• Boko Haram: une secte islamiste au parcours mouvementé et indécis

    Boko Haram:

    Une secte islamiste au parcours mouvementé et indécis

    Abubakar Shekau, le chef présumé de Boko Haram.

     

    Les nouvelles sont fraîches concernant le groupuscule islamiste Boko Haram. Vendredi 15 novembre, le groupe a reconnu avoir enlevé le père Vandenbeusch à l'extrême nord du Cameroun, dans la nuit de mercredi à jeudi, lors d'une opération commune avec le groupe islamiste mieux connu Ansaru.

    Ce rapt intervient quelques mois après l'enlèvement en février 2013, de sept français.

    Mais qui est ce groupuscule assez peu connu, qui venait, mercredi, d'être placé par Washington sur la liste des organisations terroristes? A-t-il eu des liaisons avec AQMI comme le prétendent les Etats-Unis?

    Cette organisation qui a causé la mort de 3600 personnes au Nigeria lors de diverses attaques durant l'année 2009, n'a pas toujours été portée vers le rapt d'occidentaux.

    La secte a été créée très probablement en 2002. Tout se passe dans la mosquée de Maiduguni, la capitale de l'Etat fédéral de Borno. Cette mosquée accueille de plus en plus de fidèles qui viennent assister au prêche de Mohamed Yusuf. Et ses paroles ne sont pas anodines. Ce dernier critique la décadence morale de la société nigérianne et prêche pour l'application plus stricte de la charia, la loi islamique dictée par le Coran.

    C'est de cette manière que la secte s'est créée et Mohamed Yusuf est rapidement vu comme le leader spirituel. Il sera d'ailleurs arrêté plusieurs fois mais faute de preuve, il sera relâché.

    Mohamed Yusuf

     

    De 2002 à 2009, la nouvelle secte prônant une idéologie islamiste salafiste veut restaurer la pureté de l'Islam. Mais jusqu'à ce moment, ses actions sont restées cantonnées à des petites attaques sans grande importance.

    En juillet 2009, les relations avec les autorités locales se dégradent suite à une série d'arrestations de membres de Boko Haram pour...un refus de port de casque. Lors de ces arrestations, plusieurs membres de la secte périssent. C'est l'élément déclencheur d'actions de plus grandes envergures.

    Le groupe lance alors une série d'attaques que le président du Nigeria, Benjamin Goodluck va mettre à mal avec le soutient de l'armée après cinq jours de combat au cours desquels 700 personnes sont tuées dont au moins 300 de la secte. Les quartiers de Boko Haram sont détruits et Yusuf est abattu. Selon les forces de l'ordre, après son arrestation il aurait tenté de fuir et il aurait été tué. Selon les membres de Boko Haram, il aurait simplement été exécuté. Il était alors marié à 4 femmes et père de 12 enfants.

    Malgré la mort de leur leader, les membres du groupe se réorganisent dès 2010. Les membres quittent le nord du Nigeria et se lient autour de Abubakar Shekau. Cette réorganisation s'accompagne d'une radicalisation. Les attaques augmentent et leur étendue avec : la secte ne se contente plus d'attaquer les forces de l'ordre mais elle s'en prend aux politiques et aux religieux (chrétiens comme musulmans).

    L'année de 2011 est un nouveau tournant stratégique. Jusqu'à là, les attaques étaient restées cantonnées dans les territoires leur servant de bastion c'est-à-dire le nord-est du pays. Mais le 26 août 2011, un attentat suicide frappe Abuja, la capitale fédérale du centre. L'attentat visait le siège de l'ONU, un commissariat de police et les bureaux d'un quotidien. De plus en plus, le groupe vise aussi des églises à des moments importants: fêtes, dimanches...

    En 2012, le groupe se dissocie d'Ansaru, mouvement djihâdiste voulant suivre une stratégie plus internationale notamment en spécialisant dans le rapt d'occidentaux. C'est ainsi que le groupe réalise l'enlèvement de l'ingénieur Francis Collomp, le 12 décembre 2012. Aujourd'hui même (17/11/2013) l'otage serait libre après s'être échappé lors d'un échange de tir entre le groupe terroriste et l'armée du Nigeria.

    Pourtant le 19 février 2013, Boko Haram revendique l'enlèvement de la famille Moulin-Fournier au Cameroun. C'est la première fois que la secte islamiste réalise un enlèvement. Après deux mois de captivité, la famille sera relâchée.

    La secte apparaît alors comme fractionnée en de multiples branches opérant en semi-autonomie. D'après certains diplomates français, les membres de Boko Haram auraient aussi des liens avec AQMI. Al-Qaïda au Maghreb Islamique aurait entrainé des membres djihâdistes de Boko Haram alors que ces derniers étaient à Kidal au Mali.,

    Le 16 mai 2013, le président Benjamin Goodluck annonce une opération militaire de grande envergure lancée contre le groupe suite à ses multiples attaques. L'état d'urgence est décrété dans trois Etats fédéraux: Borno, Yobe et Adamawe.

    Suite à cette attaque, les islamistes ont été chassés en grande majorité des villes. Mais (et comme souvent avec les groupes djihâdistes) cela n'a pas marqué la fin des actions de guerre de la secte. De plus, les trois Etats placés en état d'urgence ont des frontières communes avec le Cameroun, le Niger et le Tchad. Les frontières étant poreuses, 10 000 nigérians ont fui les combats au Cameroun, dont un certain nombre de membres terroristes.

     

    Dans un climat de grande tension, cette secte se révèle pleinement suite à ses actions violentes et aux rapts multiples. Inspirée des méthodes d'AQMI, il s'avère justement que la secte Boko Haram a eu plus de liens avec la branche d'al-Qaïda au Maghreb que l'on ne pourrait le croire...

     

    Questions d'Orient Le 17/11/2013


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