• Syrie / Liban : l'extension de la rébellion vers des foyers islamistes incontrôlables

    Syrie / Liban :

    l'extension de la rébellion vers des foyers islamistes incontrôlables

     

    Le double attentat à la voiture piégée de Bir Hassan semble confirmer visuellement ce que les autorités libanaises font mine de ne pas voir: le Liban est en train d'être gagné à des causes djihâdistes par des groupuscules qui ont dorénavant les moyens de frapper au coeur du pays souvent en étant rattachés à Al-Qaïda. Quand l'expression gagner le pays est employée elle n'est pas gratuite de sens: en effet ces structures de soutien franchement puissantes semblent déplacer le djihâd dans le pays Liban. La "terre de soutien" devient une "nouvelle terre de djihâd". 

    D'après les dernières estimations, ces structures de soutien djihâdistes trouveraient leur compte dans trois zones où elles se sont retranchées et où l'armée libanaise n'a plus aucun accès. 

     

    Les trois zones

    La première de ces zones serait celle du camp palestinien de Aïn el-Héloué dont l'Etat libanais tente de contrôler les issues depuis un certain temps. Grâce au Fateh responsable de la sécurité du camp qui a coopéré avec les militaires libanais, ces derniers ont pu établir des contacts avec certains groupes. Ces informations recueillies ont permis notamment de disloquer le groupe islamiste d'Ahmad el-Assir à Abra. 

    La deuxième de ces zones est Tripoli. L'article publié hier sur le blog relatait les problèmes et les réglements de compte récurrents contre les minorités alaouites dans la ville. Certains quartiers de la ville notamment ceux proches de Jabal Mohen sont devenus totalement impénétrables et sous la loi islamiste. Ces derniers profitent de l'incapacité de la classe politique à réagir contre ce pouvoir religieux. Ces derniers jours, lors de meeting entre les "chefs des axes", le mufti de la ville, cheikh Malek Chaar, s'est fait réprimandé par ces islamistes. Il est déjà connu pour sa médiocrité. 

    Enfin la troisième zone est celle de Ersal. Elle est connue pour être le plus important foyer de djihâdistes et la zone la plus risquée. Déjà sa position géographique en fait une zone géostratégiquement instable auquelle il faut rajouter les conjonctures géopolitiques actuelles. 

          

    Son ouverture sur l'Anti-Liban, sur la région de Qalamoun du coté syrien (grande route majeure pour l'armée syrienne qui contrôlerait l'approvisionnement de Homs à Damas) et la présence incalculable de réfugiés syriens impossible à recenser font de la région une zone d'inquiétude et de tensions extrêmes pour le gouvernement libanais. 

    Lors du déclenchement de la crise syrienne, Ersal se présentait comme une parfaite base arrière servant à la logistique pour l'opposition. L'armée libanaise alors en poste a été sommée de partir suite à une multitudes d'attaques. Le message passé était clair: l'armée libanaise était un facteur hostile à l'opposition et son évincement quasi simultané a permis l'implantation systématique des groupuscules islamistes. A cela s'est rajouté l'implication du Hezbollah dans le conflit syrien et la cupidité des habitants de la région. Ces derniers ont vu dans le flot de réfugié des profits faciles: les trajets jusqu'aux hôpitaux ont été rémunérés, les soins et l'hébergement aussi.

    Ces groupes de la région de Qalamoun se sont vite vus apparentés au Front al-Nostra lié à Al-Qaïda. Suite aux attentats de Bir al-Abed et Roueiss les services de sécurité ont mené des enquêtes qui les ont conduit directement à Ersal ce qui prouve l'implication directe des groupuscules islamistes dans les attaques. Ce n'est pas pour autant que cela va changer la vie de ces groupes, les arrestations étaient inconcevables dans les zones où se sont réfugiés les terroristes. 

    Les autorités locales sont donc totalement débordées et chacun prévoit une montée en puissance de la violence dans les prochains jours ou mois au Liban. 

    Pour l'instant chacun s'y prépare, l'étape déterminante sera le lancement d'une grande bataille à Qalamoun. L'armée syrienne semble se contenter de gagner des petites escarmouches en reprennant des localités comme Qara contrôlant elle aussi la route de Damas à Homs. Si l'armée parvient à encercler les rebelles et que ces derniers s'effondrent aura alors lieu la bataille de la Qalamoun. Le Ersal et les massifs alentours deviendront alors les seuls refuges de ces groupes islamistes subissant des revers en Syrie. 

     

    Questions d'Orient/ Le 02 décembre 2013


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