• Formalisation du califat, formation d'une entité étatique et conflits

    idéologiques et politiques :

    la période des Râshidûns

     

    Durant la domination du Prophète Muhammad, on ne peut pas encore vraiment parler d'État à caractère islamique. La transformation est progressive. De 632 à 750, toutes les bases sont progressivement posées dont l'institution du califat, traduisant la symbolique de la juxtaposition entre politique et religion. Entre 632 et 661 vont se succéder quatre califes appelés Râshidûns qui vont formaliser et institutionnalisés un certain nombre de points clefs du califat mais aussi apparaître sous différentes formes dans leur souveraineté en fonction de leurs appartenances. Tous ces premiers califes râshidûn sont issus de la famille des Qurayshites néanmoins, cette première période du califat va être marquée par des conflits internes forts qui vont conduire à l'éclatement de l'umma, l'idéal d'une communauté musulmane unie qui avait été évoquée par le Prophète.

    -> Une présentation globale d'un espace complexe

    La période est aussi caractérisée par les grandes conquêtes et la formation de l'Empire arabo-musulman. Les clans arabes s'adonnent néanmoins à des luttes internes très rapidement qui vont venir fragiliser l'édifice encore tout frais et entamer sa crédibilité. Les luttes s'organisent entre les Compagnons des premières heures du Prophète (Muhâdjirûns et leurs descendants) et les membres de la branche des Omeyyades (Ûmayyâ) issus aussi de la famille Qurayshite.

    Les sources narratives de cette période sont très difficiles à interpréter historiquement parlant car postérieures et rédigées pour la plupart sous la dynastie abbasside ayant renversé le califat omeyyade de Damas en 750. De facto, malgré leur appartenance commune au sunnisme, la dynastie abbasside de Bagdad et ses auteurs tendent à donner une image très noire de la période omeyyade.

    Le deuxième calife râshidûn Umar est considéré comme le modèle du calife et est largement glorifié par les Abbassides pour effacer Uthmân représentant le modèle omeyyade.

     

    -> Les trois premiers califes en détail

    Les tribus d'Arabie ont prêté allégeance à Muhammad en tant que chef de guerre: lors de la mort de ce dernier, les tribus se considèrent immédiatement libérées de leurs allégeances et définissent le contrat décidé avec ce nouveau pouvoir comme annulé. Elles refusent donc de prêter allégeance au nouveau calife qui se présente comme successeur direct de Muhammad.

    D'autant qu'aucun successeur n'a été officiellement désigné avec la mort du Prophète, ajoutant ainsi une fragilité supplémentaire à l'édifice. Les Muhâdjirûns reconnaissent Abû Bakr, riche commerçant mecquois, un des premiers compagnons du Prophète mais aussi son beau père. Il prend pour la première fois le titre de khalîfat rasûl Allâh: calife, message de Dieu.

    Le choix de Abû Bakr soulève des contestations chez Bédouins qui ont l'impression que les villes marchandes, espaces riches et convoitées de l'Arabie conservent les pouvoirs à leurs dépens et les rendent complètement dépendant. Son nom ne fait pas non plus l'unanimité chez Alî ou al-Abbas, personnages au bout des branches de l'arbre généalogique de la famille Qurayshite à ce moment et directement reliés au Prophète.

    A Médine, Abû Bakr n'a aucun soutien. La dimension politique du refus est mise en valeur par la révolte bédouine traduisant la préférence des nomades du désert à suivre les chefs spirituels de leur tribu. Il y a un rejet du pouvoir califal par d'autres chefs religieux. On peut citer en exemple Musaylima chez les Banû Hanif ou al-Aswad au Yémen. Cette résistance passe aussi par le refus de payer l'impôt exigé par les Musulmans.  

    La contestation prend le nom de Ridda (la grande apostasie). La révolte est réprimée par la force par les armées du calife et par des chefs religieux influents (ex: Khâlid ibn al-Walîd qui écrase les Arabes du nord) et en 633 l'Arabie est pacifiée. La victoire d'Abû Bakr contre les tribus soulevées marque définitivement l'entrée de l'Arabie dans la période du califat et conforte le prestige d'Abû Bakr. Dans ses derniers mois, en 634, il va parvenir à canaliser l'esprit guerrier des Bédouins, soutien incontestable car troupes de combat, en les envoyant conquérir les territoires de Syrie. Il est donc à l'origine des mouvements des grandes conquêtes, de la transformation de l'Islam en un courant social de cohésion et de l'insufflation d'un courant spirituel qui va permettre le déploiement d'une grande énergie dans les mouvements de conquête. Plus tard, cela sera formalisé sous le nom de jihâd.

    Abû Bakr, qui s'éteint en 634, aura donc régné entre 632 et 634.

    Umar (634 / 644) est désigné comme successeur. Sa fille avait notamment épousé le Prophète ce qui lui permettait de revendiquer des liens de famille. Il est considéré comme le modèle du calife et durant les dix années de son gouvernement, il poursuit les conquêtes au Proche-Orient. L'espace musulman reçoit une première organisation administrative avec la naissance du premier Bureau (dîwan al-djund ou bureau de l'armée). Il est assassiné par un esclave. Néanmoins, en l'absence de règle précise devant régir sa succession, il avait institué une commission chargée de désigner un successeur.

    Uthmân (644 / 656) lui succède. Il est de la famille Banû Ûmayyâ, une famille mecquoise. Il a épousé deux filles du Prophète: il est donc son gendre. Dans son accession au pouvoir, il est opposé à Alî ibn Abî Tâlib. Son règne s'échelonne sur deux périodes de six ans. La première période marque la poursuite des conquêtes et la formalisation du califat. En revanche, la deuxième période est marquée par un ralentissement des conquêtes donc un affaiblissement du butin et une accumulation des frustrations. Les tribus ayant conquis l'Égypte veulent annexer l'espace acquis ce que refuse Uthmân. Il est assassiné à Médine.

    Le règne d'Uthmân est relativement important pour saisir la suite des évènements et notamment l'opposition armée et politique qui va naître entre le clan omeyyade et Alî. Cette opposition va marquer l'éclatement définitif de l'umma. Uthmân a pratiqué la  confiscation des terres au nom de son clan. Il attribue majoritairement les territoires et postes importants aux cousins des Ûmayyâ frustrant ainsi les Compagnons (Muhâdjirûns). Son assassinat laisse place à la Fitna qui est une période de guerre civile entre clans rivaux.

    Notons aussi qu'il ordonne la recension coranique et en charge Zayd ibn Thâbit.

     

    -> Un tournant : le califat d'Alî ibn Abî Tâlib (656 / 661)

    Alî arrive au pouvoir après avoir échoué face à ses adversaires politiques par trois fois. Il est le cousin et le gendre du Prophète mais est aussi considéré à terme comme le premier grand imâm chiite. Après quelques mois au pouvoir, il parvient à créer l'unanimité contre lui et notamment des foyers de contestations très forts en Irak. Alî réprime violement les contestations  et notamment lors de la bataille du Chameau en décembre 656.

    Dans un espace contrôlé par les populations arabes réunies dans une umma mais plus que jamais caractérisées par des courants divers, une grande révolte explose menée par Mu'âwiya, gouverneur de Damas de 638 à 660, membre du clan Ûmayyâ et mis en poste à Damas lors du règne d'Uthmân. Il réclame à Alî que les assassins d'Uthmân soient châtiés ce que ce dernier refuse, probablement car Alî se sent impliquer dans cette affaire. Les Omeyyades demandent alors un recourt à la justice qui échoue et amène les deux camps sur le champ de bataille à la bataille de Siffîn (657). 

    Cette bataille est marquée par un épisode mythologique donc la signification doit être appréhendée comme autrement plus sérieuse qu’un simple folklore. Alors qu'Alî s'apprête à triompher contre Mu'âwiya, ce dernier fait brandir des Corans sur les lances en demandant un recourt à un arbitrage divin. Alî accepte provoquant une sécession dans ses rangs: une part rigoriste de ses soutiens sortent des rangs et s'opposent à cette décision en prétendant que seul Dieu doit départager dans le combat. Ce sont les Kharîdjites, dont le terme arabe signifie "sortir" traduisant leur action de sécession. La mythologie prétend qu'un conseil de Mu'âwiya lui aurait suggéré, devant la défaite à venir de brandir ces Corans, ultime chance de déstabiliser les adversaires et de créer une possible rébellion dans les rangs adverses. Les révoltes se retirent à Nahrawân où ils sont massacrés par Alî rapidement. La menace provoquée par ces rigoristes est écartée à court terme seulement.

    L'arbitrage est finalement mené comme l'ont demandé les conseils de l'omeyyade et les arbitres condamnent l'illégitimité du meurtre d'Uthmân donnant toute crédibilité à Mu'âwiya qui est reconnu comme calife en Syrie en Égypte et en Arabie. Seul l'Irak reste fidèle à Alî qui se réfugie à Kûfa où il est assassiné à la sortie d'une mosquée. Il devient ainsi le premier martyr de la cause chiite.

     

    Entre la mort Prophète et l’avènement de la dynastie omeyyade s’écoule trente ans, de 632 à 661. Ce sont trente ans qui constituent l'un des moments majeurs de l'histoire musulmane avec la première formalisation du système de pouvoir sans frontière entre société, politique et religion. Le pouvoir s’appuie sur la religion pour légitimer son pouvoir et utilise la religion pour mobilier une communauté nouvelle attirée par un nouvel élan spirituel. De plus, les institutions de l'Islam se dessinent. Il s’agit du début d'une période de conquêtes territoriales qui vont mettre un terme définitif à l'unité du monde méditerranéen. A cela, s’ajoute le schisme engendré par la période de règne d’Alî.

     

    Questions d'Orient - Le 14 juillet 2014


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  • L'Arabie avant le Prophète Muhammad

    Cadre naturel, peuplement, économie et culture (2/2)

     

    Pour commencer à envisager l'aspect du territoire qui va servir de berceau à l'islam, il faut avant tout prendre consience du rôle des nomades bédouins qui a été décisif avant l'arrivée de l'islam et à ses débuts car les pratiques de ces groupes ont beaucoup orienté les pratiques de l'Islam. Nous évoquerons ultérieurement le rôle majeur de ces populations dans l'expansion musulmane.

    Cependant l'Arabie profonde post-Islam est assez mal connue.

    -> Le cadre naturel

    Il s'agit d'un milieu très homogène avant tout dominé par des déserts et représentant une superficie de près de 3 000 000 de km², 2500 kilomètres dans sa dimension nord-sud et 1500 dans sa dimension est-ouest.

    Pour les populations arabes, l'Arabie est avant tout une île (Djazîrat al-Arab) ce qui est important pour saisir les représentations premières et les acceptions du lieu par les premiers grands personnages de l'islam: il y a assez souvent une impression d'isolement, d'enfermement et de marginalité.

    Trois chaînes de montagnes qui renforcent cette sensation d'isolement: à l'ouest le Hidjâz, à l'est les monts d'Oman et au sud les monts du Yémen. C'est entre ces chaînes de montagnes que se développent des déserts et de vastes étendues sablonneuses; par exemple le désert de Nafûd qui représente à lui seul 70 000 km².

    Il s'agit d'une des régions les plus chaudes et arides du monde: le désert ne reçoit aucune précipitation entre mai et octobre. Outre les quelques oasis où se trouvent dattiers et palmiers et qui font l'objet de multiples convoitises, il n'y a pas d'autre végétation. Néanmoins, le sud échappe à cette sécheresse et subit les effets de la mousson venue de l'océan Indien ce qui permet une plus grande variété de cultures sous forme de terrasses notamment.

    -> Les hommes et leurs activités

    La vie économique, sociale et culturelle de ces régions est alors organisée et orientée par les contraintes exposées.

    Deux groupes semblent revendiqués par une différenciation surtout dans la représentation des peuples: les Arabes du sud et ceux du nord confortant cette citation de Robert Mantran dans L'expansion musulmane :"La théorie arabe veut que les Arabes forment une race, et non pas une communauté de peuples parlant la même langue"

    Nomades du nord et du centre ne forment pas d'État mais sont connus depuis l'Antiquité sous le nom de Sarrasins et semblent organisés en tribus divisées en clans. Le clan estdirigé par un shaykh assisté d'un conseil formé par l'ensemble des chefs de famille (shuyûkh).

    Les Bédouins se conforment à un idéal moral (murûwwa ou virilité) associant courage, dignité, endurance et hospitalité. L'hospitalité est une des règles les plus sacrées de l'honneur surêment à cause de la fragilité et de l'instabilité de la vie nomade. Le porte-parole du groupe estle poète qui est craint et admiré. Nous pouvons citer entre autre Zuhaîr ou Labîd.

    La plus grande partie des activités économiques sont consacrées à l'élevage et surtout à l'élevage du chameau qui est un animal résistant et rapide pouvant porter de lourdes charges. Les autres animaux élevés sont les caprins, les ovins, les ânes, les mulets, et sûrement aussi des chevaux. Néanmoins, cette pratique nécessite en tout temps le contrôle des points d'eau, contrôle qui devenait une activité majeure et impérative accentuant l'aspect instable et brutal de la vie.

    Au sud se développe les cultures en terrasses qui permettent de récolter de la vigne. On y trouve diverses espèces de fruits, de légumes et d'épices / parfums qui sont transportés vers le nord. L'accès de cette zone à l'eau en fait une zone plus développée, mieux connue et, semble-t-il, plus agréable à vivre; c'est ce que les historiens vont appeler la Felix Arabia, l'Arabie heureuse.

    Auteurs arabes utilisent souvent le terme Djâhiliyya signifiant sauvagerie pour désiger l'état d'ignorance dans lequel se trouvent les populations arabes avant l'Islam. Malgré tout, cela ne signifie pas qu'il s'agit d'une myriade de peuples sans religion.

    Le religieux tenait une place importante dans les sociétés. Le sud était marqué par des polythéismes. IIl y a existance d'un clergé qui est alors consituté de prêtres devant administrer les dons aux Dieux. Le nord semble plus marqué par des religions primitives consacrant une place important au surnaturel et à la magie. On pratique la divination par le vol des oiseaux. Dans le Hidjâz, on vénère trois déesses : Allât (déesse du ciel), al-Uzzâ (déesse de la puissance), Manât (déesse du sort). A la Mecque, on adore Allâh, le créateur de l'univers et Hubal. Les lieux de résidence des divinités sont les harâm, espaces inviolables.

    -> Les échanges, les villes et la Ka'ba

    L'Arabie occupe une place privilégiée du commerce avec une position carrefour. On pratique les échanges par voies terrestres (caravanes) et parfois par voies maritimes sous forme de cabotage mais la maîtrise de la mer va être très tardive pour les populations arabes.

    L'Éthiopie et l'Abyssinie font arriver des esclaves, de l'or, de l'ivoire et des pierres précieuses. D'Egypte et de Perse arrivent des céréales, des tissus et depuis la Chine de la soie.

    Dans l'Arabie même, les échanges internes sont aussi abondants : du sud vient de l'or, des pierres, des perles, des peaux, du poisson séché, des épices, des aromates. Depuis le Hidjâz arrive des dattes et des céréales. Les pistes sont jalonnées d'oasis pour permettre l'aménagement d'étapes.

    Trois villes importantes sont situées le long du Hidjâz :

    - Yathrib, oasis fertile composée de fermes comprenant des tribus juives arabisées et des chrétiens;

    - Tâ'if, 350 km plus au sud qui est un asile de fraîcheur dans les montagnes.

    - La Mecque, à l'ouest à mi-distance entre la Syrie et le Yémen est la plus importante de ces villes. Le succès de cette ville est surtout lié à sa situation géographique, l'oasis source du Zemzem et à son grand marché.

    Mais succès aussi avec la présence d'un sanctuaire sacré : la Ka'ba qui est un édifice rectangulaire (10 mètre de coté et 15 mètre de hauteur) dont la création remonte à Abraham. L'édifice fait alors l'objet d'un pélerinage annuel, qui est une source importante de revenus pour la ville.

    Malgré les apparences, l'Arabie n'est pas un monde clos sur lui-même. Il est souvent présenté comme le carrefour entre l'Orient et l'occident d'autant qu'à cette époque on assiste à diverses entatives des Arabes pour infiltrer le Croissant Fertile ce qui aboutit à la création de divers royaumes.

    D'un point de vue culturel, l'espace en question subit d'importantes influences du judaïsme et du christianisme. Les Juifs constituent d'importantes communautés dans des villes (il s'agit d'une religion urbaine, tout comme le christianisme) comme Yathrib ou au Yémen. Les communautés chrétiennes sont moins nombreuses mais existent au Yémen: la ville de Najran est le siège d'un évêché et dans le nord  via certaines tribus comme celle des Banû Taghlib.

     

    Pour clore cette brêve introduction sur un monde bigarré et hétérogène, il faut noter que les débuts de l'Islam sont placés sous une tension certaine puisque l'Arabie est une immense espace où s'opposent très tôt les intérêts des Perses (Sassanides) et des Byzantins héritiés entre valides de l'Empire romain via la dyarchie et tétrarchie de Dioclétien en 324. 

     

    Questions d'Orient - Le 03 juin 2014


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  • L'Arabie avant le Prophète Muhammad

    (1/2)

     

    Les actualités du monde arabe paraissent, au jour le jour parfois difficilement compréhensibles lorsque l'on s'y intéresse à travers un prisme strictement occidental. Les pratiques de l'islam semblent en effet souvent "décalées" vis-à-vis de nos pratiques dites "occidentales". Pour éviter de tomber dans ce que certains nomment "islamophobie" (même si le terme est discutable car sa définition est très bancale) par ethnocentrisme, il s'agit de prendre la religion et la société islamique à ses racines, c'est-à-dire à l'époque médiévale, qui, comme souvent, constitue une période explicative de beaucoup de phénomènes actuels.

     

    Les sociétés musulmanes sont imprégnées par le religieux. Religion et politique sont strictement indissociables. Le fondement de la société islamique repose sur le Coran c'est-à-dire la Tradition (Sunna) qui est basée sur les Prédictions du Prophète Muhammad.

    Le religieux régit et donne des règles dans le cadre de la vie privée et familiale mais aussi dans le système éducatif. Encore aujourd'hui, on retrouve des madrasas, ces écoles d'origine moyenâgeuses, établies pour diffuser la parole religieuse et l'enraciner chez les nouvelles générations, gage du renouvellement de la foi dans la société.

    Les origines de la religion sont à chercher en Arabie et à dater en 622 c'est-à-dire au début de l'ère hégirienne.

     

    Étymologiquement, îslam veut dire "Soumission" et il s'agit bien entendu d'une Soumission (dans son sens honorable) à Dieu.

    Mais l'islam n'est pas qu'une religion. C'est aussi l'établissement de règles et de préceptes de société et de politique: dans ces cas là il s'agit de parler de l'Islam (avec une majuscule au i introductif). L'Islam attrait donc aussi à l'organisation de la société puisqu'on trouve dans les Textes saints des précèptes  et des fondements relatif à l'organisation de la vie sociale dans la terre d'Islam (dar al-islam). Cette collusion originelle entre précèptes religieux et précèptes sociaux montrent bien qu'il n'y a, dès le début, aucune distinction faite entre religieux et politique. La civilisation islamique est donc, au fondement entièrement basée sur le Coran.

    Le Coran constitue le texte saint de l'Islam et en fait une religion du Livre telle le christianisme (la Bible) ou le judaïsme (la Torah). Le mot Coran se traduit al Qo'ran en arabe et signifie: récitation. Le texte représente directement la parole de Dieu. De facto, la langue arabe prend une dimension sacrée et religieuse importante puisque l'arabe est la langue choisie pour représenter la religion. La diffusion de la langue va être permise via la diffusion massive de l'Islam.

     

    D'un point de vue chronologique, l'Hégire débute le 16 juillet 622. Le départ de Muhammad, son expatriation (hidjra) le conduit de la Mecque vers Médine. 

    Dans cette rubrique introductive à finalité vulgarisante, deux grandes périodes vont être présentées dans leur mise en place:

    - dans un premier temps, la période de vie et de domination du Prophète;

    - puis celle des quatres califes dits Râshidûn entre 632 et 661.

    Nous tenterons aussi de présenter les trois grandes dynasties arabes qui vont dominer l'Orient médiéval, le monde arabe: les Omeyyades, les Abbassides, les Fatimides, mais aussi l'Occident c'est-à-dire l'Espagne et le Maghreb occidental (al-Mashriq).  L'arrivée au pouvoir et la période de maintien de ces dynasties vont constituer l'apogée du pouvoir de l'Islam entre le 7ème et 11ème siècle.

    La fin de la dynastie abbasside en 1261 suite à la prise de Bagdad par les Mongols marque le morcellement du monde musulman et une suite logique à une longue période de décadence. Le pouvoir échappe aux grandes familles arabes et passe dans les mains d'autres peuples parallèlement au développement d'un Islam occidental qui échappe à tout contrôle de l'Orient.

    Au début du 13ème siècle, les Chrétiens reprennent définitivement le dessus sur les Musulmans du point de vue militaire: cela se traduit par l'union des seigneurs espagnols qui écrasent les troupes almohades à la bataille de Las Navas de Tolosa et du point de vue politique par la prise en charge progressive des pouvoirs locaux suite à la période des taifas après la grande fitna morcellant le califat omeyyade de Cordoue.

    Le 11ème siècle dans l'Orient musulman inaugure l'effacement progressif de l'islam au profit d'une montée majeure de l'Occident chrétien:

    -> Essor économique de l'Europe: les marchands italiens sont particulièrement puissants et contrôlent le commerce en Méditerranée et dans les pays arabes.

    -> Les avancées culturelles du monde musulman commencent à stagner et l'héritage de l'Antiquité est capté par les européens.

    -> Essor démographique et militaire de l'Occident marqué par le phénomène des Croisades qui traduisent une grande inversion des rapports de forces au profit des Chrétiens. Le grand front devient al-Andalus avec la Reconquista.

     

    Questions d'Orient - Le 25 mai 2014


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