• Liban:

    au milieu de tout, certain de rien

     

    Dans le pays au bord de l'implusion et aux frontières plus que jamais poreuses et floues, le discours politique mené par les différentes forces politiques risque à son tour d'échouer. La nouvelle séance organisée la semaine dernière est très mal engagée. 

    Avant son lancement, le député membre du Hezbollah Mohammad Raad a déclaré que son parti boycotterait cette session où sa place dans le plan sécuritaire est clairement remise en question. Longtemps dans le doute, les autres partis politiques alliés ou adversaires du gouvernement ont réagi très clairement après cette annonce officielle et plusieurs forces en présence ont à leur tour annoncé leur boycott. 

    Samir Geagea, le chef des Forces Libanaises (FL) a déclaré que ce désistement du Parti de Dieu montrait qu'il n'étais pas près au discours et s'est lui aussi retiré de ces discussions. Le chef du Parti Socialiste National Syrien (PSNS) Assaad, qui est allié au "Hezb" s'est lui aussi désisté.

    Cela n'annonce rien de bon pour les jours et semaines à venir dans un pays où les dossiers "chauds" se multiplient et ne peuvent être traités qu'avec un accord de toutes les forces politiques sans quoi le pays risquerait de plonger dans une guerre idéologique et civil. 

     

    Quel est l'objectif du plan sécuritaire ? 

    Concrètement, ce dialogue qui a débuté en novembre 2012 doit conduire à l'établissement d'une sérieuse et solide stratégie de défense du pays qui traverse une période turbulente. Ces turbulences qui conduisent le pays à des escarmouches ressemblant à une guerre civile sont à imputer à deux causes mais qui finalement n'en forment qu'une lorsque l'on regarde précisement les détails: le pays souffre grandement de la guerre syrienne dans le pays voisin. Cette guerre a incontestablement conduit à des ingérences multiples qui ont amené le pays du Cèdre à un glissement sécuritaire au sein des grandes villes désormais très clivées entre les différents clans pro ou anti-Assad, pro ou anti-Hezbollah et entre chrétiens, sunnites, chiites, druzes. 

    Le week-end dernier (dimanche très précisement), un nouveau plan de sécurité est entré en vigueur pour tenter de faire face aux violences endémiques. Le plan a été approuvé par le gouvernement et il prévoit de neutraliser les groupes fanatiques qui mènent une guérilla terroriste et ultra violente face à tous les représentants de la force publique au Liban. 

    Ce plan a connu une première phase avec un fort déploiement militaire à Tripoli dans les quartiers sunnites puis chiites. Une nouvelle intervention militaire est prévue; cette dernière doit cette fois-ci viser à poursuivre et éradiquer les groupes fanatiques, à désarmer les populations et belligérants et enfin à mettre en place et en application les mandats d'arrêts demandés par le gouvernement à l'encontre des meneurs et hauts responsables du Parti Arabe démocratique dont Rifaat et Ali Eid ainsi qu'un certain nombre de cheikhs islamiques capables de soulever les foules/ 

    Le mufti religieux de Tripoli et de la province nord a approuvé cette décision, en assurant qu'il s'agissait là d'un plan en adéquation avec les demandes des habitants. 

    Le député Mohammad Kabbara l'a quant à lui qualifié d'ultime espoir des Tripolitains. 

    Certains restent néanmoins sur leurs gardes: un des membres du Bureau politique du Futur, Moustapha Allouche souhaite un plan sérieux, efficace et concret tout en considérant les promesses du plan très dificiles à mettre en place. Tout comme lui, des analystes politiques ont des doutes sur la capacité actuelle de l'armée à désarmer puis arrêter les leaders étant donné la situation dans certains quartiers ou zones frontalières, zones de repli des leaders. 

     

    L’idée de ce plan a commencé après que plusieurs attaques ont frappé les frontières avec la Syrie entre partisans et adversaires du régime de Damas. "L’armée sait qu’elle est aujourd’hui plus que jamais visée par le terrorisme qui veut l’empêcher d’établir l’autorité de l’Etat et de circonscrire la dissension", a annoncé l’institution militaire dans un communiqué. Selon ce dernier, l’armée libanaise s’est dite déterminée à combattre le terrorisme: "Le commandement de l’armée continuera de combattre et de poursuivre les terroristes et est déterminé à mettre à exécution le plan de sécurité, quels que soient les sacrifices" affirmant une pleine implication de l'organisme souvent considéré comme le seul actuellement à pouvoir rétablir un certain ordre.

    L’engagement du Hezbollah au côté du régime dans la guerre en Syrie a exacerbé les tensions confessionnelles au Liban, où la plupart des sunnites appuient la rébellion tandis que les chiites sont en majorité partisans du pouvoir de Damas. Trois soldats ont été tués et quatre autre blessés samedi dernier dans un attentat suicide contre un barrage militaire à Ersal. Cette localité sunnite est majoritairement favorable à la rébellion syrienne et accueille un grand nombre de réfugiés fuyant les violences en Syrie, ainsi que des rebelles blessés au combat. Cet attentat de samedi est intervenu quelques heures après un discours du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui a justifié de nouveau l’engagement de son parti en Syrie.

     

    Questions d'Orient - Le 05 avril 2014


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  • Égypte:

    Sissi, l'homme qui ne faisait pas campagne

     

    C'était officiel sans vraiment l'être, depuis la semaine dernière ça l'est: le maréchal Abdel Fattah al-Sissi, ministre de la défense et chef du pays depuis la destitution de Mohamed Morsi à l'été dernier est candidat à la présidentielle. Cela fait longtemps que sa candidature ne fait plus aucun doute mais lui préférait maintenir le monde en haleine.

    En réalité ce temps de latence entre le vote de la constitution mi-janvier et la proclamation de sa candidature est dû au fait que l'homme devait aménager son départ du poste de chef du Conseil suprême des armées et de ministre de la défense. Voilà qui est fait puisque le maréchal a nommé son successeur en la personne du général Sediq Sobhi devenu ministre de la défense et chef des armées. Le général Mahmoud Hegazi a été nommé chef d'État-Major.

    Sissi a annoncé sa démission de son poste militaire dans un communiqué sous forme de vidéo où on voit l'homme s'annoncer candidat à l'élection présidentielle...tout cela vêtu du treilli militaire. Pas très habille on dit certains. Dans un discours qui mêle arabe classique et dialectal, il lance solennellement : "Je me tiens devant vous aujourd’hui pour la dernière fois dans un uniforme militaire, après avoir décidé de quitter mes fonctions de ministre et de chef de l’armée, (...) pour récupérer l’Egypte et la construire".  Le maréchal mentionne des "défis, de missions extrêmement difficiles, d’économie fragile, de chômage, de santé" et promet d'oeuvrer à "débarrasser l’Egypte du terrorisme" une fois élu au terme du scrutin prévu les 26 et 27 mai.

    C'est en suivant en suivant le calendrier dicté par l'HCE (Haute Comission électorale) que l'Égypte va pouvoir se doter d'un nouveau président un peu moins d'un an après la destitution du président Mohamed Morsi, seul président jamais élu démocratiquement en Égypte mais très vite contesté par la rue et finalement destitué par son chef des armée. C'est en virant Morsi que Sissi s'est construit cette aura qui fait aujourd'hui de lui l'homme le plus populaire d'Égypte. Face à lui, rien ne semble pouvoir résister: normalement il n'aura à affronter qu'un seul prétendant au siège de la magistrature suprême les 26 et 27 mai prochains. Il s'agit d'Hamdine Sabahi, figure populaire de gauche, déjà candidat en 2012 et arrivé troisième derrière Morsi et Ahmed Chafiq. Les autres candidats potentiels ont en fait préféré se retirer ayant compris que leur présence aurait donné un aspect démocratique à l'élection alors même qu'il n'y a aucun suspens quant aux résultats.

    Sabahi se dit pourtant candidat pour représenter "la révolution", et pour empêcher que le scrutin ne "se transforme en un référendum avec un seul candidat". Clair dans ses engagements, le candidat pense pouvoir concourir au poste convoité malgré l'alignement systématique des magistratures et institutions étatiques sur son rival; une détermination indéniablement mais un départ avec un handicap lourd sinon intraitable. Baheieddine Hassan, président du Centre du Caire pour les droits de l’homme, estime, qu’il est difficile d’imaginer que les institutions étatiques soient neutres dans cette course à la présidence: "Jusqu’à présent, le gouvernement n’a démontré aucune preuve d’impartialité", déclare-t-il.

     

    Toutes ces tractations ont un petit fait oublier l'armée qui s'est déclarée "loin de ces processus d'élection" ce à quoi personne ne croit, cela va de soi. C'est le porte-parole de l'institution qui a annoncé que le maréchal allait déclarer sa candidature mercredi dernier et le discours de ce dernier a été publié sur la page facebook de l'armée égyptienne en arabe et en anglais. Les liens sont si étroits... D'autant qu'il y a quelques semaines, l'armée, principale source pour alimenter le siège de président en Égypte (tous les présidents sauf Morsi étaient issus des rangs militaires) avait mandaté clairement le maréchal pour les élections. Le Conseil suprême des forces armées, réuni sous la direction du maréchal, avait déclaré dans un communiqué fin janvier que "la confiance populaire donnée au maréchal Sissi est un appel auquel il faut répondre". Aujourd'hui, le journal égyptien al-Ahram affirme clairement que le maréchal agit en violation de la loi électorale puisque des membres en fonction de l'institution militaire sont en action pour sa campagne. Très confiant, Sissi a répondu  ne pas mener de campagne "classique".

    Des interrogations aussi persistent quant à son programme et à son équipe pour mener à bien son élection.

    Au lendemain du discours où l'on apprenait sa candidature, la télévision officielle de l'État égyptien a diffusé une vidéo du maréchal entouré d'une équipe; son équipe ?  Toujours est-il qu'aucun nom n'a fuité mais que des visages connus sont apparus: on retrouve Mohamed Badrana, chef de l'Union des étudiants mais aussi de nombreux membres de l'équipe de Amr Moussa, arrivé 5ème aux élections de 2012. Ahmad Kamel son porte-parole en fait parti entre autre.

    Concernant l'organisation interne de l'équique d'Abdel Fattah al-Sissi, Ahmad Kamel a déclaré à l'Hebdo que les bureaux seraient organisés d'une manière triangulaires.

    -> Il y aurait un bureau regroupant une équipe de campagne dont le coordinateur est l'ancien ambassadeur à l'Union Européenne du pays, Mahmoud Karem.

    -> Il y aura un service de conseiller regroupant Amr Moussa, des chercheurs sous la houlette de l'écrivain et ancien conseiller de Nasser Hassanein Heykal, aujourd'hui octogénaire.

    -> Enfin il a été attesté de la présence d'une troisième bureau mais sur lequel les mystères persistent. Il serait chargé de travailler sur un programme ou plutôt "projet d'État" comme aime appeler ces travaux les partisans de Sissi. Le calendrier d'application de ce programme sera aux mains du gouvernement pour mettre en place des futures réformes. En revanche, la composition de ce bureau est restée inconnue et des experts ont émis l'hypothèse qu'il soit composé d'un groupe de militaires, auquel cas un certain nombre de gradés.

    "Nous avons avancé certaines idées mais nous attendons le programme pour donner notre avis", a déclaré l’un de ces conseillers sous couvert de l’anonymat. Pour ce dernier, Sissi incarne l’homme fort capable de faire revenir la stabilité dans un pays secoué par des crises économiques et sécuritaires.

     

    Dans tous les cas, les priorités absolues du "futur président" comme le nomme déjà al-Ahram seront la reprise économique et la mise en place de solution pour stopper la dérive sécuritaire alarmante pour tout le Moyen-Orient.

    L'économie égyptienne est en effet en crise avec le recul des investissements et la quasie absence de tourisme en raison de l'insécurité. Le tourisme était avant la recette majeure du PIB additionné avec l'argent des travailleurs égyptiens travaillant à l'étranger.

    Pour la reprise en main de l'économie, le pouvoir compte sur les aides étrangères et surtout celles des pays du Golfe : l'Arabie Saoudite, le Koweït et les Émirats Arabes Unis. Ces derniers ont injecté douze milliards de dollars sous forme de prêts, et livraison d'hydrocarbure au pays égyptien. Actuellement, beaucoup voient ces aides comme le facteur décisif pour l'élection de Sissi à la tête de l'Égypte. Une source diplomatique explique que des tractations ont lieu, notamment avec Abou-Dhabi, pour une assistance d’environ 20 milliards, une fois le maréchal élu; il s'agirait d'"une sorte de plan Marshall pour secourir l’Egypte et garantir la stabilité du pouvoir de Sissi", rajoute cette même source.

    En réalité, ce sont des investissements au long court qui ont déjà commencé avant même le début d'un probable mandat de Sissi. Un grand des Grands émirati a investi quarante milliards de dollars pour la construction d'un million de logements destiné aux classes moyennes dans le pays le plus peuplé du monde arabe et où le mal-logement est une cause majeure de violence et délinquence. Ces constructions ont lieu en étroite collaboration avec l'armée et sous la houlette de l'Autorité dirigente d'ingénerie aussi rattachée à l'armée. Le chantier devrait prendre fin dans trois ans.

    Les principaux bailleurs, les Émirats auraient aussi entrepris d'investir dans la construction de 25 silos à blé et 100 écoles et dispensaires. Selon Reuters qui cite une source militaire, l'armée serait en fait l'institution préférée des pays du Golfe puisque c'est elle qui a reçu la charge de distribuer et investir l'argent aux bons endroits. Elle est en effet considérée comme l'institution la plus sûre et la plus en règle.

    Parallèlement, pour consolider la candidature de leur petit protégé, la presse de ces pays fait sa propagande laissant entendre qu’un plan Marshall sera lancé par les pétrodollars du Golfe. Dans un article publié en février dernier dans le quotidien saoudien Al-Hayat, le journal dévoile, selon des "sources bien informée" , que le projet économique d’Al-Sissi est basé sur de "gigantesques projets de développement", en comptant sur un "soutien arabe-Golfe". Selon le journal, l’ex-ministre de la Défense va proposer des plans de développement d’envergure basés sur des études et recherches élaborées par des centres spécialisés égyptiens et du Golfe. Le programme comprend aussi la création d’un Fonds arabe pour le développement du Canal de Suez et le financement des transactions d’armes pour l’armée.

    C'est donc très probablement une cause extérieure qui va déterminer l'avenir du pays et qui va influencer l'élection.

     

    En réalité, le défi majeur du futur président sera la capacité à porter un coup d'arrêt à la dérive sécuritaire qui sévit dans le pays depuis la révolution de février 2011 avec l'apparition de noyaux djihadistes notamment dans le Sinaï, en Haute-Égypte. Ne citons qu'Ansâr Beït al-Maqdess qui a déjà revendiqué des dizaines d'attentats.

    Ces groupes djihadistes aussi malseins qu'indépendants et inconnus, ce qui rajoute une contrainte de plus, ont multiplié les attaques contre les forces de l’ordre faisant plus de 200 morts en quelques mois. Aujourd'hui encore, trois bombes ont explosé simultanément devant l'université du Caire faisant deux morts dont un général.

     

    Globalement, il s'agit donc d'une élection égypto-golfique puisqu'en cas de victoire de Sissi, l'Arabie Saoudite, les Émirats et le Koweït seraient les premiers investisseurs pour aider le nouveau président. Il s'agirait d'une véritable soupape de décompression pour le pays sous pression constante depuis l'éviction de Morsi et durant ces mois où les Frères Musulmans ont passé leur temps au tribunal et où la justice s'est mise à condamner 528 hommes à la peine de mort. Il en faudra incontestablement plus pour redresser le pays.

    En attendant, les trois pays du Golfe y ont trouvé le terrain idéal de combat indirect contre leur rival qatari soutien actif des Frères Musulmans, confrérie en guerre contre le wahhabisme saoudien pour le monopôle de l'Islam politique.

    Pour Mohamad Ezz Al-Arab, politologue au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques d’Al-Ahram, pour les pays du Golfe, la stabilité de l’Égypte est une sérieuse garantie pour la stabilité de cette région notamment en raison du poids démographique que représente l'Égypte dans le monde arabe. Conserver la paix sociale en Egypte, en s’engageant dans des projets de développement est une stratégie que ces monarchies adoptent, pour éviter que les Égyptiens n'aillent une troisième fois sur la place Tahrir avec un risque d’un retour des Frères musulmans sur la scène. "Les monarchies du Golfe parient sur Al-Sissi pour plusieurs raisons. Elles le considèrent comme le sauveur de leurs trônes face aux Frères musulmans. Il est aussi le symbole de l’institution militaire avec qui ils partagent la même politique de sécurité régionale", dit Ezz Al-Arab. Le chercheur rajoute que "ce soutien va aussi aider à augmenter les chances de réussite d’Al-Sissi, donnant l’impression aux Égyptiens que la situation ira de l’avant, surtout que la crainte d’une sorte de blocus par l’Occident et Washington en cas de victoire d’Al-Sissi hante des gens". Ce soutien a un autre côté sombre. Abdel-Khaleq Farouq regrette que les milliards de ces monarchies ne se traduisent par une application des politiques internes de ces mêmes monarchies. En revanche, compter uniquement sur l’appui du Golfe ne peut garantir "ni redressement de l’économie, ni succès du futur régime".

     

    Mais enfin, qu'est-ce que c'est bon d'avoir le Golfe (ou presque) avec soi !

     

    Questions d'Orient - Le 02 avril 2014


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  • Islam et conceptions religieuses:

    le martyr selon l'idéologie chiite

     

    "We wish to tell this enemy : we are not a resistance movement whose leaders want to enjoy their private lives and fight you through the sons of their loyal followers and their good and true supporters from among the ordinary citizens. The martyr Hadi’s martyrdom is the proof that we in Hizbullah’s leadership do not spare our own sons ; we take pride in them when they go to the frontlines, and hold our heads high when they fall as martyrs". Voilà quels sont les mots d'Hassan Nasrallah qui vient de parvenir à récupérer le corps de son fils tombé en luttant contre l'armée isréalienne. Nous sommes en septembre 1997, le fils aîné d’Hassan Nasrallah alors secrétaire général du Hezbollah, Hadi, âgé de 18 ans, meurt avec deux de ses camarades - Haitham Mughnieh et Ali Kawtharani - dans la zone encore occupée du sud. Les corps ont été échangés avec ceux de soldats israéliens tombés une semaine avant la mort de Hadi. Le secrétaire du parti de Dieu lit dans cette expérience la main bienfaitrice de Dieu, et lui donne l’opportunité de fédérer davantage la communauté chiite autour du combat de la Résistance et de la martyrologie.

    C'est autour de cette notion de martyr que nous allons nous interroger aujourd'hui mais en empruntant une des représentations de cette action: celle de l'idéologie chiite animant le parti de Nasrallah. Cette notion de martyr est essentielle à la compréhension de la pensée des sudistes au Liban après vingt-deux années d’occupation (1978-2000). Le crédit supplémentaire dont jouit le premier secrétaire - en 1997 puis lors de la libération du sud le 25 mai 2000 et plus récemment la guerre des 33 jours de 2006 - auprès du peuple libanais, et plus encore chez les sudistes dans sa dimension organique, participe à une dynamique sociale favorable au mouvement. La journée du Blessé, celle du Martyr, la répétition annuelle de l’Ashoura pour n’en citer que quelques uns, permettent au Parti de capitaliser au sens bourdieusien du terme. Revenons sur une thématique centrale dans l’engagement et le motif de légitimation de la lutte armée : le concept de martyr.

     

     

    En langue française, la première définition qui en est donnée est celle-ci: "Personne à qui on a infligé des supplices et/ou la mort parce qu’elle a refusé d’abjurer sa foi". La terminologie martyr est donc bien d'ascendance occidentale et de tradition judéo-chrétienne. L'Islam arrivé en 622 n'a fait que reprendre ce type d'action en en complétant la définition comme nous allons le voir.

    Il existe néanmoins deux grands types de martyrs: le martyr avéré et le martyr consommé: "celui qui a été reconnue pour martyr par un jugement canonique, en conséquence duquel l’Eglise lui a décerné un culte public" ; et celui qui a souffert la mort pour la cause de la religion. Le martyr induit ainsi la présence d'un corps d'autorité étatique propre à exercer un droit dit arbitraire c'est-à-dire un droit de vie ou de mort. La deuxième acception renvoie à une conception vidée de marqueur temporel pour évoquer "une personne à qui on a infligé des supplices et/ou la mort pour une cause, un idéal".

    En s'intéressant à la définition du philosophe Alain, on y retrouve une connotation se raprochant plus de la doctrine chiite imamite: "Une histoire, une nation riche en martyrs. Il faut des témoins de l’idée, ou des martyrs, c’est le même mot, c’est-à-dire des hommes de réelle substance, des hommes d’épaisseur" -> (Alain, Propos, 1933).

    Dans toutes ces définitions, trois éléments ressortent et semblent renvoyer à l'essence même de la signification du mot martyr: un impératif moral personnel, un principe et un idéal extérieur à soi pour lequel on accepte de donner sa vie. L’externalité mentionnée laisse à voir la lutte pour une cause globale qui ne donne corps au sacrifice du sacrifié que parce que ce dernier n’appartient plus à lui-même. Il devient le symbole d'un tout tandis que l'on occulte son aspect singulier d'individu.

    Pour illustrer cela, il m'a paru utile de me rapporter à l'étude sémantique du terme shahid (martyr en arabe) proposée par Atmane Aggoun, docteur en sociologie et chercheur au CNRS ainsi qu'à l'IRESCO (Institut de recherches sur les sociétés contemporaines). Étymologiquement parlant, le terme arabe martyr shahid est formé sur les lettres radicales sh - h -d. M. Aggoun propose les deux théories des grammairiens: sa forme admet soit d'être le nom actif (fâ'il) ou le nom passif (maf'ul). Dans le cas premier, Shahid devient l'intensif de shahid qui signifie être témoin. Dans ce cas, la personne concernée est témoin et agit dans ce sens. Dans un cas second, cette passivité (sens négatif au premier) devient positive par effet de sacralisation, une sacralisation proposée dans les textes saints. Et en arabe, cette racine de base sh - h - d se décline en plusieurs formes désignant des réalités différentes mais s'attachant au sens étymologique. Le témoignage en arabe est dit shahada. Ce terme prend un aspect tout particulier en Islam puisque le témoignagne constitue la singularité cornique: témoigner est un acte de foi, la Shahada est un des cinq piliers de l'Islam. Elle est prononcée lors des prières et le croyant atteste (ashhadu): "J'atteste qu'il n'y a de Dieu que Dieu et que Muhammad est son Messager" qui est transcrite: "ašhadu an lâ ilâha illa-llâh, wa-ašhadu anna muá¸Muhammadan rasûlu-llâh". Le martyr (shahid) est celui qui est mort en portant le témoignage. Néanmoins: "le terme de martyr en grec comme témoin de Dieu mérite une attention particulière en Islam. Cette définition a provoqué une confusion entre Islam et Chrétienté dans la conception du martyr. Structuré par le paradigme intensif "fâ'il", donnée au martyr de la foi, la dénomination shahid (littéralement « témoin ») ne recouvre pas la conception de celui qui témoigne par le sang dans la théologie chrétienne. Le corps du martyr en Islam passe au second plan dans la mesure où, comme le disent les versets, le martyr ne meurt jamais: "Ne dites pas que ceux qui sont tués dans la voie de Dieu sont morts. Non, ils sont vivants ; mais vous ne le comprenez pas" (Coran II. 149). Plus loin encore, ce verset de la sourate de la Génisse se répète dans la sourate Al-Ahram : "Ne crois surtout pas que ceux qui sont tués dans le chemin de Dieu sont morts. Ils sont vivants. Ils sont pourvus de biens auprès de leur seigneur. Ils sont heureux de la grâce que Dieu leur a accordée. Ils se réjouissent parce qu'ils savent que ceux qui viendront après eux et qui ne les ont pas encore rejoints nʼéprouveront plus aucune crainte et qu'ils ne seront pas affligés"". Aggoun Atmane, Le Martyr en Islam. Considérations générales, Études sur la mort, 2006/2 n° 130, p. 55-60.

     

    Toutefois, cette terminologie du martyr a donné lieu à de multiples interprétations et entrainée des confusions notamment suite à l'utilisation des termes par des politiques, des médias ou des membres du clergé dans la bouche desquels le mot ne représente pas du tout la même chose. Les termes bombe humaine, suicid bomber, kamikaze, martyr, freedom fighter ou shahid renvoient justement à des représentations et univers totalement décalés. Dans son dernier ouvrage, Passion Arabe, Gilles Kepel ne manque jamais d'employer une terminologie occidentale du martyr alliée toujours avec beaucoup de prudence au terme martyr avec le rajout: cela dépend de la conception de l'action. Ces conceptions différentes ne font que renvoyer à des choix politico-religieux et doctrinaux.

    D'autant plus, qu'au sein même du monde musulman, la définition donnée ne fait jamais consensus partout et pose toujours un problème supplémentaire suivant la définition proposée: l'imam al-Shafi'î dit que le martyr est celui qui tombe en combattant les mécréants. Mais alors...qu'est-ce que la mécréance ? Quelle définition faut-il en donner ? Les interprétations de la notion de mécréance sont toujours pléthoriques et ne permettent en aucun cas un travail objectif sur les doctrines proposées.

    On lit parfois que la mécréance serait comme une maladie: elle connaîterait des stades et des évolutions. Un bien difficile classement, impossible même à élaborer objectivement mais sur lequel Sayyed Qotb s'appuie sous Nasser pour conceptualiser la notion de "jahiliyya" que Gilles Kepel décrit dans Jihad comme étant "la barbarie anté-islamique" c'est-à-dire le processus qui consiste à "ne plus tenir pour musulman les membres du corps social".

    En arabe, la mécréance se dit takfir venant de kufr qui signifie impiété. C'est de là que provient le terme takfiriste. Cela veut dire que les chefs de la doctrine appelés ulema peuvent exclure de la communauté (l'umma) un musulman, le déclarer impie ce qui lui vaut une mise au ban ou même une exécution. C'est là qu'existe la rupture fondamentale avec le martyr judéo-chrétien: il est tenu de respecter les Dix Commandements de Dieu dont celui-ci: "tu ne tueras point". Dans l'umma, tuer un autre musulman est l'une des fautes les plus graves. Tuer un impie peut faire passer le tueur du rang de criminel à celui de martyr.

    De facto, au sein même de la communauté musulmane, ces discours sur la kufr et takfir ont donné lieu à des erreurs d'interprétation et sont souvent passés aux services de discours politiques. On est passé d'une logique d'islamisation ou de ré-islamisation (dans un sens de prédication) de l'espace de l'umma à des logiques de purification voire d'épuration de la société mixant des doctrines ultra-rigoriste et donnant lieu à des régimes autoritaires exacerbant cette chari'a ultra.

     

    Appliquée au Hezbollah, la martyrologie peut rejoindre la conception (sous un certain angle d'approche) de l’historien français Olivier Wieviorka lorsqu’il évoque un triptyque résistance - politique - mémoire. Il recourt à une citation extraite de Souvenirs d’Alban Vistel qui se veut explicative des processus d'entrer en résistance de l'individu: "à l’origine de la démarche, il y a un examen de conscience au terme duquel surgit l’engagement […] en dissipant les fausses hiérarchies, l’engagement garantit, en somme, un réel accès à la connaissance du monde. Il révèle également l’homme à sa propre vérité". M. Wieviorka ajoute : "L’engagement dans la Résistance provoque aussi une découverte de soi". Mais attention, il est ici question d’un dévouement profane dans une résistance a-religieuse alors que les motifs de l’engagement des combattants du parti de Dieu sont religieux. Cela dit, leur dévotion n’est pas exempte d’interpénétrations entre deux dynamiques: une première dynamique sacrée et une seconde a-religieuse. Selon Kinda (historienne, depuis 2005 à l’IFPO de Beyrouth et a fait sa thèse sur la Culture du martyr au Liban sud depuis les années 1970), le sacrifice d’une vie reposerait chez le Hezbollah sur le triptyque suivant : la libération de la patrie [al-watan, en arabe], du peuple [al-cha’b], la protection de la nation [al-umma].

    On pourrait aussi faire valoir un autre schéma qu'est le suivant : primat de la collectivité sur l’individu, c'est-à-dire l’assurance de la pérennité de la communauté ; l’honneur: la vie ici-bas ne peut-être vécue que dignement sur les terres de la communauté ; la foi autrement dit l’engagement spirituel et charnel qui doit faire foi d’une mémoire, celle de Kerbala et des deux premiers Prophètes de l'Islam chiite: Alî et Hussayn.


    Eu égard à l’histoire du chiisme et à ses martyrs, l’épisode de Kerbala et sa mise en scène au travers de la fête de l’Ashoura constituent le terreau fertile au développement d’une rhétorique capitaliste pour le Hezbollah. Le martyr devient un emblème et un symbole: il est devenu la preuve d’une double fidélité avec une fidélité à l’histoire chiite avant tout et à la mémoire de la persécution de la descendance du Prophète puis la fidélité à la terre ‘âmilite qui consiste à l'irriguer la terre de sang afin dde la fertiliser.

    L’attachement à la terre des Chiites du Sud semble de prime abord rentrer en contradiction avec ce que tout un pan de la société perçoit comme une absence de considération pour la vie sur terre.

    Comment expliquer dans ces conditions leur détermination sans faille à lutter pour la libération de cette 'âmilite ? On pourrait y retrouver une réinterprétation de l’État hobbesien (Hobbes) ou du Contrat social de Jean-Jacques Rousseau définie comme "une forme d’association qui défend et protège toute la force commune, la personne et les biens de chaque contractant et par laquelle chacun s’unissant à tous n’obéissent pourtant qu’à lui-même et reste aussi libre qu’auparavant".

    Quelle réalité alors pour cette société de la Résistance pour la Terre ? Au cœur de cette société de la Résistance, l’individu n'est pas souverain. En réalité, il n’a même pas du tout d’existence en soi et apparaît comme un maillon parmi d’autres, dévoué et au service de la survivance de la collectivité et de la constitution d’une umma globale dont la contingence est liée à l’eschatologie chiite. Une question inhérente à la martyrologie chiite se pose: elle est celle du choix c'est-à-dire la décision qui va lier le contractant à lui-même, à la société et à Dieu : la lutte armée engagée contre un pouvoir que la communauté ne reconnait pas au nom d’une vérité.

    De cette manière là les morts deviennent plus dangereux que les vivants puisqu’ils racontent éternellement une histoire. "Nous aimons la vie et c’est parce que nous aimons la vie que nous avons choisi la mort ", affirme dans son testament une combattante du parti communiste libanais morte en 1985 selon des propos recueillis par Mme. Chaïb. Le martyr (re)donne du sens là où le chaos règne. Mahdjoub écrivait : "D’insensée, la vie prend un sens, alors même qu’elle se consume dans l’acte de mourir" puisqu’il épouse la dimension morale du martyr d’Husayn : "Husayn went with foreknowledge of his own death. His victory is rooted in this conscious self-sacrifice. His death was wisdom for people" Lara Deeb, An Enchanted modern, Gender and public piety in Shi’I Lebanon, Princeton University Press, UK, 1974, p. 152.

    Il y a ici quelque chose de difficilement intelligible qui reprend autant le sens alloué aux défunts, l’allégorie de la mort que le rapport que nous entretenons au deuil. Une inversion des valeurs s’opère : de la peur de mourir on en vient au devoir de mourir; devoir qui a souvent été rapproché de l'action de suicide pourtant péché ultime de l'Islam. Or, si la délibération de l’acte en est le ciment, la symbolique en semble antagonique. Certains opposent à cette proposition que ces deux attitudes résultent d’une pulsion morbide, ce à quoi les autres répondent que ce sont jugements sont biaisés fruits d'une culture occidentale stato-centrée (basée exclusivement sur les relations entre États).


    Au sujet de la valeur du mort c'est-à-dire du corps du martyr, on observe une revalorisation complète de l'aspect morbide de revêt traditionnellement un corps mort par une ritualisation qui consiste à laver le corps, l’habiller, le photographier, le montrer. L'exhibition fait foi.

    La chaîne de télévision du Hezbollah Al-Manar propose même des "relais de mémoire" en arborant les portraits des martyrs et en narrant leur histoire entre les différents programmes de la journée. Là encore la dimension mémorielle est très présente. 

    Selon les termes de Michel Foucault, il s'agit ici de "faire vivre l'individu au-delà même de sa mort". L’attitude ostentatoire que Hizbullah choisit d’adopter dans la liturgie mortuaire semble renforcer la cohésion du groupe. Malek Chebel représente cette forme de cohésion par ces mots : "Le deuil du martyr est aussi à l’origine de nouvelles vocations et les processus d’identifican au mort sont à prendre en compte, ainsi que l’idéalisation qui conduit à une sorte d’esthétique de la mort". Le martyr produit une réaction émotionnelle aussi dans la mesure où il représente un idéal et surtout une inversion de la peur de la mort notamment chez les jeunes populations.

     

    Finalement, il faut parfois se déshabiller des approches trop "clichées" ou simplistes que l'on fait du martyr du moins du martyr en Islam simplement parce que les actions qui prennent le nom de martyrs regroupent incontestablement une immense hétérogénéité dans les motivations, les accomplissements etc. mais aussi finalement parce que parfois le motif classique d'un rigorisme fanatique religieux ne permet pas de l'expliquer en totalité.

    "Husayn’s model provided inspiration – because he went to this death knowingly unafraid, and with faith that his death was part of a greater victory" Idib.

     

    Questions d'Orient - Le 31 mars 2014


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  • Arabie Saoudite:

    le voyage stratégique de M. Obama

     

    Le président américain Barack Obama et le roi Abdallah s'entretenaient vendredi en Arabie saoudite sur les moyens de renforcer "politiquement et militairement" l'opposition syrienne modérée, un dossier qui avait cristallisé l'an passé les tensions entre les deux pays, alliés historiques.

    M. Obama est arrivé dans l'après-midi dans le royaume dernière étape de sa tournée européenne, et s'est immédiatement rendu dans la propriété du roi Abdallah près de Riyad.
    Depuis sa première visite en 2009 en Arabie, l'un des principaux alliés de Washington au Moyen-Orient, les relations entre les deux pays -qui remontent à sept décennies- ont connu des soubresauts, Riyad reprochant notamment à Washington son attitude non interventionniste en Syrie et son ouverture vers l'Iran.

    Un haut responsable accompagnant le président américain, Benjamin Rhodes, a néanmoins assuré que les relations s'étaient "améliorées depuis l'automne" sur le dossier syrien, notamment en raison d'une meilleure coordination de l'aide à l'opposition. "Notre relation avec les Saoudiens est plus forte aujourd'hui qu'à l'automne dernier, lorsque nous avions des différences tactiques", a déclaré M. Rhodes, conseiller adjoint de Sécurité nationale. Il a précisé que les deux pays travaillaient désormais "en coordination étroite" à soutenir l'opposition au régime de Bachar al-Assad.

    Les deux hommes discuteront de la façon de "renforcer l'opposition modérée à l'intérieur de la Syrie politiquement et militairement", afin de "faire contrepoids à Assad et aussi d'isoler les groupes extrémistes" en Syrie, a rajouté M. Rhodes. Il a cependant précisé qu'il n'y aurait pas "d'annonce spécifique sur une aide supplémentaire" aux rebelles. Comme il s'est refusé à confirmer les informations du Washington Post selon lesquelles les Etats-Unis devraient enfin approuver la fourniture par l'Arabie de Manpad (système d'arme sol-air portable) aux insurgés syriens, dont Ryad est l'un des principaux soutiens.

    Riyad avait peu apprécié la décision américaine de renoncer cet automne à des frappes sur la Syrie, après un accord avec Damas sur une destruction de son arsenal chimique. Et le prince héritier d'Arabie saoudite Salmane Ben Abdel Aziz avait accusé mardi la communauté internationale d'avoir "trahi" la rébellion syrienne, en manque d'armes.

    Sur un autre plan, Riyad a aussi manifesté son scepticisme face à l'accord intérimaire conclu en novembre 2013 entre les grandes puissances et l'Iran, qui prévoit un gel partiel du programme atomique controversé de la République islamique en échange d'un allègement des sanctions économiques.

     

    Le royaume, chef de file des monarchies du Golfe, redoute qu'un désengagement des Etats-Unis du Moyen-Orient et l'ouverture américaine sur l'Iran n'encouragent les ambitions régionales de son rival chiite. "Que l'Arabie saoudite et ses autres partenaires du Golfe sachent que les discussions nucléaires peuvent résoudre une menace à la stabilité régionale", a lâché M. Rhodes.

    Il a néanmoins assuré que l'administration Obama était toujours "préoccupée" par la politique régionale de Téhéran, évoquant notamment son "soutien à Assad, au Hezbollah et ses actions de déstabilisation au Yémen et dans le Golfe".

    Selon Anwar Eshqi, chef du Centre du Moyen-Orient pour les Etudes stratégiques, basé à Jeddah, les récentes divergences "ont tendu les relations (saoudo-américaines) mais sans conduire pour autant à une rupture" entre Riyad et Washington.
    "Quels que soient nos différends, cela ne change rien au fait qu'il s'agit d'une relation très importante et étroite", avait d'ailleurs souligné récemment le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney.

    Riyad, mettant à profit ses premières réserves mondiales de brut, s'ouvre néanmoins de plus en plus sur l'Asie, dont la Chine, dans une apparente tentative de rééquilibrer ses relations internationales, marquées jusqu'ici par l'alliance conclue en 1945 avec Washington, qui assure la sécurité du royaume en échange de contrats pétroliers.

    Les entretiens de M. Obama devraient aussi porter sur le processus de paix israélo-palestinien, relancé sous les auspices des Etats-Unis mais qui piétine.
    Egalement au menu des discussions: l'Egypte, autre pomme de discorde entre les deux pays depuis la destitution par l'armée en juillet du président islamiste Mohamed Morsi.

    La visite de M. Obama intervient au moment où le roi Abdallah, âgé de 90 ans, a désigné son demi-frère Moqren, 69 ans, comme prochain prince héritier, ouvrant la voie à son accession au trône.

     

    Questions d'Orient - Le 28 mars 2014


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  • Arabie Saoudite:

    les tribulations de succession; fin de suspence

     

    Le roi Abdallah d'Arabie saoudite a désigné jeudi son demi-frère, Moqren Ben Abdel Aziz, prochain prince héritier, lui ouvrant la voie à l'accession au trône à la tête du royaume, une puissance pétrolière.

    Selon un décret du cabinet royal, diffusé en soirée par la télévision d'Etat El-Ikhbariya, le prince Moqren, actuel 2e vice-président du Conseil des ministres, est nommé le prochain héritier du trône.

    Il sera proclamé souverain "en cas de vacance simultanée aux postes de prince héritier et de roi", selon la décision prise par le Conseil d'allégeance "à plus des trois quarts" de ses 34 membres, des princes de la famille royale. Cette décision est irrévocable, souligne le décret royal.

    Le Conseil d'allégeance est censé désigner le futur prince héritier.

    Mais une source proche du cercle du pouvoir à Ryad a indiqué à l'AFP que le roi Abdallah avait réuni ce Conseil pour lui demander d'approuver sa décision de nommer Moqren, 69 ans, comme prince héritier, "en cas d'accession au trône du prince héritier Salmane ou d'absence" de ce dernier.

    Elle a ajouté que le prince Salmane, qui est également ministre de la Défense, est malade et "pourrait décider de ne plus prétendre au trône" en raison de son état de santé.

    Conformément aux règles de succession en vigueur dans le royaume, premier exportateur mondial de pétrole, le pouvoir se transmet d'un frère à l'autre, en respectant le droit d'aînesse, parmi les fils du roi Abdel Aziz (Ibn Saoud), fondateur du royaume.

    Pour institutionnaliser le processus de transition, le roi Abdallah a établi en 2006 le "Conseil d'allégeance", qui doit normalement commencer à exercer ses prérogatives à sa mort.

     

    Questions d'Orient - Le 28 mars 2014


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