• Arabie Saoudite: et si le pays était en train de se couper de ses alliés du Golfe ?

    Arabie Saoudite

    Et si le pays était en train de se couper de ses alliés du Golfe ? 

     

    L'Arabie Saoudite, grand pays sunnite et soutien de la rébellion syrienne serait-elle en train de s'isoler suite à un jeu d'accords plus ou moins réussi? 

    Il se trouve que ces jours les médias israéliens semblaient annoncer un accord entre Israël et la dynastie wahhabite d'Arabie. On peut dire que cela est assez orginial mais finalement lorsqu'on regarde les conjonctures politiques du Moyen-Orient actuelles, on peut se rendre compte assez facilement que les deux puissances ont assez de raisons de trouver une alliance face à des frustrations communes. C'est néanmoins une première historique: l'émir wahhabite Walid ben Talal, membre de la famille royale a déclaré à CNN que l'Iran est dorénavant l'ennemi "numéro 1" des Arabes, plus même que ne le serait Israël. 

    Côté israélien, les commentateurs s'élancent affirmant qu'il s'agit là d'une occasion unique pour parvenir à une nouvelle équation politique et géopolitique régionale. Cette dernière serait alors basée sur une coopération effective qui pourrait lutter contre les rapprochements irano-américains et russo-américains qui sont en cours autour de la question du nucléaire.

     

    Des frustations communes? Mais lesquelles? Il faut dire qu'en ce qui concerne la géopolitique moyen-orientale actuellement, l'actualité est plutôt riche et propice aux retournements et aux alliances incongrues.  

    Mardi dernier un chef du Hezbollah, Sayyid Hassan Laqqis a été assassiné dans une opération montée et menée avec des mains de maître. Le chef du mouvement chiite, grand opposant à Israël avait logiquement et spontanément pointé du doigt son ennemi légendaire qui avait formellement démenti accusant des milices sunnites syriennes rebelles. Mais d'après le Hezbollah, l'assassinat aurait été profitable en de nombreux points au pays hébreu. Laqqis se serait trouvé sur une liste citée dans la publication américaine Foreign Policy. Il était donc une cible de premier choix. Voilà en ce qui concerne Israël. 

    Maintenant, quel pourrait être le rôle de l'Arabie Saoudite là-dedans? Hé bien voilà que la monarchie wahhabite et plus généralement le pays était accusé d'être aux fondements de l'attentat contre l'ambassade d'Iran à Beyrouth et des deux voitures piégées des banlieues sud. Accusé par? Par un certain Nasrallah, quelques minutes avant l'assassinat de Laqqis. Et pourtant des sources du Hezbollah connaissant bien Nasrallah affirmait son attitude toujours très prudent et ne voulant pas risquer un conflit qui serait dévastateur entre sunnites et chiites. On pourrait donc supposer que pour de telles accusations aussi directes il aurait eu de sérieuses preuves. 

    Alors voilà les deux pays, hébreu puis saoudien accusés et reliés par des frustrations communes dans des affaires de terrorismes qu'ils prétendent combattre, tout cela sur toile de conflit syrien et de négociations sur le nucléaire iranien. 

    Pour les membres du Hezbollah, si une telle alliance a lieu, c'est surtout parce que certains saoudiens voient Israël comme la seule puissance actuellement, capable d'attaquer les installations nucléaires iraniennes. Mais dans tous les cas, les partisans de cette doctrine soutiennent que cet accord ne sera que nocif aux wahhabites. Une telle attaque semble poutant en total décalage avec la conjoncture géopolitique actuelle, les négociations post-Genève ayant commencé cette semaine. Et le rapport hiérarchique est clair: c'est Israël qui travaille chez les Etats-Unis et non pas l'inverse. Ce qui fait donc qu'Israël n'envisagera absolument rien sans l'accord américain et aucun accord  ne sera donné lorsque tous les pays travaillent à la réconciliation et qu'un accord provisoire a été trouvé. D'autant que pour les israéliens, le véritable ennemi reste la Palestine, dangereux par la résistance et par la démographie en constante augmentation. 

     

    Mais il semblerait qu'avec un tel accord, la monarchie pétrolière wahhabite se soit coupée d'un certain nombre de soutiens importants. En effet, aucun autre pays du CCG (Conseil de Coopération du Golfe) n'adhèrent à une telle politique hostile au rapprochement irano-américain. Le Qatar et Koweit ont accueilli il y a peu le ministère des Affaires Etrangères iranien. Oman et les Émirats Arabes Unis s'étaient, quant à eux, déplacés en terre iranienne. 

    L'Arabie Saoudite serait donc en train de perdre l'Irak, une partie de la Syrie, du Liban, de la Jordanie (qui semble faire "son trou" au Conseil de Sécurité), les membres du CCG, et surtout la Palestine qui était une grande cause de l'unité et de fédération des arabes. 

    Alors voilà la monarchie pétrolière, pays parmi les plus puissants et les plus influents du CCG, esseulée avec pour compenser ses pertes territoriales ou idéologiques le pays hébreu. 

     

    Questions d'Orient/ Le 09 décembre 2013


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