• Iran:

    Levinson était un agent contractuel de la CIA

     

    Cheveux blancs et longs, barbe hirsute mal taillée...cette photo d'un homme en tenue orange et semble-t-il en posture d'otage est revenue au gout du jour. Qui est cet homme âgé portant une pancarte tel un condamné à mort avant l'exécution?

    C'est une énigme de dix ans qui vient d'être résolue grâce à la bonne foi de la CIA qui a reconnu la véritable identité de cet homme. Robert Levinson a disparu en 2007 sur l'île iranienne de Kish. C'est un ancien agent du FBI mais rien de plus n'avait vraiment été officialisé. En réalité cet homme est un indic de la CIA, embauché par une certaine Anne Jablonski. A 59 ans, le profil de cet enquêteur privé et ancien de la maison fédérale intéresse les hommes de Langley qui bossent sur les circuits financiers illicites. 

    Alors embauché pour des rapports, Levinson informe ses patrons qu'il connait un homme dénommé Dawoud Salahudin. Il serait américain mais introduit dans le système iranien suite à une poursuite de Washington. Il serait aussi un grand connaisseur des circuits de corruption de la République Islamiste d'Iran. L'affaire semble intéressante. 

    Le 9 mars 2007, Levinson quitte son hôtel de Kish et monte dans un taxi direction inconnue mais rencontre avec Salahudin assurée...ou presque. On ne reverra jamais l'agent. 

    Les services américains ont présenté cela comme la disparition d'un ressortissant en territoire ennemi lors d'un voyage privé. Toujours est-il que des bruits étaient montés du coté des amateurs et connaisseurs des services secrets...étrange affaire leur semblaient-ils. 

    Mais tout était passé. En 2010, la famille avait reçu une preuve de vie, la dernière à ce jour mais les autorités américaines ont immédiatement acheté leur silence pour la modique somme de 2.5 millions de dollars. En échange de la somme, les membres de la famille se sont engagés aussi à ce qu'aucune poursuite ne puisse être déclarée ce qui pourrait ébruiter l'affaire. Les Etats-Unis sont dans une ligne stratégique claire: l'Iran est l'Axe du Mal et doit le rester sans que personne ne puisse savoir que la CIA y fait son petit bonhomme de chemin

    Mais pourquoi autant de précautions de la part de la CIA? Tout simplement parce que jusqu'à peu encore, personne n'était au courant de la véritable identité de l'homme...pas même la Maison Blanche ou sa maison-mère, le FBI. Levinson représentait encore il y a quinze jours, l'otage détenu le plus longtemps de l'histoire du pays. 

    L'Agence américaine aurait commis de graves erreurs de coordination et d'action. L'opération n'avait pas été déclarée et encore moins approuvée par la hiérarchie et personne n'était vraiment au courant des contacts et des rapports de Levinson depuis Kish pour Jablonski. 

    Cette dernière, ainsi que 9 membres de son équipe ont écopé de lourdes sanctions disciplinaires ou bien ont été poussés gentiment vers la sortie sans pot de départ. Alors la CIA a alerté la Maison Blanche, le Congrès et le FBI. 

    "L'enquête sur la disparition de M. Levinson se poursuit et nous sommes tous déterminés à le ramener sain et sauf à sa famille" a déclaré la porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Caitlin Hayden. Pourtant, l'administration américaine a été doublement surprise, déjà d'apprendre l'identité de Levinson en retard puis de voir apparaître l'affaire dans les médias. Cela n'a guère plu, semble-t-il à l'administration Obama. 

    Maintenant que l'Iran pourrait être revenu sur une voie plus pacifique, peut-être peut-on espérer voir rentrer à la maison, un agent officiel de la CIA, même si les termes paraissent oxymoriques. Fin août, John Kerry, secrétaire d'Etat a demandé à Hassan Kahoni et à Téhéran de l'aide pour parvenir à retrouver Levinson. Sur CNN, en septembre, Rahoni a avoué ne pas savoir où pouvait être l'homme. 

    On ne sait si l'agent est encore en vie et ce qu'il a pu se passer depuis cette journée du 9 mars 2007 mais depuis que l'information a été diffusée par la CIA vers la Maison Blanche puis ensuite par les médias, le cas de l'agent est au centre de toutes les préoccupations. Dès le  premier coup de fil historique entre Kahoni et Obama, ce dernier avait déjà évoqué le cas de l'agent. 

    Autant dire que maintenant, la CIA doit recoller les bouts du puzzle pour retrouver son homme, un puzzle déballé il y a 7 ans et dont les pièces sont très très fines... 

     

    Questions d'Orient/ Le 16 décembre 2013


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  • Syrie:

    "le meilleur scénario de la crise" serait une victoire d'Al-Assad

     

    L'affirmation paraît un petit choquante, abérante peut-être alors qu'il y a quelques mois, les Etats-Unis proposaient des frappes militaires contre le régime. D'autant plus que c'est Micheal Hayden, chef de la NSA de 1999 à 2005 puis de la CIA de 2006 à 2009 qui a déclaré craindre la dissolution de l'Etat syrien. 

    La victoire de Bachar al-Assad, président syrien, est selon lui, "le meilleur de trois très, très horribles scénarios". Il fallait oser, il l'a fait. Même si nous n'en sommes pas encore à dire que cette victoire serait une libération, les puissances occidentales pourraient commencer à reconnaître l'absurdité de la gestion de la crise par la rébellion. D'ailleurs, aucun des trois scénarios de la crise n'envisage une victoire rebelle. 

    Pour Hayden, la situation actuelle devient chaque jour "plus actroce" et selon lui, l'actuel scénario très envisagable serait une dissolution totale du pays en une multitude de petits entitées rebelles...un vrai petit royaume de taifas face à la reconstruction d'un pays en ruine et martyrisé. 

    Placé face à au groupe de réflexion Jamestown Foundation, c'est lors d'une conférence sur le terrorisme que Hayden a expliqué les conséquences que cela aurait sur la géopolitique du monde oriental: "Cela signifie aussi la fin (des frontières dessinées en 1916 lors des accords franco-britanniques) de Sykes-Picot. Cela entraînerait la dissolution des Etats artificiellement créés dans la région après la Première Guerre mondiale".
    "Je crains fort la dissolution de l'Etat syrien. Cela provoquerait la naissance d'une nouvelle zone sans gouvernance, au croisement de la civilisation", a-t-il lâché.

    Hayden a déclaré que "La narration, l'histoire dominante de ce qui se passe en ce moment en Syrie est la prise de contrôle par des fondamentalistes sunnites d'une partie significative de la géographie du Moyen-Orient". "Cela signifie l'explosion de l'Etat syrien et du Levant tel que nous le connaissons". Les Etats irakiens, jordaniens et libanais seraient aussi touché. 

     

    Cela intervient dans une phase très critique pour l'ASL (Armée Syrienne Libre). Cette semaine, Washington et Londres ont porté un nouveau coup dur à la rébellion en suspendant leurs aides non létales. Les tensions sont à leur paroxysme entre l'ASL et le Front islamiste qui a fédéré en novembre, sept groupes djhâdistes combattants le régime. Ce groupuscule terroriste s'est emparé il y a peu, de caches d'armes de l'ASL et d'un territoire frontalier avec la Turquie ce qui a entrainé les décisions occidentales. En décembre déjà le Front islamiste a décidé de quitter l'Etat-Major décisionnel de l'ASL, signe fort du morcellement indescriptible qui ruine la rébellion et tend à la décrédibiliser.

     

    Hier, l'Armée du régime a lancé une vaste opération militaire stratégique contre la localité de Adra située sur une route menant à Damas et théâtre d'opération depuis 3 jours. 18 membres pro-régime y ont déjà trouvé la mort selon l'OSDH. Cela fait suite à l'attaque, mercredi, de commissariats militaires et de milices pro-régime (regroupant notamment des civils, indicateurs) par des groupes rebelles. 15 civils ont été tués dans une ville multiconfessionnelles : y cohabitent druzes, chrétiens, sunnites et alaouites. 

     

     

    Les coups sont de plus en plus rudes, les bases vont-elles céder? L'ASL traverse une année compliquée et les combats actuels sont particulièrement éprouvants en raison de la neige épaisse qui recouvre Damas. 

    Toujours est-il que l'ASL bénéficie du soutien américain comme l'a indiqué Chuck Hagel, le secrétaire américain à la Défense. 

     

     

     

    Questions d'Orient/ Le 14 décembre 2013

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  • Moyen-Orient:

    Le coup de projecteur du CCG sur le monde arabe en mouvement

     

    Nous pourrions appeler cela une conclusion générale. Le bilan dressé par les membres du CCG (Conseil de Coopération du Golfe) suite à un sommet ayant eu lieu ces jours et ayant pris fin hier à Koweït est un véritable paranorama de tous les enjeux du Moyen-Orient. 

     

    -> L'affirmation d'une lassitude du conflit syrien

    Les membres du CCG (Arabie Saoudite, Koweït, Oman, Bahreïn, Qatar, les Émirats Arabes Unis) ont dressé une ligne claire et exigeante concernant la crise syrienne. Suite à 33 mois de conflit, les puissances voisines du pays (et qui ont beaucoup d'intérêts en jeu dans cette crise) ont exigé le départ immédiat "de toutes forces étrangères" en lutte actuellement dans le pays. Cela fait écho à la présence avérée de combattants rattachés au Hezbollah libanais aux côtés de l'armée régulière syrienne mais aussi aux conseillers en stratégie iraniens dépêchés auprès du président al-Assad. 

    Dans la dépêche de fin de réunion, elles ont affirmé, avec force, que "les piliers du régime qui ont le sang du peuple syrien sur les mains ne doivent avoir aucun rôle dans le gouvernement de transition et l'avenir politique de la Syrie". Ces pays ont également dénoncé "un génocide du peuple syrien perpétré par le régime à l'aide d'armes chimiques et d'armes lourdes".

    Les monarchies se sont dites toutes très favorables à la participation de l'opposition aux mouvements diplomatiques de transition qui pourraient se mettre en place suite à la conférence internationale de Genève 2. Cette conférence doit réunir le 22 janvier 2014, des représentants du régime de Damas et ceux de l'opposition syrienne pour tenter de trouver une solution diplomatique à la crise actuelle. 

    En revanche, les puissances du Golfe n'ont pas fait mention des problèmes persistants qui divisent de plus en plus les rebelles syriens: plusieurs fronts rebelles ne présentant aucune unité se battent contre le régime mais aussi parfois entre eux. Ces divisions posent un certains nombres de soucis notamment pour tout ce qui touche à la représentation à Genève 2 du front rebelle sachant que c'est le front al-Nostra qui prend peu à peu le dessus actuellement. 

    Face aux accusations de la monarchie wahhabite surtout, le régime de Damas s'est empressé de réagir en montrant du doigt les ingérences des monarchies du Golfe, qu'il a accusées de soutenir "le terrorisme organisé" en "finançant et en fournissant des armes" à la rébellion. Il s'en est aussi pris d'une manière virulente à Riyad qui contribue "en grande partie au meurtre des Syriens et à la destruction de l'État". "Ceux qui ont participé aujourd'hui au sommet au Koweït, et à leur tête le régime saoudien, contribuent en grande partie au meurtre des Syriens, à la destruction de l'État. Leur tristesse à l'égard de la souffrance du peuple syrien n'est que larmes de crocodile", s'est écrié le ministère syrien des Affaires étrangères. Il a considéré que le communiqué final du sommet du CCG "n'est que mensonges et tromperies, écrit par ceux qui ont le sang du peuple syrien sur les mains". "Ceux qui se sont réunis à Koweït n'ont rien à voir avec les aspirations du peuple syrien, qui lui seul détient le pouvoir de choisir ses dirigeants et de former son avenir", a poursuivi le ministère, affirmant que "l'unique solution (au conflit) est politique".

    Autant dire que les relations des pays qui se retrouveront probablement à la même table de négociations le 22 janvier ne sont pas encore d'une immense cordialité. 

     

    -> Une ouverture sur l'Iran

    Bien sûr les intérêts des monarchies pétrolières sont en Syrie mais ils sont en Iran, pays où les choses se bousculent depuis l'accord en novembre sur le nucléaire. Le ministre des Affaires Etrangères, Zarif a effectué de nombreux déplacement dans les pays du Golfe: Oman, Koweït, Qatar et aux Émirats Arabes Unis. Les pays du CCG ont salué la "nouvelle orientation" de l'Iran qui s'est ouvert aux négociations sur certains points sensibles qui étaient source de tensions entre les pays sunnites du Golfe et la République Islamiste d'Iran. 

    Malgré tout, l'Arabie Saoudite qui avait refusé d'accueillir Zarif en déplacement, demande maintenant des mesures concrètes pour affirmer la vérité de ces paroles bienveillantes. 

    Dans le même temps la notice du CCG se satisfaisait de l'accord sur le nucléaire qui a déverouillé un solide boulon diplomatique et géostratégique et a permis à l'Iran de se réaffirmer comme puissance pleinement actrice du jeu géopolitique au Moyen-Orient. Le Conseil a estimé que c'est "un premier pas vers un accord global et permanent sur le programme nucléaire de l'Iran qui suscite les craintes au niveau international et régional". 

     

    -> Et l'Egypte...

    Brièvement mais quand même...il ne fallait pas oublier l'Egypte. Les monarchies pétrolières assurent leur "soutien économique" au nouveau pouvoir qui s'est affirmé depuis juillet en renversant le président islamiste Morsi. 

     

    Questions d'Orient/ Le 12 décembre 2013


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  • Syrie:

    Et si ce dossier des armes chimiques était un nouvel "Irak"?

     

    On ne peut pas dire que les conjonctures syriennes actuelles soit au beau fixe pour les Etats-Unis. On peut même dire que Washington est en train de "pédaler dans la semoule" sur le dossier. Le président de l'OIAC, Ahmet Uzumcu a annoncé hier que les délais accordés pour retirer du pays tous les agents chimiques jugés les plus dangereux auraient du retard. L'accord avait fixé jusqu'à 31 décembre de cette année mais des "problèmes techniques" auraient retardé le déclenchement de l'opération. Malgré tout, le calendrier de destruction des armes défini par la Résolution 2118 du Conseil de Sécurité de l'ONU devrait être respecté. Celui-ci accorde jusqu'à mi-2014 pour achever les destructions. 

    C'est suite aux accusations d'une attaque au gaz sarin contre la banlieue est de Damas, la Ghouta, qui avait failli déclencher des raids armés américains contre le régime en place, que Bachar Al-Assad a accepté de livrer tout son arsenal. 

     

    Une attaque le 21 août dont les circonstances restent très floues et c'est à partir de là que le dossier devient franchement épineux pour les Etats-Unis. Les versions varient. 

    Quelques jours avant l'attaque, le 17 août, le Figaro rapportait que des rebelles syriens faisaient mouvement au sud. 300 rebelles auraient franchi la frontière jordano-syrienne dans la région de Deraa, tout cela épaulé par des commandos israëliens, jordaniens mais surtout, après avoir été entrainés plusieurs mois par des hommes de la CIA dans un camp jordanien. La poussée de ces groupes "d'élite" se serait rapidement fait sentir jusqu'en dans la Ghouta où des membres de l'ASL (Armée syrienne libre) étaient déjà l'oeuvre mais bien impuissants face à la concentration militaire de la ville gouvernementale. David Rigoulet-Roze, chercheur à l'IFAS (Institut Français d'Analyses Stratégiques) :"l'objectif de Washington serait ainsi d'entraîner des opposants pour faire changer le rapport de force face à Bachar al-Assad, sans pour autant intervenir directement, ni armer les rebelles en partie contrôlés par les islamistes radicaux".

    Face à une telle menace, Al-Assad, qui avait fait savoir quelques jours auparavant que face à toute intrusion étrangère dans le pays le régime pourrait face usage d'armes chimiques, aurait pu prendre peur et utiliser le gaz sarin dans cette zone stratégique de Damas. 

     

    Plan des banlieues de Damas

     

    Aucune suite concrète n'a été donnée à cette version. 

     

    Maintenant une autre version nettement plus embarassante pour les Etats-Unis a été livrée le 8 décembre dernier par le journaliste Seymour Hersh, grand vétéran du journalisme d'investigation américain. Il a reçu le prix Pulitzer en 1970 pour son action au Vietnâm et il a contribué, en 2004 a révelé les tortures dans la base américaine d'Abû Ghraïb. 

    Ce dernier a donc publié ce début de mois, un article dans la London Review of Books et autant dire que Washington en prend pour son grade! Le but de l'article est de reconstituer le déroulement des évenements lorsque les Etats-Unis et la France ont voulu intervenir suite à l'annonce d'une attaque chimique. L'affaire avait déjà été très floue notamment suite au retournement brutal du président Obama et sa décision d'attendre avant toute possiblité d'intervention. 

    Cette fois-ci, Washington est accusé d'avoir manipulé des pièces du dossier concernant la possible attaque aux armes chimiques du 21 août qui aurait fait 1400 morts dont une centaine d'enfants. Il semblerait donc qu'on ait voulu modifier ce dossier pour donner une possible légitimité à une intervention américaine contre al-Assad. 

    "Obama n'a pas raconté la totalité de l'histoire", car son administration a "délibérément manipulé les renseignements" en sa possession, assure Hersh. "Le mécanisme de sélection a été analogue à celui utilisé pour justifier la guerre en Irak". A la question qu'il a choisie pour titre de son article – "A qui appartient le sarin ? "–, le journaliste répond qu'il pourrait bien s'agir des rebelles. Il accuse Washington d'avoir "sélectionné les renseignements afin de justifier une frappe contre [le président syrien, Bachar] Al-Assad", reconstruisant a posteriori la conviction de la culpabilité du régime.

    Pour Hersh, ce qu'on aurait refusé de voir et cela découle d'un rapport secret de la CIA, c'est qu'al-Nostra détient totalement la capacité de produire du sarin via un de ses membres: Ziyyad Tarik Ahmed, un ancien soldat irakien grand connaisseur en armes chimiques. 

    Voilà ce qu'écrit Hersh en citant un haut consultant des services de renseignement: "L'administration Obama a transformé les informations en sa possession en termes de chronologie et d'enchaînement des faits, afin de permettre au président et à ses conseillers de faire croire que des renseignements recueillis plusieurs jours après l'attaque avaient été récoltés et analysés en temps réel, au moment même où l'attaque était perpétrée". 

    Après l'attaque, Washington avait affirmé avoir capté une conversation où deux membres du régime syrien interagissent et affirment avoir utilisé le gaz sarin. Etrange...surtout lorsque Snowden, traite des services secrets américains permet la publication le 29 août, d'un rapport secret indiquant que la NSA a perdu tout accès aux conversations entre les membres du régime al-Assad et les commandants militaires. A cela se greffe un autre problème: en décembre 2012, des "capteurs" américains avaient déjà averti de la présence de gaz sarin dans un entrepôt militaire de l'armée syrienne ce qui avait donné lieu à un premier avertissement du président Obama. Pourquoi alors n'ont-ils pas informé immédiatement de l'attaque chimique à la Ghouta? 

    En réalité Hersh indique que le président américain se serait basé sur des conversations enregistrées en décembre 2012 et analysées à postériori. En fait, les américains auraient réinventé l'histoire à partir d'éléments passés...

     

    Comme nous aurions pu nous y attendre, la thèse de Hersh a fait immédiatement l'objet d'une prise de parole à Washington, prise de parole pour démentir cette thèse peu flatteuse pour la première puissance mondiale.

    Qui a raison, qui a tort? Autant de questions historiques qui resteront peut-être sans réponse jusqu'au dénouement de la crise et plus si affinité...

     

    Questions d'Orient/ Le 11 décembre 2013


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  • Syrie:

    Ces jeunes qui veulent vivre le djihâd

     

    Ils se nomment Sammy, Sean, Ismaïl ou Zacharia, ils ont entre 16 et 23 ans et ils sont actuellement dans les décombres des villes syriennes, aux côtés de rebelles et accomplissent leur idéal: le djihâd armé contre "les mécréants". 

    Abdelwahad a perdu ses deux fils, Zacharia 23 ans et Ismaïl 16 ans partis l'un après l'autre se battre en Syrie. Alors ce père de famille belge, loin d'être affilié à des réseaux malseins raconte leur départ. Le plus grand était un garçon sérieux, loin d'être un djihâdiste ou un extrémiste...jusqu'à fréquenter une mosquée où il s'est passé quelque chose... Il semblerait que ce soit le réseau Sharia4Belgium affilié à al-Qaïda qui ait embrigadé son fils. Toujours est-il que le jeune homme a souhaité faire un retrait religieux à Vilvorde durant six jours. A son retour, il voulait mourir en martyr et partir en Syrie. En décembre 2012, sa mère met la main sur un billet d'avion pour la Turquie...un aller simple. Alors dans la famille on le prend en charge et on tente de le raisonner. Son père l'emmenera aussi voir l'imam de la mosquée de Bruxelles qui lui dit que la guerre sainte ne lui apportera rien... Alors ce Zacharia, encore fragile hésite. Le 17 janvier, il part à l'école comme à son habitude. Le soir à 23 heures il appelera Ismaïl, son frère depuis la Turquie. La famille s'engage alors dans une course contre la montre et remonte sa trace jusqu'à Istanbul grâce à l'aide des autorités et le manque de trois jours; il est déjà passé en territoire syrien avec trois autres jeunes belges. La situation est irréelle. Son père ne comprend où il a trouvé l'argent nécessaire...peut-être une filiale directement implantée en Belgique; c'est en tous cas ce dont est persuadé ce dernier. 

    La famille reste malgré tout en contact avec lui grâce aux sms et les nouvelles ne sont pas bonnes...le jeune homme affirme avoir commencé une formation militaire gérée par al-Nostra, la principale organisation rebelle syrienne ayant prêté serment à al-Qaïda. Le 8 mars il réussit même à appeler son père; ses paroles ont de quoi glacer le sang: "Il m'a dit qu'il cherchait le martyre, et qu'il voulait instaurer un califat en luttant contre les mécréants". Son frère Ismaïl, quant à lui très isolé depuis le départ de son frère disparaît le 4 avril de cette année avec Bilal, 15 ans. Il appelera sa famille pour les prévenir qu'ils ont gagné la Syrie pour faire le djihâd...sans jamais avoir été inquiétés par les autorités douanières. 

    Sammy est un cas qui différe par son passé: c'est un jeune homme d'une vingtaine d'année en échec scolaire et social ne parvenant pas à se faire une place dans la société qui l'entoure. Il sera bénévole un temps aux Restos du Tawhid qui distribue des repas aux sans-abris. C'est probablement de là qu'il est embrigadé par une cellule djihâdiste. Les restos du Tawhid sont gérés par Jean-Louis Denis, un wallon soupçonné de faire partie de Sharia4Belgium. Sa mère, Chantal (nom modifié) est désespérée, elle ne peut saisir ce qui a poussé son fils à une telle action. Elle a le sentiment d'une trahison. Et son fils est aussi parti avec Sean, 23 ans. Lui ne reviendra jamais en France. Son corps gît dorénavant dans les ruines d'une maison syrienne. C'est Sammy qui a prévenu la mère de Sean. Il lui a dit qu'il l'avait enterré sur place comme le veut la coutume musulmane. 

    Si les objectifs étaient les mêmes entres les frères Abdelwahad et Sammy et Sean, les profils étaient différents. Les deux frères n'avaient aucun passé de délinquent, étaient en parfaite réussite scolaire. Les deux autres hommes étaient en chute libre: chômage, impression d'abandon... Peut-être cela explique-t-il cet engagement. La mère de Sammy voudrait croire que son fils a emprunté une telle voie car il semblait être enfin reconnu, avoir une place et jouer un rôle...elle aurait préféré bien entendu que ce soit autre part. 

     

    Mais ces jeunes ne sont pas des cas isolés et c'est bien là le problème. Le phénomène est "particulièrement préoccupant" selon M. Valls et son homologue belge. Les deux ministres étaient en effet réunis le 5 décembre dernier pour discuter autour de ce problème. Selon les estimations, il y aurait entre 1500 et 2000 jeunes français et belges qui seraient partis mener le djihâd en terre syrienne contre 600 en juin dernier. La question est: et s'il y avait retour de ces 2000 djihâdistes partis attirés par al-Qaïda dans les pays français et belges... C'est aussi ce qui fait peur à la Russie concernant le cas tchétchène. 

    « Lorsque le conflit a éclaté en Syrie, il était difficile d'agir car il s'agissait d'aller combattre un régime condamné par tous, ce qui rendait les incriminations difficiles », a rappelé Manuel Valls. Aujourd'hui, la situation a changé, souligne-t-il : « La plupart des individus ont fait état de leur volonté de combattre dans les organisations proches d'Al-Qaida. »

    Mais "il n'y a pas de retours massifs" de ces combattants étrangers, a nuancé Joëlle Milquet. "Aujourd'hui nous ne constatons pas de menace directe ou avérée contre nos pays, nos intérêts ou nos ressortissants", a pour sa part reconnu Manuel Valls. "Nous ne devons pas pour autant baisser les bras, car les groupes djihadistes se sont renforcés, et nos ressortissants deviennent dangereux", a-t-il toutefois averti.

    Trois réunions interministérielles ont été organisées ces jours auxquelles ont assisté les ministres de l'intérieur britannique, allemand, néerlandais, italien, espagnol, suédois et danois. Ces réunions avaient toutes pour sujet les profils de ces jeunes hommes que les conjonctures économiques, sociales, politiques, culturelles, idéologiques conduisent à envier le martyre.

    "Il s'agit d'hommes plutôt jeunes, d'origine très modeste, et pour la plupart convertis à un islam radical. Ils ont un passé de délinquance, ont été impliqués dans le trafic de drogue et parfois dans des actes de grand banditisme", voilà le profil de ces recrues selon M. Valls. 

    "Nous devons neutraliser le cyberespace et, sur ce point, les Américains posent un problème à cause de leur premier amendement qui défend la liberté d'expression" a indiqué le ministre français. Il semblerait en effet, que beaucoup de cellules de recrutement passent par le moyen internet pour propager leur idéologie prônant la guerre sainte. Mais les Européens doivent aussi se mobiliser contre les filières qui utilisent des voies d'acheminement physique des combattants qui sont moins surveillés ou traversant des pays laxistes: Turquie, Balkans, Maroc. Ces branches seraient capables d'envoyer une dizaine de personnes par semaine en Syrie. 

    La présence des combattants occidentaux a été confirmée par une vidéo qui a circulé il y a deux mois environ. Cette vidéo montre la décapitation d'un homme par des rebelles; des rebelles qui parlent...un français parfait parfois entrecoupé de paroles en flamands ou avec un sérieux accent belge. 

     

    Vidéo: une bande son uniquement où l'on entend des voix françaises et belges

     

     

    Des Belges ont décapité un homme:

    Attention images choquantes

     

     

    Questions d'Orient/ Le 10 décembre 2013


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