• Bibliographie et webographie:

    Cette liste n'est pas exhaustive et sera complétée

     

    Mobilisation de ressources en ligne:

     

    Quotidiens en ligne :

     

    -          L’Orient-Le Jour

    -          Al-Ahram

    -          Le Figaro

    -          Libération

    -          Le Monde

    page Moyen Orient

    -          Le Monde Diplomatique

    -          La Presse Tunisie

    -          L’économiste maghrébin

     

    Sites d’informations :

     

    -          Orient XXI

    -          Les Clefs du Moyen-Orient

    -          Diploweb.com, la revue géopolitique

    -          Jeune Afrique

    -          La Tribune de Terre-Sainte (Chrétiens d’Orient)

    -          Arabsthink.com

    -          Culture et politique arabes

    -          Free Arabs (groupe de chercheurs, bloggeurs, journalistes et activistes)

    -          Geopolis

    -          Observatoire de l’islamisation

     

    Organismes internationaux :

     

    -          Atlantic Concil, Cyber statecraft

    -          Syrian Observatory for Human Rights

    -          SANA, l’agence de presse arabe syrienne (organisme du régime de Damas)

     

    Comités de chercheurs :

     

    -          IREMMO

    -          IFPO

    -          CCMO (Comité des Chercheurs sur le Moyen-Orient)

    -          Confluence Méditerranée (annonces de colloques, réunions et blogs)

    -          CF2R

    -          L’université de tous les savoirs (compilations de conférences)

     

    Blogs :

     

    -          De Bagdad à Jérusalem, l’Orient indiscret par Georges Malbrunot sur le Figaro

    -          Le blog d’Antoine Sfeir

    -          Géopolitique au Moyen-Orient par Jean-Baptiste Beauchard

    -          QUESTIONS D’ORIENT QUESTIONS D’OCCIDENT par Jean-Paul Budry

    -          Géopolitique de l’Iran

    -          Chroniques orientales par Delphine Minoui sur le Figaro

    -          The Arabist

    -          Géosophie, le blog de Sophie Clairet

    -          Pour un Maghreb libre et laïc

    -          L’Orient expressif par Zineb Zellag

    -          Un Œil sur la Syrie par Wladimir Glasman via le Monde

     

    Cartes géopolitiques évolutives :

     

            -          VisibleWars

     

    Culture arabe :

     

    -          L’Orient littéraire

     

    Revues :

     

    -          Moyen-Orient (articles disponibles sur le site Internet en libre accès)

    -          Carto, le monde en cartes

    -          Questions internationales

     

     

    Ouvrages de lectures

     

    Études du monde arabe et littérature de témoignage :

     

    -          Gilles Kepel, Passion arabe. Journal, 2011-2013, Paris, Gallimard, « Témoins », 2013

    -          Jean-Pierre Filiu, Je vous écris d’Alep ; au cœur de la révolution syrienne, Denoël Impact, 2013

    -          Georges Malbrunot, Des pierres aux fusils, Paris, Flammarion, 2002

    -          Nasser al-Bahri avec la collaboration de Georges Malbrunot, Dans l’ombre de Ben Laden ;  révélations de son garde du corps repenti, Neuilly sur Seine, Michel Lafon, mai 2011

    -          Christian Chesnot et Georges Malbrunot, Qatar, les secrets du coffre-fort, Paris, Michel Lafon, « J’ai lu », 2013

    -          Jonathan Littell, Carnets de Homs, Paris, Gallimard « NRF », 2012

     

    Géopolitique et réflexions universitaires :

     

    -          Philippe Boulanger, Géographie militaire et géostratégie ; enjeux et crises du monde contemporain, Paris, Armand Colin, « Collection U », 2011

    -          Vincent Thébault (directeur de publication), Géopolitique de l’Afrique et du Moyen-Orient, Paris, Nathan, « Nouveaux Continents », 2006

    -          Frédéric Lasserre, Emmanuel Gonon, Manuel de géopolitique, enjeux de pouvoir sur les territoires, Paris, Armand Colin, « Collection U », 2008

    -          Bruno Étienne, L’islamisme radical, Mesnil sur l’Estrée, Hachette, 1987

    -          Maxime Rodinson, L’islam politique et croyance, Paris, Fayard, 1993

    -          Maxime Rodinson, La fascination de l’Islam, Paris, La découverte/Presse Pocket, « Agora », 1989

    -          Bernard Lewis, Le retour de l’Islam, Paris, Gallimard, « folio histoire », 1985

     

    Culture d’Orient :

     

    -          André Miquel, L’Islam et sa civilisation, Paris, Armand Colin, Septième édition avec la collaboration de M. Henry Laurens, 2003

    -          André Miquel, L’islam, du Golfe aux Océans, Paris, Hermann éditeurs des sciences et des arts, 1994


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  • L'Arabie avant le Prophète Muhammad

    (1/2)

     

    Les actualités du monde arabe paraissent, au jour le jour parfois difficilement compréhensibles lorsque l'on s'y intéresse à travers un prisme strictement occidental. Les pratiques de l'islam semblent en effet souvent "décalées" vis-à-vis de nos pratiques dites "occidentales". Pour éviter de tomber dans ce que certains nomment "islamophobie" (même si le terme est discutable car sa définition est très bancale) par ethnocentrisme, il s'agit de prendre la religion et la société islamique à ses racines, c'est-à-dire à l'époque médiévale, qui, comme souvent, constitue une période explicative de beaucoup de phénomènes actuels.

     

    Les sociétés musulmanes sont imprégnées par le religieux. Religion et politique sont strictement indissociables. Le fondement de la société islamique repose sur le Coran c'est-à-dire la Tradition (Sunna) qui est basée sur les Prédictions du Prophète Muhammad.

    Le religieux régit et donne des règles dans le cadre de la vie privée et familiale mais aussi dans le système éducatif. Encore aujourd'hui, on retrouve des madrasas, ces écoles d'origine moyenâgeuses, établies pour diffuser la parole religieuse et l'enraciner chez les nouvelles générations, gage du renouvellement de la foi dans la société.

    Les origines de la religion sont à chercher en Arabie et à dater en 622 c'est-à-dire au début de l'ère hégirienne.

     

    Étymologiquement, îslam veut dire "Soumission" et il s'agit bien entendu d'une Soumission (dans son sens honorable) à Dieu.

    Mais l'islam n'est pas qu'une religion. C'est aussi l'établissement de règles et de préceptes de société et de politique: dans ces cas là il s'agit de parler de l'Islam (avec une majuscule au i introductif). L'Islam attrait donc aussi à l'organisation de la société puisqu'on trouve dans les Textes saints des précèptes  et des fondements relatif à l'organisation de la vie sociale dans la terre d'Islam (dar al-islam). Cette collusion originelle entre précèptes religieux et précèptes sociaux montrent bien qu'il n'y a, dès le début, aucune distinction faite entre religieux et politique. La civilisation islamique est donc, au fondement entièrement basée sur le Coran.

    Le Coran constitue le texte saint de l'Islam et en fait une religion du Livre telle le christianisme (la Bible) ou le judaïsme (la Torah). Le mot Coran se traduit al Qo'ran en arabe et signifie: récitation. Le texte représente directement la parole de Dieu. De facto, la langue arabe prend une dimension sacrée et religieuse importante puisque l'arabe est la langue choisie pour représenter la religion. La diffusion de la langue va être permise via la diffusion massive de l'Islam.

     

    D'un point de vue chronologique, l'Hégire débute le 16 juillet 622. Le départ de Muhammad, son expatriation (hidjra) le conduit de la Mecque vers Médine. 

    Dans cette rubrique introductive à finalité vulgarisante, deux grandes périodes vont être présentées dans leur mise en place:

    - dans un premier temps, la période de vie et de domination du Prophète;

    - puis celle des quatres califes dits Râshidûn entre 632 et 661.

    Nous tenterons aussi de présenter les trois grandes dynasties arabes qui vont dominer l'Orient médiéval, le monde arabe: les Omeyyades, les Abbassides, les Fatimides, mais aussi l'Occident c'est-à-dire l'Espagne et le Maghreb occidental (al-Mashriq).  L'arrivée au pouvoir et la période de maintien de ces dynasties vont constituer l'apogée du pouvoir de l'Islam entre le 7ème et 11ème siècle.

    La fin de la dynastie abbasside en 1261 suite à la prise de Bagdad par les Mongols marque le morcellement du monde musulman et une suite logique à une longue période de décadence. Le pouvoir échappe aux grandes familles arabes et passe dans les mains d'autres peuples parallèlement au développement d'un Islam occidental qui échappe à tout contrôle de l'Orient.

    Au début du 13ème siècle, les Chrétiens reprennent définitivement le dessus sur les Musulmans du point de vue militaire: cela se traduit par l'union des seigneurs espagnols qui écrasent les troupes almohades à la bataille de Las Navas de Tolosa et du point de vue politique par la prise en charge progressive des pouvoirs locaux suite à la période des taifas après la grande fitna morcellant le califat omeyyade de Cordoue.

    Le 11ème siècle dans l'Orient musulman inaugure l'effacement progressif de l'islam au profit d'une montée majeure de l'Occident chrétien:

    -> Essor économique de l'Europe: les marchands italiens sont particulièrement puissants et contrôlent le commerce en Méditerranée et dans les pays arabes.

    -> Les avancées culturelles du monde musulman commencent à stagner et l'héritage de l'Antiquité est capté par les européens.

    -> Essor démographique et militaire de l'Occident marqué par le phénomène des Croisades qui traduisent une grande inversion des rapports de forces au profit des Chrétiens. Le grand front devient al-Andalus avec la Reconquista.

     

    Questions d'Orient - Le 25 mai 2014


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  • Hamas / Syrie:

    jeux de pouvoir et alliances géopolitiques

     

    Dans un Moyen-Orient en feu avec les crises diplomatiques qui secouent des régions sensibles, la crise syrienne va-t-elle influencer les relations entre les différents courants de résistance palestiniens et Damas ?

    La réponse évidente est oui. Une telle crise, une telle guerre civile ne peut guère ne pas laisser des séquelles sur des relations diplomatiques sur quand elles contraignent le camp palestinien à "choisir" qui soutenir. Des séquelles, il y a en aura mais des séquelles il y a déjà. Déjà car il faut prendre en compte les 525 000 réfugiés palestiniens de la guerre syrienne parmi lesquels 2000 ont déjà trouvé la mort. Et il faut aussi compter sur les systèmes d'alliance qui font justement de ce monde arabe un lieu stratégique hautement instable. La crise va incontestablement va rendre très compliqué le maintien de ce réseau d'accords qui arabes et régionales qui avaient pu être mis en place entre les deux partis.

    Il faut dire que la Syrie a toujours été la première en scène dans la question palestinienne et elle s'est notamment rapidement orientée vers le "front du refus" comme on le nomme, dont elle aurait même pris la tête. Ce "front" se caractérise par un refus catégorique des résultats possibles des l'accords de Camp David (1978) et d'Oslo entre l'OLP d'Arafat et Israël en 1993.

    Cette position de ferme résistance à l'État sioniste de la part de la famille Assad a conduit le régime de Damas à faire jouer son jeu d'alliance pour accueillir en son sein des factions palestiniennes de gauche notamment en opposition avec la politique d'ouverture et de négociation prônée par l'OLP. Citons notamment le mouvement du Front Populaire de Libération de la Palestine (FLPL).

    Mais Damas a surtout assuré l'asile au Mouvement de la résistance Islamique: le Hamas créé pour contrebalancer le Fatah d'Arafat. Cet accueil était d'ailleurs totalement en contradiction avec la ligne politique syrienne, pays se disant laïc et avec la ligne religieuse prônée par la famille Assad farouchement opposée aux Frères Musulmans dont le Hamas constitue une branche. N'oublions pas la fameuse répression dans le sang du soulèvement de Hama au début des années 1980 mené initialement par la bourgeoisie sunnite et les Frères Musulmans de la ville syrienne. Mais il semblerait que l'alliance géostratégique ait dépassé les conflits d'intérêts communautaires et que la Syrie ait vu dans ce rapprochement la possibilité d'élargir sa marge de manoeuvre régionales et internationale et une voie pour renforcer son emprise sur le monde arabe et le Moyen-Orient.

     

    Le soulèvement populaire de mars 2011, réprimé par les armées de Bachar al-Assad ont largement changé la donne d'un point de vue géopolitique et a considérablement modifié les alliances.

    Les factions palestiniennes ont eu un choix à faire. Autant les factions de gauche n'ont guère hésité et ont clairement pris de le parti de Bachar en pointant la révolution du doigt et en dénonçant un complot occidental et sioniste pour mettre à mal la seule puissance largement menaçante pour Israël autant le Hamas a complètement retourné sa veste en se rangeant du coté de la rébellion armée.

    C'était une décision risquée et osée pour un parti alors enfermé dans la bande de Gaza et qui, mettant ainsi à mal l'alliance avec Damas mettait aussi à mal l'alliance avec Téhéran, allié de toujours de la Syrie chiite. C'était non seulement tout le bloc chiite du Moyen-Orient qui tournait subitement le dos au mouvement anti-sioniste mais c'était aussi 23 millions de dollars par mois, somme apportée par Téheran, qui n'abreuvaient plus les caisses du Hamas.

    Pourquoi prendre un tel pari ? Car la conjoncture géopolitique de l'époque lui permettait d'espérer un retournement de situation. Les calculs stratégiques du Hamas étaient fondés sur un changement d'alliances régionales en faveur des puissances montantes à l'époque (2011) à savoir les Frères Musulmans et le Qatar, principal soutien de la confrérie dans le monde arabe. Traduction immédiate du choix politique, le Hamas a transféré en décembre 2011 son quartier général de la capitale syrienne à Doha.

    A ce moment là aussi, l'émirat qatari, petit poucet du Proche Orient misait aussi sur l'ascension fulgurante des Fréristes en Égypte qui étaient sur le point de remporter la majorité aux premières élections législatives post-Moubarak.

    Finalement, c'est dans une réflexion globale que s'est situé le Hamas, misant sur une victoire générale des partis islamistes à l'issu des "Printemps Arabes". On en voyait déjà des prémices encourageants en Tunisie avec Ennahdha ou en Égypte avec Mohamed Morsi. Le parti de la résistance espérait alors que la Syrie et la Libye puissent passer à un pouvoir religieux. Les forces islamistes auraient ainsi pu dominer et se réapproprier les résultats de révolution donnant ainsi un solide atout au Hamas face au Fatah et à l'Autorité Palestinien de Mahmoud Abbas.

    Visiblement, Abbas a choisi, plus judicieusement semble-t-il, une attitude plus neutre vis-à-vis du conflit syrien bénéficiant ainsi d'une marge de manoeuvre plus importante sur les territoires sous son contrôle.

    En réalité ce sont des rapports assez froids qui ont toujours liés Damas et Abbas pour la simple et bonne raison que Damas soutient l'opposition hostile aux politiques de négociations avec Israël menées par l'OLP. Le Fatah, de son coté a toujours nourri de forts doutes quant aux intentions futures de Damas qui aurait pu facilement vouloir faire main basse sur la question palestinienne.

    Dans tous les cas, le mouvement de Cisjordanie s'est abstenu de tout soutien à la révolte armée qui a gagné le territoire syrien par peur de réactions hostiles de Damas mais aussi et surtout des factions palestiniennes sous son giron dans un moment où le parti entamait un processus de négociations très complexes avec Israël en vu d'un accord.

     

    Mais finalement, le Hamas a mal joué et ses calculs n'ont pas abouti. En juillet 2013, Morsi et toute la confrérie sont renversée par l'armée et le général (aujourd'hui futur président) Abdel Fattah al-Sissi et le Qatar a connu un très fort recul de son influence dans le monde arabe dans des conflits internes avec les autres pays membres du CCG (Conseil de Coopéraiton du Golfe). Dans le même temps, le nouveau régime dans le pays de Pharaon a entamé une véritable chasse aux sorcières contre les fréristes en réprimant les manifestations, en sanctuarisant la justice pour se permettre de condamner 523 personnes à mort et en pratiquant les arrestations massives. De facto, le mouvement du Hamas se vite retrouvé dans le collimateur de Sissi et de l'institution militaire égyptienne pour ses relations amicales avec les Frères Musulmans et pour sa proximité inquiètante avec les nouveaux mouvements terroristes du Sinaï (notamment Ansâr Beït al-Maqdess), le mont étant en contact direct avec la frontière de Gaza. Cela a entraîné une vaste campagne militaire en Égypte qui a conduit à la fermeture et à la destruction de plus de 90% des tunnels de contrebande d'armes entre l'Égypte et Gaza provoquant une chute massive et dramatique des revenus pour le Hamas.

    Totalement isolé sur le plan diplomatique et financier (en crise actuellement) le Hamas n'a eu d'autre choix que de chercher à se rapprocher de Téhéran à la fin de l'année 2013. Cela s'est traduit par quelques rencontres notamment une à Téhéran. Mais ce fut un rapprochement qui a laissé des marques dans l'idéologie deu Hamas, contraint de faire preuve d'indulgence vis-à-vis des groupes islamistes palestiniens plus radicaux, soutenus par l’Iran, comme le Djihad islamique, dans la bande de Gaza. Or, ces groupes défient ouvertement l’autorité du Hamas et affichent leur ambition de partager le gâteau du pouvoir avec lui. De plus en plus incontrôlables et enhardis par l’ascension des groupes djihadistes dans le conflit syrien, ces islamistes radicaux, dont plusieurs combattent aujourd’hui aux côtés de "l’Etat islamique en Iraq et au Levant" (EIIL), qui s’inspire d’Al-Qaïda, pourraient poser à l’avenir un sérieux défi au pouvoir de ce mouvement.

     

    Questions d'Orient - Le 23 avril 2014


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  • Liban:

    les voeux des hauts placés libanais

     

    Les tribulations vont bon gré alors que le Liban s'apprête à élir un président pour succéder à Sleimar qui a assuré ne pas vouloir prolonger son mandat... Alors chacun fait ses voeux. Mais alors, qui peut actuellement prétendre sérieusement à prendre sa place ? Dans un Liban morcelé dans les différents courants réactionnaires, politiques et religieux, difficile actuellement d'y voir clair alors même que Samir Geagea n'exclut pas un vide présidentiel, terrible scénario pour le Liban en proie à une dérive sécuritaire plongeant le pays dans le chaos sur fond de guerre syrienne et de tensions communautaires.

    Le vice-président du conseil exécutif du Hezbollah, le parti chiite pro-Assad, le cheikh Nabil Kaouk, a déclaré dimanche que son parti est partisan de l'élection d'un président qui serait "craint par Israël". Le mot important du message était le fait que le Hezbollah refuserait un président au Liban si ce dernier se posait en adversaire de la résistance et en adversaire de la Syrie baathiste et assadiste. N'oublions pas que cette déclaration envers l'allié syrien n'arrive pas au hasard: ce week-end, le parlement syrien a annoncé la date de l'élection présidentielle où Bachar al-Assad devrait être réélu.

    Mais ces déclarations interviennent aussi alors que les députés libanais sont convoqués le mercredi 23 avril pour un premier tour de scrutin dans la cadre de la présidentielle visant à élire un successeur à Michel Sleiman dont le mandat expire le 25 mai. "Nous cherchons à assurer l'élection d'un président fort qui serait craint par Israël et que l’État hébreu ne voudrait pas voir au palais de Baabda. Le Liban est à la veille d'un moment d'envergure nationale qui concerne tous les Libanais, et le Hezbollah est très préoccupé par le cours de cette élection présidentielle. Il n'est pas un simple spectateur", a rajouté cheikh Kaouk. Le vice-président de l'exécutif du parti de Dieu a aussi d'appelé ceux qui  "parient sur l'élection d'un président anti-résistance et anti-Syrie" à ne guère espérer de tels résultats d'une élection au Liban, soulignant que "le Liban ne peut tolérer un tel président".

    Cheikh Kaouk a défini le type de président qu'espérait son parti pour pouvoir tenir un Liban en proie aux affrontements:  "président fort" et étant "le plus solide au niveau national et dont l'élection représenterait un message de fermeté et d'invincibilité face à Israël et aux takfiristes".

     

    Cette élection arrive dans un moment de tension entre le président sortant, Michel Sleiman et le parti chiite au Liban notamment sur les questions des moyens de la résistance et sur l'ingérence et le soutien du parti aux troupes du président Assad en Syrie.  Le président a notamment qualifié, dans un discours début mars à l'Université Saint-Esprit de Kaslik, d'"équation en langue de bois", la formule "peuple-armée-résistance" prônée par le Hezbollah pour ces élections.

    Ce à quoi le parti chiite a répondu en me mâchant pas ses mots que M. Sleiman ne savait guère faire la "différence entre l'or et le bois" et requérait des "soins spéciaux". Depuis cette passe d'arme, le chef de l’État libanais multiplie les injonctions à un désengagement du parti chiite du conflit syrien et à la mise en place d'une stratégie de défense avec l'État comme autorité de référence. Ces déclaractions constituent une attaque directe contre les armes du Hezbollah qui sont actuellement placées hors de la tutelle de l’État.

    "Le Hezbollah a pris des positions inappropriées et j'ai fait des remarques que les responsables du parti n'ont pas appréciées", a indiqué dimanche M. Sleiman à l'issue d'une réunion à huis-clos avec le patriarche maronite Béchara Raï avant la messe de Pâques à Bkerké avant d'ajouter que "le président doit préserver la Constitution et la souveraineté du pays et il ne représente aucune partie en particulier", donnant ainsi un avant-goût de ses attentes pour ce changement de président.

     

    Tandis que les fractures idéologiques et politiques divisent et font craindre un vide présidentiel à l'issu des élections, Michel Sleiman a de nouveau rappelé dimanche qu'il refuserait toute tentative visant à prolonger son mandat: "L'extension du mandat de n'importe quel responsable n'est pas démocratique malgré la prorogation actuelle du mandat du parlement".

    Dans le même temps, M. Sleiman a dit souhaiter l'application du programme de Samir Geagea, chef des FL (Forces Libanaises) en affirmant que "le programme présidentiel de Samir Geagea était national et souverain, j'espère qu'il sera mis en œuvre". Par ailleurs, seul Samir Geagea a officiellement fait acte de candidature jusqu'à présent. Ce dernier a fait connaître son programme électoral mercredi.

     

    Mohammad Raad, chef du bloc parlementaire du Hezbollah a mis en garde vendredi dernier contre tout "aventurisme" dans les candidatures à l'élection présidentielle, tout en laissant ainsi entendre que celle du chef des Forces Libanaises pourrait retarder le déroulement de cette échéance.

    Le patriarche maronite Béchara Raï a aussi donné son avis sur la présidentielle, point de vue important sachant le rôle intermédiaire que jouent actuellement les chrétiens au Moyen Orient, souvent pris dans l'engrenage des conflits idéologiques entre sunnites et chiite. Pour sa part, il a exhorté dimanche les députés à se rendre aux séances parlementaires pour permettre l'élection un nouveau président libanais. "Les députés doivent jouer leur rôle et élire un nouveau président. C'est un honneur pour les députés d'élire le chef de l’État", a-t-il rappelé, rejetant toute possibilité d'un vide à la tête du pays lors de son sermon à Bkerké. Le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Monseigneur Élias Audi a lui aussi rappelé, lors de son sermon de Pâques en la cathédrale Saint-Georges, au centre-ville de Beyrouth, l'importance de l'élection d'un nouveau président dans les délais pour que le Liban puisse être remis sur la bonne voie, que les frontières soient sécurisées et que le pouvoir puisse mettre un solide cran d'arrêt à la dérive sécuritaire.

     

    "Le vide est possible si l'autre camp décide d'entraver le processus démocratique ou si les centristes ne veulent pas assumer leurs responsabilités" a déclaré quant à lui Geagea lors d'une interview à la chaîne quatarie al-Jazeera diffusé lundi soir. Le leader des FL estime toutefois que le vide présidentiel ne devrait pas engendrer une situation de chaos sécuritaire.

    Concernant le rapprochement entre le Courant du Futur et le Courant patriotique libre (CPL), M. Geagea a assuré soutenir "les discussions ouvertes entre tous les Libanais" tout en démentant par ailleurs, les informations selon lesquelles les puissances régionales et internationales pousseraient à l'élection du chef du CPL, le député Michel Aoun, en raison de sa proximité avec le Hezbollah qui pourrait permettre la conclusion d'un accord sur les armes du parti chiite. Soulignant ne pas avoir reçu d'indication en ce sens, il attribue ces informations à une campagne médiatique organisée par le parti du 8 Mars.

     

    Questions d'Orient - Le 22 avril 2014


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  • Égypte:

    la nostalgie d'un temps passé

     

    "C’est la profonde ignorance qui inspire le dogmatisme" disait Jean de la Bruyère. Il semblerait que ce soit bien le phénomène qui ronge les université égyptiennes depuis un certain temps, les cours ayant laissé place aux engagements politico-religieux pour faire vivre des partis qui n'existaient pas avant le soulèvement du peuple contre le pouvoir Moubarak.

    Ce qui est frappant quand on parcourt quelques articles de journaux égyptiens et de presses locales c'est la profonde nostalgie de certains face à ces mutations au coeur de l'appareil chargé de former les adultes de demain. Les questions qui émergent pour la génération qui est actuellement celle des professeurs sont: comment les étudiants vivent-ils ces périodes troubles ? Comment appréhendent-ils demain ? Qu'elles peuvent être les ressemblances entre l'université d'hier que ces professeurs ont connu et celle d'aujourd'hui minée par les revendications de tous, et rendue inefficace par les clivages communautaires qui divisent l'Égypte.

    Alors pour rêver encore un peu, on se souvient de ces couloirs d'une université pleinement au service de la patrie (al-watan). On se souvient quand le mot université était celui qui faisait vibrer les jeunes écoliers, quand cette institution était au coeur des parcours de réussite. On se souvient quand les lieux de vie en commun qu'étaient la caféteria, les jardins étaient des lieux de partage tant amicales qu'étudiants pour discuter et réfléchir sur l'avenir. Certains ont aussi en tête les activités sportives et touristiques que proposaient l'université et qui, pour certains étaient aussi le moyen de s'évader vers d'autres lieux qui leur étaient fermés dans une sphère familiale introvertie.

    Je note aussi le regret des professeurs, hier vénérés par leurs étudiants et complices d'ailleurs car ce respect était mutuel et les professeurs ne comptaient guère leur temps quand il s'agissait d'aider ou de discuter avec leurs étudiants. Le professeur était l'homme qui avait réussi, l'homme dont le parcours était à suivre.

    Aujourd'hui, ces hommes tristes de la décadence voient l'université comme le lieu malade du pays et ça n'est d'ailleurs pas complètement faux. Au lieu d'être la figure de l'ouverture du pays à la science, d'être le laboratoire de recherche, fierté d'une patrie, elle est l'arène du combat...mais du vrai combat ! Elle peut être l'arène du mécontentement politique, des clivages religieux mais quand elle devient l'arène des bombes là oui, nous pouvons admettre que son rôle se perd et que son enceinte est pervertie.

    Alors, oui, la bibliothèque, lieu du savoir compilé, les salles de cours et les couloirs se vident de leurs flots d'élèves dans les moments creux. D'autant que, comme le note un certain nombre d'universitaires et de journalistes, la vie universitaire dévie vers d'autres cieux, des cieux bien plus sombres. Les étudiants semblent avoir réinvesti les lieux universitaires pour en faire la facade de leurs manifestations, pour protester ou insulter à tout-va, oubliant et laissant de coté par là le devoir qu'a tout étudiant vis-à-vis de son établissement et vis-à-vis de lui-même. Laissant tomber les bancs de l'université et se laissant tomber lui-même dans des abysses de revendications politico-religieuses, c'est le vivier de l'Égypte de demain qui est en jeu...et nous savons tous ô combien un pays qui sort d'une révolution a besoin du renouvellement des générations pour se structurer !!

    La cause majeure de cette décadence de l'université semble être à lire dans l'inversion des notions notamment due à une confusion entre la formation universitaire, la culture et la religion, cette dernière ayant pris un poids considérable dans l'échiquier des forces en présence depuis la révolution de février 2011 et le retour en force du parti frériste.

    Alors on se retrouve dans une situation où chacun s'essaie à l'argumentation pour défendre son point de vue ou celui de son groupe. La religion contre la démocratie, les Frères contre les laïcs, l'université contre le dogmatisme. Ce sont des notions que certains veulent envisager séparemment les unes des autres car selon eux religion ne doit/peut pas être compatible avec démocratie tandis que d'autres vantent la particularité de la situation égyptienne: en Égypte, la religion c'est plus qu'une simple affaire civilisationnelle, c'est un mode de vie et au vu de la position de la religion dans le pays de Pharaon, la démocratie doit devenir affaire de religion et la religion doit être la parole qui guide l'Égypte vers le futur.

    Je me permettrais de faire part de mes doutes quant aux succès d'une initiative semblable tant cela semble vouer à l'échec. Nous en avons eu l'illustration en Tunisie où le mouvement du rassemblement (Nahda -> Ennahda) n'a pu être assimilé à une civilisation ne voulant ni autoritarisme ni foi.

    Autant dire qu'en Sissi incarnant le renouveau de l'autoritarisme face au terrorisme, et les Frères Musulmans proches d'une doctrine islamiste prônant un pouvoir religieux, rien ne semble coller en Égypte avec les revendications de février 2011. Enterrement des principes d'une révolution ou renouveau pour adaptation aux différentes mouvances qui apparaissent ? Le futur proche devrait parler...

     

    Questions d'Orient  - Le 19 avril 2014


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