• Syrie: ces jeunes qui veulent vivre le djihâd

    Syrie:

    Ces jeunes qui veulent vivre le djihâd

     

    Ils se nomment Sammy, Sean, Ismaïl ou Zacharia, ils ont entre 16 et 23 ans et ils sont actuellement dans les décombres des villes syriennes, aux côtés de rebelles et accomplissent leur idéal: le djihâd armé contre "les mécréants". 

    Abdelwahad a perdu ses deux fils, Zacharia 23 ans et Ismaïl 16 ans partis l'un après l'autre se battre en Syrie. Alors ce père de famille belge, loin d'être affilié à des réseaux malseins raconte leur départ. Le plus grand était un garçon sérieux, loin d'être un djihâdiste ou un extrémiste...jusqu'à fréquenter une mosquée où il s'est passé quelque chose... Il semblerait que ce soit le réseau Sharia4Belgium affilié à al-Qaïda qui ait embrigadé son fils. Toujours est-il que le jeune homme a souhaité faire un retrait religieux à Vilvorde durant six jours. A son retour, il voulait mourir en martyr et partir en Syrie. En décembre 2012, sa mère met la main sur un billet d'avion pour la Turquie...un aller simple. Alors dans la famille on le prend en charge et on tente de le raisonner. Son père l'emmenera aussi voir l'imam de la mosquée de Bruxelles qui lui dit que la guerre sainte ne lui apportera rien... Alors ce Zacharia, encore fragile hésite. Le 17 janvier, il part à l'école comme à son habitude. Le soir à 23 heures il appelera Ismaïl, son frère depuis la Turquie. La famille s'engage alors dans une course contre la montre et remonte sa trace jusqu'à Istanbul grâce à l'aide des autorités et le manque de trois jours; il est déjà passé en territoire syrien avec trois autres jeunes belges. La situation est irréelle. Son père ne comprend où il a trouvé l'argent nécessaire...peut-être une filiale directement implantée en Belgique; c'est en tous cas ce dont est persuadé ce dernier. 

    La famille reste malgré tout en contact avec lui grâce aux sms et les nouvelles ne sont pas bonnes...le jeune homme affirme avoir commencé une formation militaire gérée par al-Nostra, la principale organisation rebelle syrienne ayant prêté serment à al-Qaïda. Le 8 mars il réussit même à appeler son père; ses paroles ont de quoi glacer le sang: "Il m'a dit qu'il cherchait le martyre, et qu'il voulait instaurer un califat en luttant contre les mécréants". Son frère Ismaïl, quant à lui très isolé depuis le départ de son frère disparaît le 4 avril de cette année avec Bilal, 15 ans. Il appelera sa famille pour les prévenir qu'ils ont gagné la Syrie pour faire le djihâd...sans jamais avoir été inquiétés par les autorités douanières. 

    Sammy est un cas qui différe par son passé: c'est un jeune homme d'une vingtaine d'année en échec scolaire et social ne parvenant pas à se faire une place dans la société qui l'entoure. Il sera bénévole un temps aux Restos du Tawhid qui distribue des repas aux sans-abris. C'est probablement de là qu'il est embrigadé par une cellule djihâdiste. Les restos du Tawhid sont gérés par Jean-Louis Denis, un wallon soupçonné de faire partie de Sharia4Belgium. Sa mère, Chantal (nom modifié) est désespérée, elle ne peut saisir ce qui a poussé son fils à une telle action. Elle a le sentiment d'une trahison. Et son fils est aussi parti avec Sean, 23 ans. Lui ne reviendra jamais en France. Son corps gît dorénavant dans les ruines d'une maison syrienne. C'est Sammy qui a prévenu la mère de Sean. Il lui a dit qu'il l'avait enterré sur place comme le veut la coutume musulmane. 

    Si les objectifs étaient les mêmes entres les frères Abdelwahad et Sammy et Sean, les profils étaient différents. Les deux frères n'avaient aucun passé de délinquent, étaient en parfaite réussite scolaire. Les deux autres hommes étaient en chute libre: chômage, impression d'abandon... Peut-être cela explique-t-il cet engagement. La mère de Sammy voudrait croire que son fils a emprunté une telle voie car il semblait être enfin reconnu, avoir une place et jouer un rôle...elle aurait préféré bien entendu que ce soit autre part. 

     

    Mais ces jeunes ne sont pas des cas isolés et c'est bien là le problème. Le phénomène est "particulièrement préoccupant" selon M. Valls et son homologue belge. Les deux ministres étaient en effet réunis le 5 décembre dernier pour discuter autour de ce problème. Selon les estimations, il y aurait entre 1500 et 2000 jeunes français et belges qui seraient partis mener le djihâd en terre syrienne contre 600 en juin dernier. La question est: et s'il y avait retour de ces 2000 djihâdistes partis attirés par al-Qaïda dans les pays français et belges... C'est aussi ce qui fait peur à la Russie concernant le cas tchétchène. 

    « Lorsque le conflit a éclaté en Syrie, il était difficile d'agir car il s'agissait d'aller combattre un régime condamné par tous, ce qui rendait les incriminations difficiles », a rappelé Manuel Valls. Aujourd'hui, la situation a changé, souligne-t-il : « La plupart des individus ont fait état de leur volonté de combattre dans les organisations proches d'Al-Qaida. »

    Mais "il n'y a pas de retours massifs" de ces combattants étrangers, a nuancé Joëlle Milquet. "Aujourd'hui nous ne constatons pas de menace directe ou avérée contre nos pays, nos intérêts ou nos ressortissants", a pour sa part reconnu Manuel Valls. "Nous ne devons pas pour autant baisser les bras, car les groupes djihadistes se sont renforcés, et nos ressortissants deviennent dangereux", a-t-il toutefois averti.

    Trois réunions interministérielles ont été organisées ces jours auxquelles ont assisté les ministres de l'intérieur britannique, allemand, néerlandais, italien, espagnol, suédois et danois. Ces réunions avaient toutes pour sujet les profils de ces jeunes hommes que les conjonctures économiques, sociales, politiques, culturelles, idéologiques conduisent à envier le martyre.

    "Il s'agit d'hommes plutôt jeunes, d'origine très modeste, et pour la plupart convertis à un islam radical. Ils ont un passé de délinquance, ont été impliqués dans le trafic de drogue et parfois dans des actes de grand banditisme", voilà le profil de ces recrues selon M. Valls. 

    "Nous devons neutraliser le cyberespace et, sur ce point, les Américains posent un problème à cause de leur premier amendement qui défend la liberté d'expression" a indiqué le ministre français. Il semblerait en effet, que beaucoup de cellules de recrutement passent par le moyen internet pour propager leur idéologie prônant la guerre sainte. Mais les Européens doivent aussi se mobiliser contre les filières qui utilisent des voies d'acheminement physique des combattants qui sont moins surveillés ou traversant des pays laxistes: Turquie, Balkans, Maroc. Ces branches seraient capables d'envoyer une dizaine de personnes par semaine en Syrie. 

    La présence des combattants occidentaux a été confirmée par une vidéo qui a circulé il y a deux mois environ. Cette vidéo montre la décapitation d'un homme par des rebelles; des rebelles qui parlent...un français parfait parfois entrecoupé de paroles en flamands ou avec un sérieux accent belge. 

     

    Vidéo: une bande son uniquement où l'on entend des voix françaises et belges

     

     

    Des Belges ont décapité un homme:

    Attention images choquantes

     

     

    Questions d'Orient/ Le 10 décembre 2013


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