• Liban: une ambiance de djihad...

    Liban:

    une ambiance de djihad...

     

    Encore une fois, les réseaux sociaux se seront tenus garants de la diffusion de la propagande islamiste d'al-Qaïda. Diffusée tard hier soir (mercredi 12 février 2014), une vidéo signée par les Brigades Abdallah Azzam affiliées à al-Qaïda a été diffusée sur tweeter portant le nom: "L'invasion de l'ambassade d'Iran à Beyrouth".

    Aucune invasion n'a eu lieu naturellement mais c'est aussi une façon se faire passer un message fort aux membres iraniens présents au Liban et avant tout au Hezbollah iranien plus que jamais présent dans le jeu politique, sociale et guerrier du Liban et de son voisin syrien.

    En 18 minutes de vidéos, on peut voir l'explosion du double-attentat suicide du 19 novembre 2013 contre l'ambassade iranienne à Beyrouth ainsi que d'autres actions de martyrs pour les membres de cette secte sunnite. Dans un message audiaux, les Brigades Azzam ont aussi annoncé la fondation de "L'association Ouzaï de production mondiale", dont l'objectif est de "dévoiler les vérités, montrer les faits et publier les informations concernant les opérations militaires des jihadistes". La vidéo ne se contente pas uniquement de ces quelque images mais elle affiche aussi des déclarations des kamikazes qui ont mené l'opération contre l'ambassade iranienne. Dans un ton et une terminologie testamentaire, Mouïne Abou Dahr prétend vouloir perpétrer cette attaque car "elle va causer de grandes pertes à l'ennemi". Il dit avoir de cette manière mené un combat direct contre l'État criminel c'est-à-dire l'Iran. Bien entendu il faut faire le lien direct entre ces déclarations et les combats actifs menées par les cellules détachées d'al-Qaïda dans le pays syrien contre le régime Assad soutenu directement par l'Iran. Une guerre à un régime "qui tue nos frères en Syrie"; un éloge et une référence directement à la solidarité musulmane idéale qu'est l'oumma mais qui ne se porte pas au mieux en Syrie...

    "J'ai eu l'honneur de participer aux combats à Abra (aux côtés du cheikh sunnite en cavale Ahmad el-Assir, ndlr)afin de défendre notre région et nos mosquées, après la couverture assurée par l'armée au parti de l'Iran (le Hezbollah)", rajoute Abou Dahr quelques minutes avant l'attaque, selon la vidéo.

    La propagande djihadiste semble bien rodée et les montages côtoient les images officielles. La vidéo enchaine avec les extraits d'un discours du secrétaire général du "Hezb", Hassan Nasrallah. Il assure être prêt à aller lui-même combattre en Syrie, légitimant et rendant officielle ainsi la présence du Hezbollah en Syrie. Il ne s'agit bien entendu pas d'adhérer à ces images ce qui consisterait à boire la propagande parmi la plus violente existante actuellement mais il s'agit néanmoins de voir que ce qui apparait comme des vérités non-vérifiables en terres iraniennes, étant donné le peu d'ouverture dont font preuve les dirigeants, est présenté naturellement et mobilise immédiatement le sens-commun qui ne peut alors que "tomber dans le panneau" et gober ces images pafois issues de montages ou d'une réalité d'un autre temps. Il est notamment question des exécutions sommaires par pendaison sur place publique. Il est indéniable que ces pratiques barbares ont été longtemps pratiquées notamment sous Ahmadinejad. Qu'en est-il maintenant? Ces exécutions sont pourtant présentés directement comme "des crimes de l'Iran et de ses sbires contre les sunnites dans plusieurs pays arabes".


    Le gros du message reste la perpétuellemise en garde contre le Hezbollah. "Le Hezbollah iranien et ses intérêts au Liban sont pour nous des cibles légitimes". Il donne une nouvelle fois qu'il combattra le parti chiite "par les moyens qu'il juge appropriés, jusqu'à ce qu'il retire ses combattants de Syrie, lui faisant assumer la responsabilité des conséquences"...dont le déplacement d'un terrorisme psychologique au Liban et la mutation vers une dérive sécuritaire de plus en plus remarquable dans le pays fragilisé par l'afflux massif de réfugiés syriens et par l'installation dans les zones frontalières et les jurds (Ersal, Qalamoun) des éléments les plus radicaux djihadistes qui y voient un refuge confortable pour se ressourcer après les attaques dans les alentours de Damas.

     

    Tout cela pour dire que malgré les coups d'éclats de l'armée libanaise qui a encore arrêté hier des kamikazes appartenant aux Brigades, le Liban reste très handicapé par l'absence d'unité nationale et par un vide de pouvoir alors que les tractions deviennent insuportablement longues pour tenter de former un gouvernement de transition.

    Ce que prouve des arrestations comme celles d'hier est l'influence que semble avoir pris le tissu terroriste dans la société libanaise. Les ramifications d'al-Qaïda sont profondes et l'unique but actuel est d'attiser sans cesse un conflit communautaire quasi-inévitable au stade actuel. La preuve en est que les femmes arrêtées conduisant des voitures piégées s'apprêtaient à viser un centre sunnite... La perversité des Brigades va jusqu'à demander le mouvement des populations sunnites des centres connus du Hezbollah sans que cela ne modifie leur cible. Le but est clair: tuer et déclencher la haine. La phase de méfiance semble actuellement dépassée.

    Mais à l'image de la majorité silencieuse, le milieu diplomatique semble désespéré de voir que les forces politiques poursuivent un bras de fer acharné mais n'étant destiné qu'à un but illusoire et qu'elles laissent totalement de coté les réalités spatiales et sociales, preuves d'une crise majeure du pays. C'est donc l'incompréhension de l'inactivité sur des questions somme toute assez banales alors que le terrorisme et la guerre civile frappe tous les mois à la porte. Pour l'instant l'armée tient...mais pour combien de temps? D'autant que le processus du gouvernement de transition semble avoit été stoppé à quelques semaines du moment crucial: les élections présidentielles.

    D'après un ambassadeur d'une nation puissante cité par l'Orient-Le Jour, il y aurait deux raisons à l'arrêt du processus. Tout d'abord, il s'agirait de la reprise de la campagne du régme de Damas contre le Futur, mouvement politique sunnite donc accusé régulièrement de financer la rébellion syrienne. La deuxième raison serait l'offensive majeure que vient d'entamer l'Armée arabe syrienne c'est-à-dire l'armée d'Assad contre la ville de Yabroud, verrou stratégique d'entrée dans le massif de Qalamoun, zone patriculièrement sensible et importante pour certains mouvements djihadistes et pour la stabilité du Liban. Selon le journal francolibanais, l'offensive aurait comme finalité l'agumentation du nombre de réfugiés syriens au Liban et l'exode des rebelles takfiristes à Ersal. Certains pensent que ce regain de priorité pour le pays libanais va donner l'impulsion nécessaire pour reprendre les tractions...

    Rien pour l'instant.

     

    Questions d'Orient - Le 13 février 2014


    Tags Tags : , , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :