•  Al-cha'b yurîd jordanien

     

     

    Petit pays au sud de la Syrie, si discret même dans le conflit syrien que l’on pourrait supposer qu’il en est absent tant au niveau des forces en présence qu’au niveau de l’accueil des réfugiés aux frontières.

    Plus que jamais, la monarchie hachémite est prise dans un engrenage géopolitique et est incluse dans une zone géographique de crise majeure. Son histoire a d’ailleurs toujours mis le pays en position de zone tampon accueillant des réfugiés. De 1948 à 1967, ce sera le cas durant les guerres israélo-palestiniennes. Nous y reviendrons toute à l’heure. En 2003 et durant toute la période d’occupation en Irak par l’armée américaine, la Jordanie conservera son rôle d’accueil de réfugiés. Ce n’est pas un rôle voulu mais sa position géographie, en plein centre de l’échiquier géostratégique du Proche-Orient lui impose la présence de réfugiés qu’elle ne peut stopper.

     

    La Syrie a été l’évènement au Proche-Orient du 20ème siècle qui a déclenché pleinement un afflux de réfugiés encore rarement vu. Bien entendu, la Jordanie n’a pas dérobé à son rôle mais l’arrivée par centaines de milliers de syriens a fait émerger des contraintes immenses économiquement, politiquement et socialement dont le pays se serait bien passé.

     

    Pour donner quelques chiffres, depuis mars 2011 (date donnée comme celle du début des révolutions de grande ampleur à Homs et Hama), c’est 2,3 millions de réfugiés qui ont été contraints de fuir les zones d’affrontements à cause des risques de mort ou tout simplement suite à la destruction de leur habitat suite aux bombardements. Les chiffres sont ceux du Haut Commissariat au Réfugiés (HCR). Ce qu’il important de noter dans cette exode c’est que 97% de ces familles émigrées, la destination a été un pays voisin. Le plus souvent, ce fut la Turquie, l’Irak, le Liban ou Jordanie.

     

    La Jordanie n’a néanmoins donné des signes d’alarme humanitaires qu’en janvier 2012. Cyril Roussel, géographe à l’Institut Français du Proche-Orient à Amma, affirme que le pays a connu une première vague d’émigration de mars 2011 à janvier-mars 2012 qui s’est principalement répandue dans les villes frontalières comme celle de Ramtha. Mais au mois de mars, les vagues sont continues et s’engage alors la bataille de Homs au centre du pays syrien. Il faut bel et bien lier l’engagement des combats dans la ville à la massification de l’arrivée de population syrien en Jordanie. Cette fois-ci la population a directement mis le cap sur la ville du centre du pays. Au début du mois de 2013, ce ne sont pas moins de 80 000 à 100 000  personnes qui franchissent la frontière par mois, venant principalement la ville toute proche de Deraa.

     

    En quelques mois, la situation est donc passée d’un phénomène géographique classique et sans réel impact à un phénomène d’intérêt national, véritable bourbier pour la monarchie déjà aux prises avec la crise économique mondiale.

    Le HCR parle de 600 000 syriens actuellement dans la Jordanie nord c'est-à-dire 1/10ème de la population du royaume. 70% de ces réfugiés seraient dans des villes. Les plus démunis se rassemblement ou plutôt s’entassent dans des campas comme celui de Zaatari à Mafraq ou de Mreijeb al-Fhoud à Zarqa et Arzaq à cent kilomètres de la capitale Amman.

    Si ces réfugiés posent un problème concret c’est que leur nombre ne cesse de croitre et qu’ils vivent (pour la plupart) au crochet de l’aide internationale ou locale humanitaire. Dans les camps, les conditions de vie sont particulièrement difficiles (mais peut-être moins qu’à Yarmouk) et les sorties sont extrêmement contrôlées par des autorités dont la crainte est de se laisser déborder. Comme le rappelle Ilham Younes dans son article dans Les clefs du Moyen-Orient, pour s’assurer une sortie, il faut nécessairement avoir un contact local de nationalité jordanienne puisqu’il faut qu’un habitant se porte garant de la sortie d’une personne. Or, la sortie signifie un accès au soin, un accueil dans des structures d’éducation pour les enfants ou des permis de travail ; et encore un seul permis coute 400 dollars. Il faut de fait pouvoir débourser une telle somme ce qui est loin d’être le cas d’une majorité de réfugiés.

     

    Si la Jordanie participe à l’aide des réfugiés, le HCR exhorte la communauté internationale à fournir des aides aux populations exilées de leurs foyers. Depuis mars 2011, l’UE a versé pas moins de 85 000 000 d’euros au royaume hachémite. Ces aides européennes parviennent sous forme d’investissements dans du matériel et d’instrument de coopération humanitaire. En janvier 2014, l’UE a fourni une nouvelle enveloppe de 20 000 000 d’euros. Dans tous les cas, il s’agit d’investissements pour des aides majoritairement dirigées vers des camps où l’eau n’est plus potable et constitue donc un danger direct pour l’intégrité physique des enfants ou des populations très affaiblies physiquement.

    De son coté, l’HCR aussi consacre un budget largement recevable à la Jordanie et à ses réfugiés. 62,8 millions de dollars, c’est l’investissement de l’organisme en 2010. Traduction directe et concrète de l’instabilité du Proche-Orient et du déclenchement soudain de la crise syrienne, en 2014, le budget est de 430.4 millions de dollars. Comme les aides européennes, ces investissements sont dirigés vers des aides à court terme pour une amélioration ou un rétablissement des structures pour l’accueil des besoins ou services nécessaires.

     

    Le problème structurel est donc très complexe. Il doit nécessairement être appréhendé sur la longue durée mais le mouvement permanent des grandes « plaques géostratégiques » rend difficile toute projection future. D’ailleurs, même si une solution politique était trouvée entre régime et rebelles (ce qui parait actuellement définitivement impossible), il serait inconcevable de renvoyer tous ces réfugiés syriens dans les villes respectives étant donné les problèmes sécuritaires qui découlent des fractures entres membres de l’opposition (salafistes, EIIL, ASL, Kurdes).

    La question qui se pose logiquement après de telles évaluations est : quel est donc l’avenir pour ces populations dans les pays d’accueil ? Vont-ils, à terme devenir citoyens ? C’est là aussi tout un sujet très épineux pour la Jordanie qui a déjà fait l’expérience de ce type d’assimilation. Comme nous l’avions dit toute à l’heure, sa position a fait que le royaume a accueilli une masse très importante d’exilés palestiniens lors des guerres de 1948. A ce moment, les émigrés avaient reçu la nationalité jordanienne…tous. Le pays s’était donc pleinement positionné comme terre d’accueil aux peuples arabes voisins si bien qu’aujourd’hui les Palestiniens représentent plus de 50% de la population. Mais, alors ce ne sont que des Palestiniens ? Hé oui justement ! Leur poids en politique intérieure et parfois extérieure est devenu majeur et Israël redoute justement une prophétie souhaitée par Israël : que le royaume hachémite devienne la terre officielle d’accueil pour les Palestiniens qui pourraient devenir citoyens. La Jordanie ne désire guère devenir « la patrie alternative des Arabes ».

    C’est bien pour cela que la monarchie au pouvoir a ordonné la fermeture de la frontière syrienne aux Palestiniens. Pour ceux qui ont pu passer, la vie est si miséreuse (ils n’ont pas le même statut, pas les mêmes droits et pas accès aux services) que la plupart franchissent la frontière syrienne mais dans l’autre sens.

     

    Il est donc clair que les réfugiés ont introduit une nouvelle donnée, facteur de déstabilisation du royaume alors que ce dernier se relève doucement des contestations associés aussi aux Printemps Arabes de 2011.

     

    Comment ses populations exilées peuvent-elles interférer à ce point dans l’équilibre politique, économique et social d’un pays pour le contraindre à faire une immigration massive mais choisies ?

    Revenons quelques années en arrière. Durant les révoltes arabes de 2011, la monarchie a incontestablement tremblé. Les contestations sociales ont été puissantes et menées avec brio par l’opposition, pourtant fraichement autorisée à exister (la charte date de 1992) mais régit par une branche des Frères Musulmans qui constituent le vivier d’opposition.

    De fait, en 2011, le Front Islamiste d’Action (opposition gérée de loin en loin par les Frères Musulmans) a sauté sur l’occasion pour attiser la contestation populaire. Pourtant, jamais le pays n’a souffert d’une contestation directe du pouvoir mais  plutôt de revendications sur de nouvelles réformes institutionnelles et une baisse relative des pouvoirs royaux.

    Mais les 169 millions de dollars déboursés le 20 janvier 2011 pour étouffer l’incendie traduisent bien l’urgence de l’action et le sentiment de danger qu’à probablement ressenti la monarchie. Son pouvoir pouvait être chamboulé dans ses bases les plus profondes en quelques semaines, les exemples n’ont pas manqué.

    Et pourtant, les plans financiers pour réduire le prix des denrées alimentaires et offrir de l’emploi n’a guère satisfait l’opposition et le FIA a jugé artificielles les mesures prises. Il faut dire que les réussites successives des révoltes en Tunisie et en Egypte dans le courant de l’année 2010-2011 ont fait planer un vent d’espoir sur tous les pays où le régime gouvernemental était à tendance dictatoriale. C’est peut-être ça aussi qui peut expliquer la lente militarisation de la crise syrienne ; la population a pu croire renverser le despote en manifestant. C’est une erreur d’interprétation ici. Il s’agit là d’une digression.

    En Jordanie, c’est en février 2011, que le mouvement a pris une dimension que la monarchie n’avait pas réellement prévu. 40 responsables de tribus se sont rassemblés pour dénoncer la sclérose sociale qu’ils attribuaient alors à la corruption et aux pratiques de clientélisme. La mobilisation militante des bédouins, membres ancestrales considérés comme piliers majeurs de la société est la traduction d’une crise qui ne se cantonne pas simplement aux abords de la population mais bien aux catégories « piliers » de l’échiquier politique monarchique.

    Et pourtant, la monarchie ne va guère avoir à engager de nouvelles procédures pour couper court au mouvement. Ce sont des causes extérieures à la volonté de l’opposition qui vont déconstruire en quelques jours une contestation pourtant solide. Il s’agit bien de l’éviction du président Morsi en Égypte par le général, maintenant maréchal Sissi à l’été 2013 et la confusion de plus en plus importante en Syrie avec le début des combats entres factions rebelles (EIIL et ASL). Ces différentes composantes géostratégiques purement inattendues en Jordanie vont infliger un coup terrible à l’aura des Frères Musulmans et vont répandre une crainte dans la population : et si notre pays devenait théâtre de djihad, d’attentats etc comme en Égypte ? La masse populaire s’est donc logiquement détachée du FIA et s’est largement contentée d’une monarchie dont le maillage politique reste correct en terme de contrôle sur les foules.           

    Mais ce n’est pas pour autant que le danger est écarté du pouvoir. Le danger désormais il est dans les réfugiés et leur nombre extraordinaire. Au vu de l’enlisement de la guerre syrienne, c’est sur la longue durée que doit prévoir la monarchie si elle veut faire face efficacement aux flux humains.

    Ce serait aussi sans compter sur la grogne populaire de plus en plus importante. La gestion de la crise interne et externe sur le seul territoire jordanien constitue un défit de taille pour le roi, les forces de l’ordre et les infrastructures déjà débordés. Dans la ville de Mafraq, les prix immobiliers ont été multipliés par 300, le cout de la vie augmente d’une manière fulgurante et conduit à la paupérisation d’une société déjà fragilisée et sur la défensive. Les taux de chômage sont tout autant élevés : 14% en 2013 dont 22% de chômage chez les femmes, 30% chez les jeunes (15-25 ans). Les coupures d’électricités sont fréquentes mais le plus gros problème et probablement celui qui pourrait conduire au basculement dans une guerre géostratégique défiant toutes les alliances c’est le facteur hydraulique. Dans un pays qui doit livrer 3000m3 d’eau quotidiennement au camp de Zaatari, le problème de l’eau ne peut être ignoré surtout lorsque l’on sait que la Jordanie possède un potentiel de 110 m 3 d’eau renouvelable par personne et par an. Le pays est qualifié en extrême pénurie : moins de 500 m3.

    La population attend beaucoup : le Al-cha’b yurîd jordanien est en place. Cette attitude d’attente n'est mise en place (volontairement ou involontairement d'ailleurs) que pour faire monter une pression alimentée largement par l’instabilité des pays voisins (Syrie, Irak, Liban, Israël). D’autant que les Frères Musulmans n’ont pas disparu du tissu social jordanien et sont notamment très présents dans les distributions d’aides alimentaires et sociales aux populations. Cette position stratégique au plus près du peuple, au plus près des contestations est la place privilégiée lorsqu’on veut attiser un foyer de résistance. Il suffit de montrer que l’on est capable de faire des actions aux antipodes de décisions étatiques affaiblissant le pays. Bien que les manifestations soient aujourd’hui de faible ampleur et localement contrôlées, les autorités jordaniennes suivent de très près le mouvement. D’autant que la dégradation des conditions de vie des réfugiés fait courir le risque d’une adhésion croissante à un islamisme radical et le retour au pays de centaines de Jordaniens combattant au côté de la rébellion syrienne ne fait qu’accroître la crainte d’une menace sécuritaire.

    Si la solidarité de l’« Oumma » fondée sur l’entraide collective reste forte et la générosité de mise, les tensions entre réfugiés syriens et habitants se font sentir au quotidien. Selon un sondage national effectué par un centre de recherche jordanien en septembre 2012, 65 % des Jordaniens se prononçaient contre la poursuite de l’accueil géré par l’État des réfugiés syriens. Entre les écoles surchargées, les problèmes d’eau et les fortes distorsions sur le marché du travail, le ressentiment jaillit peu à peu et laisse planer le risque d’une stigmatisation croissante des Syriens déjà à l’œuvre dans certaines villes du nord du pays. Aujourd’hui, l’avenir des déplacés syriens est incertain. Même si à l’instar des Palestiniens, en 1948, la logique d’une transition rapide et d’un retour au pays d’origine restent à l’esprit des Syriens, l’enlisement dans un conflit dont l’issue reste profondément incertaine met à mal l’espoir pour les réfugiés d’un retour massif dans leurs foyers.

     

    Questions d'Orient - Le 20 février 2014


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  • Arabie Saoudite :

    tribulations étatiques et successions

     

    1932: le royaume des Saouds est créé, à leur nom. C'est le début du règne d'une famille qui va être entouré de mystères et de complexités dans les moments charnières de succession ou de nomination à des postes gouvernementaux. Cette complexité de la politique wahhabite a donc façonné l'exercice du pouvoir dans la monarchie pétrolière.

    Néanmoins, jamais encore les problèmes dynastiques et autres problèmes internes à la famille n'avaient entaché la géopolitique de la région; une région en plus dans un état d'instabilité extrême suite aux printemps arabes.

    Actuellement, d'une point de vu généalogique, la famille des al-Saoud est la plus importante qui existe avec pas moins de 22 000 membres... Je crois qu'il n'est guère compliqué de comprendre l'instabilité de la famille puisque chacun veut sa petite place dans un État devenu le "meilleur partenaire commercial" de certains pays occidentaux...

     

    Une telle volonté de placer les petits nouveaux et les anciens dans le pouvoir n'est pas nouvelle, elle vient tout droit du fondateur du royaume, Abdel Aziz al-Saoud qui a voulu assurer une place dans le pouvoir à chacun de ses 43 fils... Pour avoir des conflits de pouvoir, il n'y a rien de mieux ! Et pourtant, la famille tient et la stratégie de placement sous ce modèle perdure encore actuellement puisqu'elle est mise en oeuvre pour assurer la succession du monarque Abdallah.

    Il faut savoir que la tradition saoudienne assure un rang aux princes suivant la tribu de leur mère mais aussi de leur alliance avec d'autres membres masculins de la famille royale. Dès le début du règne de la maison des Saoud sur le pays, les conflits de succession ont été attisés par la fratrie la plus connue: les Sept "Sudeiri", fils d'Abdel Aziz et de sa femme Hussa al-Sudeiri.

    1975: l'assassinat du roi Fayçal par son neveu traduit encore une fois l'ambiance qui règne au sein du clan et rappelle un petit peu l'atmosphère médiévale des familles Arabes s'entretuant entre eux pour obtenir les places de calife. C'est à partir donc de 1975 que la fratrie Sudeiri revient pleinement au centre du pouvoir: elle est la faction dominante. Fahd, l'ainé des sept frères a régné 23 ans ce qui est le plus long règne d'un monarque saoud. L'importance des soutiens familiaux et extra-familiaux est donc chose majeure et à prendre en compte dans la stabilité ou l'instabilité du pouvoir.

    En 2005, lorsque Fahd décède, c'est Abdallah qui prend le pouvoir ce qui constitue une véritable fronde à l'autorité des Sudeiri donc le pouvoir a lentement mais clairement diminué et donc les seuls descendants encore bien présents dans le jeu politique saoudien sont Sultan et Nayef. Leurs puissances et leurs maintiens dans les intrigues royales sont assurés par les postes importants qu'ils occupent.

    Mais Abdallah n'a alors que des demis-frères qui manquent de légitimité pour assurer la succession. Dans un intense conflit interne, il doit alors trouver une parade pour empêcher une restauration de l'autorité des deux Sudeiri. Son approche de la question est assez simple et sa stratégie n'est pas innovante: il va simplement rassembler des princes de la famille marginalisés et hostiles (au moins politiquement) aux Sudeiri, s'assurant ainsi une base de soutien forte. D'autant que le Conseil d'allégeance formé est certes aux mains de Sultan mais assimile aussi les fils restants d'Abdel Aziz et les fils de ses frères décédés dont ceux de Fayçal. Cela permet donc aux princes marginalisés ou vus comme descendants d'un père trahi et mis à l'écart , de renouer avec le trône et de trouver un fondement instutionnel pour arriver jusqu'aux fonctions proches de ce trône.

     

    Dix ans après sa succession sur Fahd, Abdallah est la définition même du monarque absolu: aucun pouvoir ne lui échappe. Il accorde un poids considérable à la Garde Nationale dont le commandement a été confié à son fils Mutaib et dont le statut est devenu celui de ministère. D'ailleurs, la révocation de multiples officiers supérieurs dont le commandant Badr ben Abdel Aziz fait de la Garde nationale une instance au niveau voire supérieure à l'armée nationale.

     

    Voilà un bref panorama d'une situation confuse dans une famille hyper-nombreuse et aux rivalités internes très fortes. Mais si l'interne restait dans l'interne... En effet, il est indéniable que ces soucis et ces turbulences au sein de l'édifice institué presque de fait maintenant ont eu des impacts très forts sur la région et sur la politique extérieure saoudienne.

    La concentration de tous les pouvoirs en la personne d'Abdallah constitue un réel problème pour la région en ce qu'il incarne l'Arabie Saoudite donc le royaume wahhabite mais aussi le chef de la politique extérieure. Ce qui signifie par effet de chaînage, que les liens de parenté et d'allégeance prévalent largement dans la politique saoude sur le mérite. Ainsi, le régime se voit particulièrement affaiblit dans la région et son champ d'action/ses capacités sont largement à remettre en cause.

    Les rois des monarchies pétrolières en général ont été probablement apaisés de voir que les révoltes arabes ont échoué en ce sens qu'elles n'ont pas institué de démocratie réelle pour l'instant. Ils ont du être encore plus satisfait de voir l'échec flagrant et humiliant des partis islamistes radicaux arrivés au pouvoir aux dépends des printemps arabes aux vertus laïc, il faut le rappeller...

    Mais pourtant, ces révoltes ont indéniablement déstructuré le statu quo local et régional de la maison wahhabite qui reposait avant tout sur les pétrodollars. Les révoltes ont évincé des alliés fiables du monde arabe (Moubarak) et ont fait de voisins des ennemis devenus hyper-menaçants pour le régime (Bachar al-Assad). Tout est loin d'être tout rose et c'est sans compter les millions de dollars que les pays du Golfe ont du dépenser pour étouffer les débuts de contestations lancés en pleine terre d'Islam.

    La monarchie saoudienne a dans un premier temps, menée une politique de soutien actif financier et militaire parfois à ses voisins alliés épargnés par des révoltes mais rarement par les conséquences de ces révoltes (la Jordanie, le Liban avec les 3 milliards d'aides militaires à l'armée pour faire face aux dérives sécuritaires et Bahreïn) et en soutenant l'armée égyptienne, ce qui a abouti au renversement du gouvernement des Frères musulmans à l'été 2013.

    Mais 2013 (disons même avant mais il s'agit des chiffres officiels), la Syrie capte et canalise toute politique (et militaire mais ça aussi il ne faut pas trop le dire) de l'Arabie saoudite dans la région. Les dirigeants saoudiens considèrent que l'affrontement entre Assad et ses opposants est pleinement intégré dans le cadre du combat existentiel du royaume contre son principal ennemi, l'Iran. C'est pourquoi l'Arabie saoudite est devenue le premier financeur et le premier fournisseur d'armes des rebelles sunnites qui combattent l'armée d'Assad soutenue par l'Iran chiite et le Hezbollah qu'il téléguide. C'est une politique de déplacement des conflits dans des territoires étrangers que mène le royaume. On l'a vu au Liban il y a quelques temps, les attentats sunnites sont pointés du doigt par les chiites et accusés d'être financés par la monarchie. En Syrie, le cas est le même: il s'agit avant tout et partout de combattre l'Iran, grande plaque sismique de faille dans la ligne sunnite des pays arabes avec Assad en Syrie.

    Il n'empêche que tous ces efforts ne paient guère et disons le, attirent les foudres des Occidentaux sur le pays. Les États-Unis ont refusé une intervention militaire en Syrie, signe des accords avec Téhéran et condamnent le terrorisme sunnite en Syrie (Jabhat al-Nusra et EIIL). Si bien que EIIL, correctement financé par les riches émirs du Golfe a du être "lâché" par l'Arabie Saoudite qui ne pouvait faire bonne figure sur la scène internationale si son alliance et sa responsabilité dans la création du groupe étaient prouvés.

     

    Questions d'Orient - Le 19 février 2014


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  • Iran:

    la mauvaise foi de l'ayatollah sur le nucléaire ?

     

     

    Alors que le processus était enclenché, voilà que l'ayatollah iranien, chef suprême du pays après la révolution islamique, a jeté une pierre dans la mare en déclarant fermement que les discussions déjà houleuses ne mèneront à rien.

    La déclaration du seul et unique décisionnaire dans les dossiers stratégiques est intervenue alors que la délégation iranienne venait d'arriver à Vienne pour la suite des négociations. Les pourparlers doivent reprendre mardi en présence du chef de la délégation iranienne, le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif et des puissances 5+1 (Russie, Chine, France, Royaume-Uni, États-Unis et Allemagne). Les discussions ont comme finalité, l'instauration d'un accord définitif venant confirmer l'accord provisoire de novembre 2013, tournant historique puisqu'il avait permis la reprise discussions entre Iran et diplomatie américaine. Et pourtant...les diplomates et le président progressiste Rohani pourront bien afficher toute leur bonne volonté, la décision finale sur le nucléaire reviendra à Khamenei dont la puissance reste suprême en Iran.

    Personnage charismatique et conservateur, il n'est pas interdit et même conseillé d'émettre des doutes sur une réelle bonne volonté de la part du l'ayatollah à vouloir traiter d'un sujet aussi important pour le pays perse. Les responsables iraniens ont récemment averti que les négociations "seront difficiles".


    "Certains responsables de l'ancien et de l'actuel gouvernement pensent que s'ils négocient dans l'affaire nucléaire le problème pourra être réglé, mais comme je l'ai également dit dans mon discours au début de l'année (iranienne, en mars 2013) je ne suis pas optimiste à propos des négociations et elles ne mèneront nulle part, mais je n'ai pas d'opposition", a affirmé l'ayatollah Khamenei devant plusieurs milliers de personnes à Téhéran. Le chef religieux iranien a insisté sur le fait que les discussions continuerons bien, mettant fin aux suspicions des dirigeants occidentaux qui craignaient l'arrêt des pourparlers et la perte des avancées considérables effectuées sur le terrain diplomatique depuis novembre 2013. Les négociations "commencées par le ministère des Affaires étrangères vont se poursuivre et l'Iran ne viole pas son engagement mais je le dis dès maintenant elles ne mèneront nulle part", a-t-il insisté.
    Il a toutefois demandé "aux responsables de poursuivre leurs efforts" pour faire aboutir les négociations tout en soulignant que la seule solution "est de renforcer la puissance nationale et les bases économiques du pays".

    Incontestablement, Téhéran a renforcé son image (et a beaucoup travaillé à ça aussi) depuis le départ des discussions et l'accord intérimaire de six mois conclu avec le 5+1 en novembre. Téhéran a accepté le gel d'une partie de ses activités nucléaires contre la levée partielle des sanctions économiques décrétées par les Etats-Unis et les pays européens. Depuis que la menace qu'un extrémisme politique puisse renverser d'un coup de main le Proche Orient a été éradiquée, l'Iran ne cesse d'envoyer des ambassades même chez ses pires ennemis: les pays du Golfe même le conflit syrien a légèrement refroidi les relations depuis quelques mois.


    Mais, si l'ayatollah semble jouer sur les mots avec des déclarations ambigües, les récentes déclarations du président américain Barack Obama et du secrétaire d'Etat John Kerry sur le fait que "toutes les options étaient sur la table" pour arrêter le programme nucléaire iranien en cas d'échec des négociations ont aussi particulièrement irrité les responsables iraniens.


    L'ayatollah Khamenei a dénoncé la politique américaine à l'égard de l'Iran en déclarant que "la nation iranienne n'acceptera jamais les pressions et le chantage des Etats-Unis". "La question nucléaire est un prétexte pour les Etats-Unis à leur hostilité à l'égard de l'Iran. Si un jour, la question nucléaire est réglée, ils évoqueront d'autres sujets comme ils le font maintenant avec celles des droits de l'Homme et des missiles balistiques" pour faire pression, a-t-il ajouté.

    La sous-secrétaire d'Etat Wendy Sherman, chef de la délégation américaine aux pourparlers sur le nucléaire a affirmé il y a peu qu'il fallait aborder la question brûlante du programme balistique de l'Iran lors des négociations finales sur le nucléaire. Les responsables américains ont également affirmé que les Etats-Unis ne devaient pas cesser d'imposer pour autant des sanctions contre le pays perse pour deux raisons d'ordre humanitaire et géopolitiques: la situation des droits de l'Homme et le soutien présumé aux groupes terroristes visant ainsi le soutien affirmé du Hezbollah et des gardiens de la révolution islamique (Pasdarans) au pouvoir de Bachar al-Assad en Syrie.

    Mais les négociateurs iraniens ont refusé de discuter de ces questions qui une fois de plus allument des foyers de discussions sur lesquels tout accord nécessiterait des mois de tractations puisqu'il mettrait en jeu des forces bien supérieures aux simples 5+1. "Ces questions n'ont rien à avoir avec les négociations" nucléaires, a affirmé M. Zarif dans un entretien publié lundi par l'agence officielle Irna.

    Il a aussi assuré que l'Iran n'acceptera pas qu'on lui "dicte ce qu'il doit faire" sur le maintien ou non des sites nucléaires, en particulier le réacteur à eau lourde d'Arak. "Le guide suprême définit les grandes lignes" de la politique du pays dans l'affaire nucléaire, a rajouté M. Zarif, en précisant qu'"il ne faisait qu'appliquer "ces politiques".

     

    L'Iran semble tirer la sonnette d'alarme: ne nous emballons pas trop, le message est clair, les relations ont pu être actualisé, elles sont encore loin d'être cordiales.

     

    Questions d'Orient - Le 17 février 2014


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  • Liban:

    enfin un nouveau gouvernement; problématique de construction et avis discordants

     

     

    Après dix mois de longues discussions, palabres à n'en plus finir et amplifiant une dérive sécuritaire d'un pays au bord de la crise civile, humanitaire et politique, un nouveau gouvernement dit de transition a été établi. C'est le gouvernement de Tamman Salam. 

    Il aura fallu concilier les deux grandes alliances c'est-à-dire le 14 Mars et le 8 Mars pour trouver un accord permettant une égale repésentation. C'est sur la traditionnelle formule des trois huit que l'accord est fondé. Il prévoit que les deux grands courants cités bénéficient de huit portefeuilles (comprendre huit ministres) chacun et que le reste soit attribué aux groupes dits centristes. 

     

    "Dix mois d'efforts soutenus et beaucoup de patience ont été nécessaires pour la formation du gouvernement d'intérêt national. Il s'agit d'un gouvernement rassembleur qui représente la meilleure solution pour le Liban dans cette période", a déclaré M. Salam à la presse après la lecture de la composition du gouvernement. "Les portefeuilles ont été distribués en respectant l'équilibre entre toutes les forces. La rotation a été adoptée, loin du confessionnalisme, à l'exception du poste de vice-Premier ministre. Le gouvernement d'intérêt national a été formé pour rassembler. Il est susceptible de relancer le dialogue national sous la houlette du chef de l'Etat et de permettre de tenir l'élection présidentielle à la date prévue", a souligné le nouveau Premier ministre. "Je tends la main à tous les partis, pour favoriser l'intérêt de la nation les appelant à résoudre leurs différends au sein des institutions de l'Etat". C'est cette absence terrible d'unité qui paralysait le pays dans un moment crucial devant faire face aux intrusions terroristes sur une frontière plus poreuse que jamais avec la Syrie, aux afflux de réfugiés et aux bras de fer entre Iran (Hezbollah) et Arabie Saoudite. L'absence de pouvoir fort ne permettait aucune prise de décision qui puisse être assez forte pour rétablir le pays. Seule l'armée parvenait à tenir son rôle et a réussi une série d'arrestations qui resteront probablement comme des coups d'éclat sécuritaire. 

    -> Le 14 Mars s'est vu attribuer le portefeuille régalien de l'Intérieur, ajouter à ceux de la Justice, du Travail, du Tourisme, des Télécommunications, de la Réforme administrative, des Affaires sociales et de l'Economie.

    -> L'alliance rivale du 8 Mars a pris les portefeuilles régaliens des Affaires étrangères et des Finances, et ceux de l'Énergie, des Travaux publics et des Transports, de l'Industrie, des Affaires du Parlement, de l'Enseignement supérieur et de la Culture.

    Les portefeuilles restants ont été attribués au camp dit centriste, regroupant le chef de l'État, le Premier ministre et le chef du Parti socialiste progressiste (PSP) Walid Joumblatt.

    Un point a été "chaud". Il s'agit de la personne de Rifi. L'annonce était prévue vendredi matin; tout était prêt pour que Tammam Salam se rende au palais présidentiel afin de soumettre sa liste des ministres et ainsi engager la marche finale du processus. Mais dans la nuit de jeudi à vendredi, M. Berry, chef du Parlement a appelé M. Salam pour l'informer du rejet de M. Rifi pour le portefeuille de l'intérieur. Achraf Rifi, qui avait été avancé par le Courant du futur, est un général, ancien chef des FSI. M. Rifi, n'a jamais caché son hostilité au Hezbollah, et l'avait même laissée éclater en public à Tripoli après sa prise de retraite. Une chose est sûre: derrière l'hostilité à l'officier qui est la facade extérieure de l'opposition, se profile aussi la méfiance à l'égard des services de renseignements des FSI, qui relèvent de l'Intérieur et qui sont le seul organisme de sécurité que le parti chiite n'a pas réussi à infiltrer.

     

    Voici la liste du gouvernement formé:

     

     

    Premier ministre : Tamman Salam (sunnite)

     

    Vice-Premier ministre : Samir Mokbel(grec-orthodoxe / centriste)

    Ministre de la Défense : Samir Mokbel (grec-orthodoxe / centriste)

    Ministre de l'Intérieur : Nouhad Machnouk (sunnite / 14 Mars)

    Ministre des Finances : Ali Hassan Khalil (chiite / 8 Mars)

    Ministre des Affaires étrangères et des Émigrés : Gebran Bassil (maronite / 8 Mars)

    Ministre de la Justice : Achraf Rifi (sunnite / 14 Mars)

    Ministre de l'Énergie et des Ressources hydrauliques : Arthur Nazarian (arménien / 8 Mars)

    Ministre des Travaux publics et des Transports : Ghazi Zeaiter (chiite / 8 Mars)

    Ministre de la Santé : Waël Bou Faour (druze / centriste)

    Ministre des Affaires sociales : Rachid Derbas (sunnite / 14 Mars)

    Ministre de l'Agriculture : Akram Chehayeb (druze / centriste)

    Ministre du Travail : Sejaan Kazzi (maronite / 14 Mars)

    Ministre du Tourisme : Michel Pharaon (grec-catholique / 14 Mars)

    Ministre des Déplacés : Alice Chabtini (maronite / centriste)

    Ministre de l'Environnement : Mohammad Machnouk (sunnite / centriste)

    Ministre de l'Économie et du Commerce : Alain Hakim (grec-catholique / 14 Mars)

    Ministre de l'Industrie : Hussein Hajj Hassan (chiite / 8 Mars)

    Ministre de l'Information : Ramzi Joreige (grec-orthodoxe / centriste)

    Ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur : Elias Bou Saab(grec-orthodoxe / 8 Mars)

    Ministre de la Culture : Rony Oraygi (maronite / 8 Mars)

    Ministre des Télécommunications : Boutros Harb (maronite / 14 Mars)

    Ministre de la Jeunesse et des Sports : Abdel Matlab Hennaoui (chiite / centriste)

    Ministre d'État pour la Réforme administrative : Nabil de Freige (minorités / 14 Mars)

    Ministre d'État pour les Affaires du Parlement : Mohammad Fneich (chiite / 8 Mars)

     

    Questions d'Orient - Le 15 janvier 2014


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  • Liban:

    une ambiance de djihad...

     

    Encore une fois, les réseaux sociaux se seront tenus garants de la diffusion de la propagande islamiste d'al-Qaïda. Diffusée tard hier soir (mercredi 12 février 2014), une vidéo signée par les Brigades Abdallah Azzam affiliées à al-Qaïda a été diffusée sur tweeter portant le nom: "L'invasion de l'ambassade d'Iran à Beyrouth".

    Aucune invasion n'a eu lieu naturellement mais c'est aussi une façon se faire passer un message fort aux membres iraniens présents au Liban et avant tout au Hezbollah iranien plus que jamais présent dans le jeu politique, sociale et guerrier du Liban et de son voisin syrien.

    En 18 minutes de vidéos, on peut voir l'explosion du double-attentat suicide du 19 novembre 2013 contre l'ambassade iranienne à Beyrouth ainsi que d'autres actions de martyrs pour les membres de cette secte sunnite. Dans un message audiaux, les Brigades Azzam ont aussi annoncé la fondation de "L'association Ouzaï de production mondiale", dont l'objectif est de "dévoiler les vérités, montrer les faits et publier les informations concernant les opérations militaires des jihadistes". La vidéo ne se contente pas uniquement de ces quelque images mais elle affiche aussi des déclarations des kamikazes qui ont mené l'opération contre l'ambassade iranienne. Dans un ton et une terminologie testamentaire, Mouïne Abou Dahr prétend vouloir perpétrer cette attaque car "elle va causer de grandes pertes à l'ennemi". Il dit avoir de cette manière mené un combat direct contre l'État criminel c'est-à-dire l'Iran. Bien entendu il faut faire le lien direct entre ces déclarations et les combats actifs menées par les cellules détachées d'al-Qaïda dans le pays syrien contre le régime Assad soutenu directement par l'Iran. Une guerre à un régime "qui tue nos frères en Syrie"; un éloge et une référence directement à la solidarité musulmane idéale qu'est l'oumma mais qui ne se porte pas au mieux en Syrie...

    "J'ai eu l'honneur de participer aux combats à Abra (aux côtés du cheikh sunnite en cavale Ahmad el-Assir, ndlr)afin de défendre notre région et nos mosquées, après la couverture assurée par l'armée au parti de l'Iran (le Hezbollah)", rajoute Abou Dahr quelques minutes avant l'attaque, selon la vidéo.

    La propagande djihadiste semble bien rodée et les montages côtoient les images officielles. La vidéo enchaine avec les extraits d'un discours du secrétaire général du "Hezb", Hassan Nasrallah. Il assure être prêt à aller lui-même combattre en Syrie, légitimant et rendant officielle ainsi la présence du Hezbollah en Syrie. Il ne s'agit bien entendu pas d'adhérer à ces images ce qui consisterait à boire la propagande parmi la plus violente existante actuellement mais il s'agit néanmoins de voir que ce qui apparait comme des vérités non-vérifiables en terres iraniennes, étant donné le peu d'ouverture dont font preuve les dirigeants, est présenté naturellement et mobilise immédiatement le sens-commun qui ne peut alors que "tomber dans le panneau" et gober ces images pafois issues de montages ou d'une réalité d'un autre temps. Il est notamment question des exécutions sommaires par pendaison sur place publique. Il est indéniable que ces pratiques barbares ont été longtemps pratiquées notamment sous Ahmadinejad. Qu'en est-il maintenant? Ces exécutions sont pourtant présentés directement comme "des crimes de l'Iran et de ses sbires contre les sunnites dans plusieurs pays arabes".


    Le gros du message reste la perpétuellemise en garde contre le Hezbollah. "Le Hezbollah iranien et ses intérêts au Liban sont pour nous des cibles légitimes". Il donne une nouvelle fois qu'il combattra le parti chiite "par les moyens qu'il juge appropriés, jusqu'à ce qu'il retire ses combattants de Syrie, lui faisant assumer la responsabilité des conséquences"...dont le déplacement d'un terrorisme psychologique au Liban et la mutation vers une dérive sécuritaire de plus en plus remarquable dans le pays fragilisé par l'afflux massif de réfugiés syriens et par l'installation dans les zones frontalières et les jurds (Ersal, Qalamoun) des éléments les plus radicaux djihadistes qui y voient un refuge confortable pour se ressourcer après les attaques dans les alentours de Damas.

     

    Tout cela pour dire que malgré les coups d'éclats de l'armée libanaise qui a encore arrêté hier des kamikazes appartenant aux Brigades, le Liban reste très handicapé par l'absence d'unité nationale et par un vide de pouvoir alors que les tractions deviennent insuportablement longues pour tenter de former un gouvernement de transition.

    Ce que prouve des arrestations comme celles d'hier est l'influence que semble avoir pris le tissu terroriste dans la société libanaise. Les ramifications d'al-Qaïda sont profondes et l'unique but actuel est d'attiser sans cesse un conflit communautaire quasi-inévitable au stade actuel. La preuve en est que les femmes arrêtées conduisant des voitures piégées s'apprêtaient à viser un centre sunnite... La perversité des Brigades va jusqu'à demander le mouvement des populations sunnites des centres connus du Hezbollah sans que cela ne modifie leur cible. Le but est clair: tuer et déclencher la haine. La phase de méfiance semble actuellement dépassée.

    Mais à l'image de la majorité silencieuse, le milieu diplomatique semble désespéré de voir que les forces politiques poursuivent un bras de fer acharné mais n'étant destiné qu'à un but illusoire et qu'elles laissent totalement de coté les réalités spatiales et sociales, preuves d'une crise majeure du pays. C'est donc l'incompréhension de l'inactivité sur des questions somme toute assez banales alors que le terrorisme et la guerre civile frappe tous les mois à la porte. Pour l'instant l'armée tient...mais pour combien de temps? D'autant que le processus du gouvernement de transition semble avoit été stoppé à quelques semaines du moment crucial: les élections présidentielles.

    D'après un ambassadeur d'une nation puissante cité par l'Orient-Le Jour, il y aurait deux raisons à l'arrêt du processus. Tout d'abord, il s'agirait de la reprise de la campagne du régme de Damas contre le Futur, mouvement politique sunnite donc accusé régulièrement de financer la rébellion syrienne. La deuxième raison serait l'offensive majeure que vient d'entamer l'Armée arabe syrienne c'est-à-dire l'armée d'Assad contre la ville de Yabroud, verrou stratégique d'entrée dans le massif de Qalamoun, zone patriculièrement sensible et importante pour certains mouvements djihadistes et pour la stabilité du Liban. Selon le journal francolibanais, l'offensive aurait comme finalité l'agumentation du nombre de réfugiés syriens au Liban et l'exode des rebelles takfiristes à Ersal. Certains pensent que ce regain de priorité pour le pays libanais va donner l'impulsion nécessaire pour reprendre les tractions...

    Rien pour l'instant.

     

    Questions d'Orient - Le 13 février 2014


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