'on appelle communautés en Israël. Trois communautés sont reconnues par l'état civil: les Juifs, les Arabes et les Druzes.

    Tout le monde connaît les deux premières en revanche la troisième sonne comme une inconnue. Les Druzes sont une branche ismaïlienne du courant chiite de la religion musulmane. Les populations druzes sont présentes en Israël mais aussi beaucoup au Liban et en territoire syrien. Alors, nous pourrions nous dire qu'ils devraient être inclus parmi la communauté arabe. Mais non car les populations druzes cultivent un sens particulier du nationalisme et de la reconnaissance de l'État qui accueille. En effet, ils font preuve d'une fidélité, d'un dévouement et d'une loyauté inconditionnels pour le pays hébergeur. Et cette fidélité a porté ses fruits avec Israël puisqu'en 1961, les Druzes gagnent une nationalité différente de celle des Arabes. En 1956, a été signé un pacte affirmant ces liens entre les deux peuples. C'est aussi de cette manière que bon nombre de Druzes atteignent des hauts postes au sein d'institutions prestigieuses d'Israël comme notamment celui d'officier dans l'armée. Ce statut que nous qualifierons de préférentiel leur assure aussi un certain nombre d'avantages en terme d'éducation puisque les Druzes disposent de leur propre programme scolaire.

    C'est un statut qui peut d'ailleurs être mis sans gêne en parallèle avec celui des Juifs qui bénéficient eux aussi de droits exclusifs notamment à la loi du retour: tout juif dans le monde peut venir élir domicile en Israël et recevra la nationalité israélienne.

    C'est donc cette citoyenneté tout sauf linéaire et largement adapté en fonction des cas qui semble se traduire par un certain nombre de problèmes récurrents surtout pour les populations arabes subissant des discriminations.

    En 2010, un rapport de l'UE qui avait été rédigé par quelques ambassadeurs de pays membres avaient pointé du doigt ces ségrégations et ces décalages sociaux exacerbant le fossé entre les communautés. Selon le rapport, 50% des Arabes d'Israël vivraient sous le seuil de pauvreté et seuls 3 des 20% d'arabes possèderaient une terre. C'est incontestable, les Arabes d'Israël non pas les mêmes droits; ils sont des citoyens de seconde zone.

    Toutefois, si nous présentons ici ce processus de relégation comme très fort actuellement il faut préciser qu'il n'est pas récent et que la condition des Arabes s'est même améliorée. Entre 1948 et 1966, les Arabes d'Israël vivaient sous le giron d'une administration militaire et n'avaient d'autres droits que celui de voter, droit assez secondaire il faut le reconnaître lorsque l'on a d'autre choix que de voter pour un parti pour lesquel on ne se sent pas concerncé.

    Une évolution, une stabilité puis un recul c'est certain depuis l'arrivée au pouvoir d'une alliance représentant la droite nationaliste et concrétisée par le duo Lieberman/Netanyahy. Dès lors, la situation économique des Arabes d'Israël a décliné et la moyenne du chômage a surpassé la moyenne nationale pour arriver à 11% chez les hommes pour 18% chez les femmes en parallèle avec une moyenne nationale de 6%. Les Arabes sont donc très peu intégrés économiquement parlant et le secteur arabe ne compte que pour 8% dans le PIB national. Une intégration très délicate et rendue très délicate par la montée d'une méfiance de la communauté hébreue vis-à-vis des Arabes.

     

    Et le nationalisme arabe politique ?

    Si ces populations sont largement marginalisées de la société, qu'en est-il en politique ? La réponse pourrait aller de soi...difficile d'être présent en politique et au ban de la société. Mais il y a bien eu processus d'intégration politique, un processus long, pas linéaire mais concret.

    Jusqu'aux années 1980, les Arabes sont restés loin du champ de la vie politique et beaucoup se dirigeaient vers des partis de consensus sioniste tel que le Parti National Religieux ou le Parti Travailliste.

    Pour Laurence Louer, chercheur au Centre d’Études et de recherches internationales (CERI),"il ne faut pas voir dans ce comportement politique des affinités idéologiques mais l’effet de réseaux de clientèle très efficaces". Nous l'avons dit, les Arabes avaient eu rapidement le droit de vote et il est vrai qu'il ne faut guère chercher dans les votes d'autres logiques que celles d'un vote stratégique. Les Arabes ont eu intérêt très rapidement à viser les ministères essentiels pour leur "survie" et pour une possible reconnaissance et représentation de leurs intérêts vitaux à savoir l'éducation et la justice.

    En terme d'éducation, très peu d'étudiants avaient accès aux enseignements supérieurs comme l'université en raison notamment la barrière langagière: beaucoup d'universités sont hébraïques représentant une barrière pour des étudiants de langue arabe maternelle.

    La communauté arabe revendique de la même manière une répartition équitable des budgets destinés aux cultes.

    L'année 1980 est un tournant pour les représentations des intérêts des Arabes israéliens dans l'échiquier des nationalismes. Non seulement car les populations arabes d'Israël vont commencer à s'introduire comme jamais dans le jeu  politique du pays à travers des partis variés mais aussi car les revendications palestiniennes prennent un tout visage avec l'apparition du Fatah (Parti de la Libération) par Yasser Arafat au Koweït en 1959. Les mutations sont donc bien intérieures et extérieures et les liens entre les deux ne peut être négligé.

    En Israël, de nouveaux mouvements regroupent des Juifs et des Arabes. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, leurs membres ne nient pas Israël mais demandent un territoire palestinien officiel dans ses frontières de 1967 ainsi que l'égalité entre Juifs et Arabes sans laquelle la vie pour les populations arabes est rendue à la limite de l'impossible en Israël. 

    La particularité de ces nouveaux mouvements naissants est qu'ils vont parvenir à faire partie intégrante pendant des nombreuses années de la scène politique en négociant et collaborant implicitement via le jeu des élections avec des partis gouvernementaux comme le parti travailliste. Le front démocratique pour la paix et l'égalité créé en 1977 de la fusion entre le Parti Communiste israélien et les mouvements d'étudiants va réussir ainsi à s'immiscer dans le jeu politique. Jusqu'en 1984 il va même être l'unique parti nationalisme arabe présent dans la Knesset.

    En marge de ces mouvements ne négligeons pas la mouvance islamiste bien présente. Elle est parvenue assez habilement à se tailler une place politique via des réseaux associatifs comme l'association d'al-Aqsa, la mosquée de Jérusalem.

    Globalement, ces mouvements émergents ont connu un succès car ils ont été perçus par les Arabes palestiniens comme un moyen de se fédérer par le bas dans l'identité palestinienne anéantie en Israël.

    Pour ce mouvement politique et populaire on parle de "palestinisation du vote arabe" sachant que la plupart des électeurs arabes ont voté pour ces nouveaux partis ces dernières années. Ainsi on passe de 78% d'électeurs arabes ayant choisi ces partis aux législatives de 2003 à plus de 83% à celles de 2009. L'augmentation est significative et traduit la prégnance de ces partis au sein de la société israélienne, pas si imperméable que ça.

    Mais si ces mouvements ont pu être une réussite dans la réappropriation de l'identité palestinienne, ils ont aussi été source d'une nouvelle méfiance de la société israélite vis-à-vis de la population arabe tant au niveau des forces gouvernementales qu’au sein même de la société israélienne. Ils vont devenir les ennemis de l'intérieur et ce fossé va se creuser avec le déclin du parti travailliste et l'affirmation de la droite nationaliste à travers les partis du Likoud (Bloc national des libertés) né en 1974 et le parti Kadima (En avant) né sur initiative d'Ariel Sharon en 2005.

    Cette méfiance n'a pas été sans causes directes et profondes pour ces partis. Les principales forces politiques arabes comme le Parti démocratique arabe, le Mouvement islamiste ou le Mouvement arabe pour le changement sont marginalisés et ont perdu à peu près tout leur poids gagné dans la bataille politique en Israël. Pour autant de nombreuses associations ont  pu prendre le relais. C’est par exemple le cas du Centre juridique de la défense de la minorité arabe en Israël (Adalah) qui demande l’application effective en Israël du principe de non-discrimination entre les citoyens.

    .Pour autant, même si les Palestiniens d’Israël souhaitent une reconnaissance de leur appartenance à la nation palestinienne, ils ne souhaitent pas dans leur grande majorité changer de citoyenneté si un État palestinien voyait le jour. Alors comment expliquer un tel positionnement ?

    C'est aussi parce que ce statut d'Arabe d'Israël, le statut de citoyen secondaire "limite la casse". C'est un moindre mal face à une Autorité palestinienne qu’ils voient comme fragile, corrompue, poreuse et qu’ils pensent peu encline à améliorer leurs conditions de vie.

    Mais da droite nationaliste israélienne n’est pas tout à fait du même avis. Selon Avigdor Lieberman, chef de file de l’extrême droite israélienne, si un État palestinien voyait le jour, les Arabes israéliens auraient vocation (pour ne pas dire devraient) à être transférés dans ce nouvel État afin de garantir au mieux le caractère purement juif de l’État hébreu. Bien sur ce type de position interroge sur l’avenir du statut "Arabe" pour ces populations vivant en Israël. Pour Laurence Louer, "la véritable crainte pour Israël, c’est de voir apparaître, comme le prévoyait le plan de partage de 1947, un État palestinien, donc arabe, à côté d’un État juif qui ne le sera pas vraiment, puisque la population israélienne ne sera pas homogène".

     

    Questions d'Orient - Le 14 avril 2014


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