• Liban / Syrie:

    Un combattant du Hezbollah assassiné hier à Beyrouth

     

     

    C'est une figure emblématique du Hezbollah et de la résistance à l'invasion du sud-Liban par Israël qui est tombée mardi 03 décembre. Hassan al-Laqqis a été assassiné hier près de son domicile à Haddath à l'est de Beyrouth alors qu'il était dans son véhicule. L'assassinat semblait très préparé et a été exécuté de manière professionnelle: pistolet muni d'un silencieux, plusieurs assaillants, balles tirées à bout portant en pleine tête.

    Cet assassinat arrive dans un contexte de tensions extrêmes entre les sunnites et les chiites qui luttent en Syrie et déportent leurs combats dans le pays voisin qu'est le Liban. Laqqis était connu pour son implication dans le conflit syrien au côté du pouvoir chiite en place et dans le groupe du Hezbollah. Originaire de Baalbeck (où il a été enterré aujourd'hui mercredi 04 décembre) il avait été un des premiers miliciens chiites à rejoindre le Hezbollah à sa créaction au début des années 80 grâce au Gardiens de la Révolution iraniens. 

    C'est peut-être ce clivage idéologique qui lui aura couté la vie mardi soir. Suite à son assassinat, le Hezbollah a de suite ciblé Israël (il avait été un farouche opposant à la politique expansionniste du pays) mais le pays hébreu a de suite démenti cette accusation en admettant que le Hezbollah devrait plutôt porter ses suspicions sur les rebelles sunnites que le Hezbollah combat en Syrie. Ces "rebelles" syriens de plus en plus affiliés à al-Nostra sont déjà responsables du double attentat contre l'ambassade d'Iran à Beyrouth le 19 novembre. L'attentat avait couté la vie à 25 personnes. 

    A une échelle internationale, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a pointé du doigt l'Arabie Souadite qui règne en maître des pays sunnites au Moyen-Orient. Nasrallah a affirmé que le pays serait à l'origine de l'attentat au Liban qui avait été revendiqué par le groupuscule des Brigades d'Abdallah Azza lié à Al-Qaïda qui ont «un émir et il est Saoudien, et je suis convaincu qu'il (le groupe) est lié aux services secrets saoudiens, qui dirigent des groupes comme celui-là dans différentes parties du monde». 

    Il faut dire que cet assassinat est la troisième opération visant le coeur du Hezbollah conduite en cinq mois. Malgré ces attaques qui semblent atteindre leur but, le chef du mouvement chiite a affirmé très clairement que cela n'entraverait en rien le soutien armé que continue et continuera de fournir le Hezbollah au président Bachar al-Assad. 

     

    Cette attaque tombe comme une lourde conclusion suite au trois jours d'affrontements entre militants pro-Assad chiites et rebelles syriens sunnites à Tripoli, grande ville du Liban connue pour son marquage idéologique sunnite. Les affrontements auraient fait onze victimes jusqu'à maintenant.

    On peut craindre que ce regain de tensions (qui semblait surtout se maintenir à Tripoli) s'étende au pays entier qui plongerait dans une guerre civile idéologique aggravée par l'arrivée continuelle de centaines de milliers de réfugiés victimes du conflit syrien. Ce théâtre syrien est propice aux réglements de comptes entre iraniens et saoudiens (par le biais de leurs relais chiites et sunnites) qui se vouent une haine viscérale et qui déplacent le conflit sur une terre (le Liban) vouée au départ au soutien et non au djihâd. 

    Autant dire que la géopolitique du Moyen-Orient semble polarisée sur le risque de basculement dans la violence idéologique du Liban ce qui aurait des conséquences considérables sur l'avenir de ses voisins notamment Israël. 

     

    Questions d'Orient/ Le 04 décembre 2013


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  • Syrie: 

    Les Etats-Unis annoncent la destruction d'une part des armes chimiques du régime al-Assad en mer

     

    Suite à l'accord trouvé entre les puissances occidentales, la Russie et le régime de Bachar al-Assad, qui vise à détruire le stock d'arme chimique dont le régime aurait fait usage, les Etats-Unis et l'OIAC (Organisation pour l'interdiction des armes chimiques) sont dorénavant en première ligne pour passer à l'acte et procéder à la destructions des quelques 1000 tonnes et plus de composants chimiques. 

    L'OIAC a annoncé le 30 novembre dernier qu'une bonne part des stocks chimiques seront détruits en mer depuis un bâtiment de la navire américaine. "Le directeur (de l'OIAC) a déclaré que les opérations de neutralisation seront menées en mer sur un navire des Etats-Unis en utilisant la technique de l'hydrolyse" a déclaré l'Agence dans un communiqué. "Le navire a été modifé pour accueillir les opérations et supporter les opérations de vérification de l'OIAC"

    Toutes les armes ne seront pas ainsi détruites et les plus dangereuses restantes devront être transportées hors du pays syrien avant le 31 décembre. Cela est le résultat d'un accord du Conseil Exécutif de l'organisation gérant le dossier des armes chimiques qui s'était réunie pour traiter la question mi-novembre. Globalement, la majorité des armes et des précurseurs servant à la composition des armes de destruction (à l'exception de l'isopropanol) devront avoir quitter le sol syrien avant la date butoire fixée le 5 février 2014. Les installations de production ayant été déclarée par le régime al-Assad devront aussi être détruites et cela aura lieu du 15 décembre au 15 mars 2014 toujours, selon l'OIAC.

    Même si tout le monde semblait s'être réjoui des accords trouvés pour  la neutralisation puis la destruction du stock chimique, il y a dorénavant moins de candidats (en terme d'Etats-Nations) pour accepter sur son sol les proccessus de destruction. A vrai dire, aucun pays ne s'est encore mobilisé et n'a encore accepté ce processus. 

    Pour ce qui est des firmes concernées, il y a eu des réactions à l'appel de l'OIAC supervisant les opérations. A la date de vendredi, 20 entreprises spécialisées s'étaient manifestées pour engager le processus de destruction des 800 tonnes d'agents chimiques et des 7,7 millions de litres de résidus. Le nom de ces firmes n'a pas été révélé sauf la firme finlandaise Ekokem dont le président Timo Pekkari a officiellement déclaré la candidature. "Nous avons exprimé notre intérêt concernant certaines des substances qui figurent sur la liste (...) et qui sont assez semblables à ce que nous traitons régulièrement" a-t-il déclaré. 

    A la mi-novembre, l'Albanie qui avait reçu des pressions des Etats-Unis avait fermement refusé que les opérations se déroulent sur son sol. 

     

    Questions d'Orient/ Le 03 décembre 2013


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  • Syrie / Liban :

    l'extension de la rébellion vers des foyers islamistes incontrôlables

     

    Le double attentat à la voiture piégée de Bir Hassan semble confirmer visuellement ce que les autorités libanaises font mine de ne pas voir: le Liban est en train d'être gagné à des causes djihâdistes par des groupuscules qui ont dorénavant les moyens de frapper au coeur du pays souvent en étant rattachés à Al-Qaïda. Quand l'expression gagner le pays est employée elle n'est pas gratuite de sens: en effet ces structures de soutien franchement puissantes semblent déplacer le djihâd dans le pays Liban. La "terre de soutien" devient une "nouvelle terre de djihâd". 

    D'après les dernières estimations, ces structures de soutien djihâdistes trouveraient leur compte dans trois zones où elles se sont retranchées et où l'armée libanaise n'a plus aucun accès. 

     

    Les trois zones

    La première de ces zones serait celle du camp palestinien de Aïn el-Héloué dont l'Etat libanais tente de contrôler les issues depuis un certain temps. Grâce au Fateh responsable de la sécurité du camp qui a coopéré avec les militaires libanais, ces derniers ont pu établir des contacts avec certains groupes. Ces informations recueillies ont permis notamment de disloquer le groupe islamiste d'Ahmad el-Assir à Abra. 

    La deuxième de ces zones est Tripoli. L'article publié hier sur le blog relatait les problèmes et les réglements de compte récurrents contre les minorités alaouites dans la ville. Certains quartiers de la ville notamment ceux proches de Jabal Mohen sont devenus totalement impénétrables et sous la loi islamiste. Ces derniers profitent de l'incapacité de la classe politique à réagir contre ce pouvoir religieux. Ces derniers jours, lors de meeting entre les "chefs des axes", le mufti de la ville, cheikh Malek Chaar, s'est fait réprimandé par ces islamistes. Il est déjà connu pour sa médiocrité. 

    Enfin la troisième zone est celle de Ersal. Elle est connue pour être le plus important foyer de djihâdistes et la zone la plus risquée. Déjà sa position géographique en fait une zone géostratégiquement instable auquelle il faut rajouter les conjonctures géopolitiques actuelles. 

          

    Son ouverture sur l'Anti-Liban, sur la région de Qalamoun du coté syrien (grande route majeure pour l'armée syrienne qui contrôlerait l'approvisionnement de Homs à Damas) et la présence incalculable de réfugiés syriens impossible à recenser font de la région une zone d'inquiétude et de tensions extrêmes pour le gouvernement libanais. 

    Lors du déclenchement de la crise syrienne, Ersal se présentait comme une parfaite base arrière servant à la logistique pour l'opposition. L'armée libanaise alors en poste a été sommée de partir suite à une multitudes d'attaques. Le message passé était clair: l'armée libanaise était un facteur hostile à l'opposition et son évincement quasi simultané a permis l'implantation systématique des groupuscules islamistes. A cela s'est rajouté l'implication du Hezbollah dans le conflit syrien et la cupidité des habitants de la région. Ces derniers ont vu dans le flot de réfugié des profits faciles: les trajets jusqu'aux hôpitaux ont été rémunérés, les soins et l'hébergement aussi.

    Ces groupes de la région de Qalamoun se sont vite vus apparentés au Front al-Nostra lié à Al-Qaïda. Suite aux attentats de Bir al-Abed et Roueiss les services de sécurité ont mené des enquêtes qui les ont conduit directement à Ersal ce qui prouve l'implication directe des groupuscules islamistes dans les attaques. Ce n'est pas pour autant que cela va changer la vie de ces groupes, les arrestations étaient inconcevables dans les zones où se sont réfugiés les terroristes. 

    Les autorités locales sont donc totalement débordées et chacun prévoit une montée en puissance de la violence dans les prochains jours ou mois au Liban. 

    Pour l'instant chacun s'y prépare, l'étape déterminante sera le lancement d'une grande bataille à Qalamoun. L'armée syrienne semble se contenter de gagner des petites escarmouches en reprennant des localités comme Qara contrôlant elle aussi la route de Damas à Homs. Si l'armée parvient à encercler les rebelles et que ces derniers s'effondrent aura alors lieu la bataille de la Qalamoun. Le Ersal et les massifs alentours deviendront alors les seuls refuges de ces groupes islamistes subissant des revers en Syrie. 

     

    Questions d'Orient/ Le 02 décembre 2013


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  • Tripoli:

    La chasse à l'homme a commencé

     

    Dans la ville de Tripoli, capitale nord du Liban, les effets de la crise syrienne commencent à prendre des proportions assez inquiétantes. En effet, la ville regroupe une majorité ethnique sunnite mais on y retrouve aussi une minorité alaouite, la branche du chiisme auquel est rattachée la famille Al-Assad. 

    Les violences ont pris une nouvelle tournure suite à l'agression punitive contre quatre fonctionaires alaouites qui ont été visé aux pieds par des membres d'un nouveau groupuscule connu sous le nom de "Comité Militaire des proches des martyrs des explosions de Tripoli". Ce groupe s'est créé en réponse au double attentat à la voiture piégée ayant fait au moins 42 morts le 23 août dernier devant deux mosquées de la ville. Les victimes étaient de confession sunnite. 

    Une nette volonté de se faire justice soi-même semble être à la mode puisque cette aggression n'est pas la première: il y a un mois environ, six alaouites avaient été abattus en rentrant à leur domicile. Les milices sunnites de la capitale agissent clairement sous le slogan: chasse aux alaouites et veulent éliminer tout alaouite "s'aventurant à mettre les pieds dans la ville". 

    Le blog libanais francophone L'Orient le Jour a recueilli les propos d'Abed. Il était chef d'une milice de Tebbané mais il est actuellement réfugié dans un pays européen après le meurtre de son neveu et des menaces de mort. "Nous continuerons de sévir tant que notre ennemi se trouve au cœur de notre ville », lance-t-il sans pour autant préciser s'il a un lien quelconque avec ledit « comité militaire ». Malgré son éloignement de Tripoli, sa détermination n'a pas été entamée dans son combat contre la minorité alaouite. Cet alaouite "doit payer pour les crimes commis par Rifaat Eid (le secrétaire général du Parti arabe démocrate) et son père". Et Abed d'ajouter que "tant qu'ils continuent à lever le drapeau syrien au lieu du drapeau libanais ces gens-là ne seront pas considérés comme citoyens de la ville". 

    Les miliciens semblent avoir conscience que ces persécutions visent des innocents qui ne coopèrent pas obligatoirement avec le PAD mais pour autant... "tous ceux qui ont morts dans les explosions, n'étaient-ils pas innocents ? Puisque Rifaat Eid revendique le leadership incontesté de la communauté alaouite, qu'il assume alors la souffrance de la population civile de Jabal Mohsen". 

     

    Pour faire face à ces menaces, une réunion et manifestation pacifique a eu lieu à Jabal Mohsen le 29 novembre. La mobilisation avait comme objectif de protester contre ces violences. Les slogans étaient clairs: c'est la dernière fois que nous faisons une manifestation pacifique. 

    Les habitants craignent tous un nouveau round de violence inter-ethnique vu comme imminent. « Les sunnites de Tripoli estiment que l'État n'a pas sévi au lendemain des accusations qui ont mis en cause la première fois Ali Eid (accusé d'avoir aidé un suspect à fuir après le double attentat de Tripoli) et la seconde fois son fils (qui a proféré des menaces de mort à l'encontre des membres du service des renseignements des FSI) », affirme Omar, qui explique que les milices sunnites de la ville ont décidé de prendre les choses en main eux-mêmes. Pour Omar, cette fois-ci semble être l'explosion générale et la généralisation des violences dans tout le pays, une nouvelle guerre civile pour résumer. 

    La colline de résidence de la communauté alaouite est devenue un ghetto fortifié et gardé par des combattants. La population redoute surtout des attaques à la voiture piégée. « Plus aucune voiture inconnue ne peut désormais passer », dit Mohammad, un combattant alaouite. Ce combattant fait parti du dispositif  de protection mis en place par les habitants. La technique est simple, explique un de ces habitants du quartier : « Les taxis qui ne sont pas du coin et tout véhicule en provenance de l'extérieur sont systématiquement détruits et leurs vitres brisées". 

     

     

    Pour les milices sunnites, la fin à atteindre est un jugement en bonne et due forme du secrétaire général du PAD et de son fils. 

    La logique voulant que ces milices aient été créée pour venger les victimes de l'attentat d'août, les familles ont néanmoins démenti toute liaison avec ces groupuscules. 

    Aujourd'hui même en début de soirée, des dizaines d'obus se sont abattus sur de multiples quartiers de la ville de Tripoli qui est le théâtre d'affrontements meurtriers entre les quartiers rivaux de Bab el-Tebbané (sunnite, anti-Assad) et de Jabal Mohsen (alaouite, pro-Assad).

    Selon l'Agence nationale d'information (ANI, officielle), des obus se sont abattus sur les quartiers de Mankoubine, Rifa, Biqar, Souk el-Kameh, Harat el-Baraniya, Mashrou' el-Hariri, el-Amricane et la rue de Syrie.

    Dans le même temps les échanges de tirs se poursuivaient entre Jabal Mohsen et Bab el-Tebbané.

     

    Questions d'Orient/ Le 01 décembre 2013


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  • Syrie:

    Un combattant rebelle décapité par erreur

     

    Hôpital d'Alep, 10 novembre, l'armée rebelle syrienne est en pleine débâcle. Les troupes pro-gouvernementales viennent de reprendre la ville d'Al-Safira et la base 80 accollée à l'aéroport d'Alep.

    Un homme blessé, à l'agonie vient d'être transféré dans cet hôpital tenu par les rebelles après avoir été touché lors de combats contre les forces du gouvernement, à la périphérie de la ville. Sous l'emprise de médicaments dont les doses n'ont pas forcément été administrées avec grande prudence, il délire. Il va bientôt s'écrire: "Ali, Hussein". Ali et Hussein sont les noms des deux premiers imams vénérés dans la branche religieuse du chiisme, branche de l'islam à laquelle appartient la famille al-Assad et que déteste particulièrement les rebelles. 

    Cet homme c'est Mohamed Marrouch et en prononçant ces mots il vient de signer son arrêt de mort. C'est l'EIIL (L'Etat Islamique en Irak et au Levant) qui va se charger de finir la besogne. Pris pour un proAssad, Marrouch va être décapité devant une foule rassemblée à Alep comme le montre la vidéo sur le site de l'Observatoire Syrien des Droits de l'Homme. 

    Le Président de l'organisme des droits de l'homme, Rami Abdelrahman, a affirmé que la victime a été identifiée par la suite par le groupe Ahrar al Cham, un allié de l'EIIL. 

    "EIIL a reconnu avoir tué le rebelle et avoir arrêté un tunisien qui lui aurait coupé la tête" a encore déclaré le Président Abdelrahman. Ce tunisien aurait ensuite été déféré devant un tribunal islamiste toujours à Alep. 

     

    Cette exaction semble prouver deux choses: 

    -> plus le temps avance, plus la rébellion semble s'éparpiller en une multitude de groupes rebelles dont la plupart sont dorénavant affiliés officiellement à Al-Qaïda (comme c'est le cas de l'EIIL). 

    -> cette rébellion échappe à tout contrôle stable et profitable défendant clairement sous les armes la liberté d'un peuple et l'évincement d'un gouvernement. Il faut voir en ces groupes islamistes qui combattent l'archétype des combattants du djihâd dont l'objectif premier est le fondation d'un califat ou tout du moins d'un Etat islamiste régi par la charia et les ouléma.

    Autant dire que les soucis du peuple syrien ne sont plus franchement le centre des préoccupations. 

     

    Questions d'Orient/ Le 29 novembre 2013


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